Bruno Le Maire face à son bilan : énervant, forcément…

© Capture d'écran LCP
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Bruno Le Maire en fait-il trop ? Souvent raillé pour ses outrances, comme en 2022 avec ce tristement fameux « Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe », l'ancien ministre de l’Économie et des Finances, auditionné jeudi 12 décembre par les députés de la commission des finances, était attendu sur les circonstances ayant provoqué un dérapage du déficit public. Était-ce faute d’arguments solides ? Au lieu de se contenter de réponses factuelles aux questions posées, Bruno Le Maire s’est lancé dans un réquisitoire violent et tous azimuts contre tous ses adversaires politiques, ces méchants qui auraient préféré des dépenses aux multiples économies qu’il avait proposées…

Flagrant délit de faillite

« Toutes ces économies, vous les avez écartées d'un revers de la main, alors qui êtes-vous pour juger ? », s’est-il emporté, oubliant au passage à qui il s’adressait, ce qui ne pouvait échapper au co-rapporteur de la commission d'enquête, Éric Ciotti : « Nous sommes les représentants du peuple français, et nous exerçons notre mission constitutionnelle de contrôle [...] vous ne pouvez pas dire, aujourd'hui, "Qui êtes-vous pour juger" », ajoutant : « J'ose vous rappeler que vous êtes plus que responsable [de la situation actuelle], vous en êtes comptable. » La maladresse de Bruno Le Maire a incité Jean-Philippe Tanguy (RN) à se charger de la seconde couche : « Je ne sais pas pourquoi vous vous énervez, ce n'est pas un procès politique. On n’a pas besoin de faire votre procès, il y a un flagrant délit de faillite, vous êtes de toute évidence coupable », expliquant qu’il ne s’agissait que de « comprendre comment des gens aussi brillants et intelligents que vous ont pu à la fois tout bien faire et à la fois tout échouer ? »

Au-delà du caractère parfois tragi-comique de ces échanges, que valent les affirmations de Bruno Le Maire ? Les arbitrages sur les économies budgétaires ne relevant, loin de là, de sa seule personne, jetons donc un coup d’œil à deux domaines relevant directement de son ministère et de ses dépendances : l’emploi et l’industrie. Emmanuel Macron et lui-même n’ont, en effet, cessé de se glorifier de résultats éminemment positifs quant à l’amélioration de la situation du marché depuis 2017.

Le Maire, héraut anti-chômage ?

Or, au-delà de la persistance des mauvaises manières des gouvernements précédents permettant un maquillage artificiel des chiffres du chômage (système de comptage, radiations suspectes, sortie des statistiques des chômeurs en formation…), un examen approfondi de la synthèse produite par son propre ministère au sein de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), révèle une situation beaucoup moins florissante qu’annoncé. La DARES constate, certes, pour le 2e trimestre 2024, une stabilité globale de l’emploi et le maintien de 0,3 % de croissance, mais s’empresse de constater des perspectives « dégradées, avec une baisse notable du climat des affaires et de l’emploi ». Si l’on remet tout cela en perspective, cela signifie que les pansements, le célèbre « quoi qu’il en coûte » mis en place pendant la crise Covid, ont limité et retardé la casse économique au prix d’un très fort creusement du déficit budgétaire, mais sans permettre, ensuite, un rebond suffisant et surtout durable. La DARES observe un « ralentissement des créations d’emploi » ainsi qu’une « mobilité accrue des salariés, notamment en CDI », constatant par ailleurs que « les salaires réels progressent moins vite que la productivité ». Traduction : la stratégie de la « start-up nation » s’avère moins créatrice d’emplois que prévu, et surtout d’emplois stables, satisfaisants et durables. Quant au chômage, il baisse, mais peu, finalement, et son taux (7,3 %) reste supérieur aux 6,5 % de la moyenne européenne. Enfin, la DARES constate que – contrairement au discours en vogue à Bercy - les difficultés des entreprises viennent bien plus, désormais, d’une « insuffisance de la demande » que d’une « pénurie de main-d’œuvre ».

Mais le moins crédible des propos tenus par Bruno Le Maire devant la commission concerne sans doute l’industrie. Le « en sept ans, nous avons créé 100.000 emplois industriels, ouvert 600 usines » ne résiste pas longtemps à l’analyse. Le baromètre Trendeo des usines fait un constat plus qu’inquiétant : « Pour la première fois depuis 2015, l’année 2024 devrait compter plus de fermetures d’usines que d’ouvertures. » Sur les six derniers mois, Trendeo a compté près de 260 plans de fermetures de sites, de réductions d’effectifs ou de redressements judiciaires, dont un cinquième s’accompagnant de plus de 100 suppressions d’emplois. Parmi les secteurs les plus touchés, on trouve ceux de la chimie et surtout de l’automobile, notamment plombés par les conséquences de la politique du tout électrique imposé par la commission de Bruxelles, contre laquelle on n'a guère entendu s'énerver le ministre...

Le paradis économique de Bruno Le Maire existe-t-il ailleurs que dans son esprit ?

Vos commentaires

52 commentaires

  1. « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ». Excusez-le, sa langue a fourché, il voulait dire « française ».

  2. Nous voyons là la résultante d’un BLM fidèle successeur des politiques menées ces quarante dernières années par ces pairs et ces petits copains de droite, de gauche et du centre confondus qui fait que la France en est là où nous en sommes, à savoir en faillite, en délabrement dans tous les domaines : économie, sécurité, immigration, politique agricole, éducation, santé, pas un domaine n’est épargné, quarante années d’idéologie, de mensonges, de lâcheté, mais aussi de trahison et d’incompétence paresseuse. Il serait temps que les électeurs qui les ont mis au pouvoir cessent de se plaindre et de se victimiser, qu’ils voient de quoi ils sont responsables en ne se rendant pas aux urnes ou en cédant à chaque occasion aux injonctions fallacieuses d’une classe politique plus apeurée, que soit mise en lumière leurs félonies et leurs mensonges, que convaincus d’une fantasque menace fasciste les poussant à chaque élection à brandir leur pitoyable « front républicain », dont nous avons aujourd’hui à subir les conséquences.

