Bruno Roger-Petit recasé « conseiller mémoire » (qui flanche)
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Après avoir dépensé des sommes considérables en cirage destiné à faire briller les chaussures du candidat Macron, Bruno Roger-Petit était parvenu à obtenir le poste prestigieux de porte-parole de la présidence de la République. Un retour sur investissement bien mérité, tant l’étalage de pâte à reluire avait été généreux.
Le virtuose en produits d’entretien coulait des jours heureux dans un bureau de l’Élysée jusqu’à ce jour fatal où il lui fut demandé de faire démonstration de ses talents dans la fonction qui lui avait été offerte. Roi de la brosse mais piètre porte-parole. Sa prestation quelque peu pauvrette dans l’affaire Benalla lui fit goûter les joies du placard. Déterminé à ne pas avoir fait tous ces efforts pour rien, Bruno Roger-Petit attendait patiemment que lui soit désigné un autre endroit où s’asseoir.
Emmanuel Macron qui, paraît-il, rechigne à se débarrasser des encombrants, ne savait que faire de l’olibrius. Homme-pipi, vestiaire, chargé des chargements, portier du porte-parole… Après des semaines de recherches approfondies, d’engueulades et de réunions houleuses, la solution a enfin été trouvée : Bruno Roger-Petit remplace un certain Sylvain Fort au poste nébuleux de « conseiller mémoire ». « Post-it® » officiel de l’Élysée. Entre autres tâches : rappeler au Président qu’il n’oublie pas d’humilier un retraité, un chômeur ou un lycéen lors d’un bain de foule. Le job n’est pas de tout repos.
Première mission sérieuse : accompagner le Président dans son déplacement à Colombey-les-Deux-Églises pour le soixantième anniversaire de la Constitution de 1958. Bruno Roger-Petit suit le Président, livre d’histoire en main. « De Gaulle, prénom Charles, né le 22 novembre 1890. C'est bientôt son anniversaire ! Heu… Ah non, il est mort… » Pardonnons au débutant ces quelques petits cafouillages, d’autant plus que le calendrier s’annonce chargé.
Le tout nouveau « conseiller mémoire » va devoir s’occuper des futures entrées au Panthéon, de la préparation du cinquantenaire de la mort du général de Gaulle (maintenant qu’elle est établie) et de l’anniversaire de l’appel du 18 juin. Les mauvaises langues diront que si Bruno Roger-Petit est aussi brillant à ce nouveau poste qu’à l’ancien, il y a fort à parier que l’anniversaire du 18 juin ait lieu au mois de janvier. Et pourquoi pas. L’homme a les capacités de se montrer créatif dans la commémoration. Organiser un cinquantenaire de Charles de Gaulle avec des « drag-queens » est à sa portée.
« L’art français, je ne l’ai jamais vu », déclarait le candidat dans un meeting de campagne électorale… « J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien. » Bruno Roger-Petit devra prendre soin de diffuser cette chanson de Jeanne Moreau en continu dans son bureau s’il veut prendre la pleine mesure du travail qui l’attend.
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