  3. Je ne crois pas en ses enquêtes parlementaires, qui ne sont là que pour faire du spectacle, détourner notre attention, occuper nos yeux..

    Vous voulez vraiment savoir?

    SUIVEZ L’ARGENT. Remontez chaque ligne de dépenses, assurez vous qu’elles coïncides avec des lignes de crédit des destinataires.. Bref UNE VERITABLE ENQUÊTE pour savoir OU est passé l’argent réellement.
    On a vu, par exemple, que MACRON commençait à taper dans la caisse des dons de NOTRE DAME. Pris les doigts dans ce portefeuille, il s’est arrêté dit on. Et un général meurt ensuite dans un accident de randonnée en ARIEGE… voilà voilà.. Cela aurait pu être en haute savoie, sur le massif du mont blanc, mais non.. c’était en Ariège…

    SUIVEZ L’ARGENT…. LE MAIRE est responsable oui. Sa première responsabilité est de signer les chèques, sans jamais s’opposer au donneur d’ordre.
    S’il est coupable de la faillite du pays, j’en connais un autre qui, très dépensier comme il l’a affirmé pour justifier la disparition de son magot NESTLE chez Rothschild, doit s’assurer d’un confortable matelas pour plus tard.. quand il n’y aura plus rien à prendre.

  4. Ce triste personnage en voulant effondrer l’économie de la Russie a mis la France dans le mur la Russie se porte porte mieux que notre pays. Un incompétent !!
    *

  5. A l’observation de notre environnement, nos constatons des fermetures d’usines sans aucune création. Il suffit de lire les journaux régionaux. Prétendre que la réindustrialisation est en bonne voie est une vue de l’esprit. Quant à l’emploi, il se révèle instable, les nouveaux venus privilégiant les conditions de travail c’est-à-dire pas trop d’efforts pour gagner plus, au détriment de l’esprit d’entreprise des années glorieuses. Cet état d’esprit ne pousse pas à l’innovation, le temps perdu en adaptations n’est pas productif. Sans innovations l’outil vieillit, perd de la performance, de la compétitivité et du terrain commercial sur ses concurrents. La France décline. Quant à l’effet « voiture électrique sous batterie » nous n’en percevons que la partie émergente de l’iceberg « pertes d’emplois ». Les fermetures en cascades d’entreprises moyennes et petites sont à venir, les sous-traitants. Mais le thermique fait de la résistance, des innovations pointent leur nez. Ce qui peut amortir la décadence.

    •  » Prétendre que la réindustrialisation est en bonne voie est une vue de l’esprit. » Non, un mensonge. Un fieffé mensonge.

  6. Probablement que cet individu se croyait être le héros d’un de ses « ouvrages » littéraires. Malheureusement, pour nous, la fiction ne devient que rarement réalité. Si’il avait eu quelque compétence en matière d’économie, il n’eût pas embrasser la carrière de professeur de français.

  7. En 2022, c’était un lapsus; il ne voulait pas dire « économie russe » mais « économie française ».
    Il a bien réussi son coup.

    • Non, non. LeMaire a mis les économistes russes à plat-ventre lorsqu’ils veulent lire la côte économique de la France. Pour la Russie, ils ont peut-être besoin d’un escabeau.

  8. Ciotti lui a porté l’estoque, Tanguy l’a achevé. En fin la morgue et le morve ce ce prétentieux lui sont rentrés dans la gorge. Seulement voilà, malgré qu’il soit et responsable et coupable, aucune peine ne sera retenue contre lui. Il aura, pendant 7 longues années (noires) contribué à la faillite de la France et pas seulement en terme de dettes et il s’en sort sans une égratignure. Que la république est bonne et généreuse ; enfin pas pour tout le monde car à l’inverse, Marine Le Pen qui n’a pas volé un iota mais « peut-être » seulement l’a détourné de sa destination première, risque la prison et la déchéance politique par une inéligibilité suspendue au dessus de sa tête, telle l’épée de Damoclès ! Une justice, deux, trois vitesses ! À combien de « justices » assistons nous par ces temps pourris de la démocratie ?

    • Conclusion : Il vaut mieux faire 3 000 milliard de dettes (détournement ?) que de piquer un bonbon. Y’a moins de risque.
      Il faut déposer plainte contre cet escroc.

  9. « Ne pas reconnaître son talent, c’est favoriser la réussite des médiocres » disait Audiard.
    Je m’intéresse à la politique depuis bien longtemps et j’avoue être épaté par l’incommensurable culot de BLM.
    Ce n’est pas sa modestie qui va lui conseiller de faire profil bas et nous ne sommes pas à la veille d’être débarrassés de lui !

  10. À force de confier la barre à des surrintelligents qui nous ont menés dans le mur, je suggère de tenter le coup avec des gens normaux

  11. M. Bayrou, maintenant que vous êtes « aux affaires », que comptez vous faire de b. lemaire et de la dérive de Bercy (voir JO d’hier sur le retrait d’un prêt accordé à une entreprise) ! Une enquête tés serrée sur tous les prêts accodés aux entreprises (covid et « agression » de la Russie sur l’ukraine) s’impose. Pour mémoire, lors des prêts accordés on avait l’identité des entreprises, pour les « rééchelonnement des remboursements on n’a que le n° de dossier !

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