Budget : le Parlement favorable à la fin du SNU, trop cher et peu efficace

© École polytechnique - J.Barande
© École polytechnique - J.Barande

À l’Assemblée nationale et au Sénat, les parlementaires ont voté, en commission des finances, pour la suppression du service national universel (SNU). Au palais Bourbon, c'est la gauche qui a porté le coup fatal à ce programme. Ils ont plaidé en faveur de la réaffectation de 128.000 euros, initialement alloués au SNU dans le secteur du sport amateur. La chambre haute, réunie à huis clos, a opté pour une diminution de 100 millions d'euros des crédits réservés au SNU. Cette décision a été validée à l'unanimité, moins deux abstentions.

Dans l'immédiat, ces votes n'ont pas d'incidence : l'amendement sera de nouveau présenté en séance publique par le Sénat, au début du mois de décembre, lors de l'examen du volet « dépenses » du budget. Le SNU, promesse de campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017, a vu le jour en 2019. Adressé aux jeunes volontaires entre 15 et 17 ans et composé d'une mission d'intérêt général ainsi que d'un séjour de cohésion, le service national universel avait pour vocation de devenir obligatoire pour toute une classe d'âge. Cette généralisation, concernant près de 800.000 jeunes, annoncée par Gabriel Attal pour la rentrée 2026 a été abandonnée, faute de moyens, selon le ministre des Sports et de la Jeunesse Gil Avérous, au micro de Sud Radio.

Le SNU : un gouffre budgétaire qui n'atteint pas ses objectifs

Cette suppression intervient dans un contexte de difficultés croissantes pour le SNU. En septembre, la Cour des comptes a publié un rapport analysant les points de faiblesse de ce projet ayant pour vocation de remplacer le service militaire. Elle pointe du doigt, entre autres choses, les coûts difficilement évaluables, mais en tout cas conséquents que représente sa mise en place. Au total, les dépenses représentent entre 3,5 et 5 milliards d'euros par an. Pour l'année 2022, il a fallu compter près de 2.900 euros par jeune, et ce, uniquement pour la première phase du SNU, la totalité du service national universel étant composée de trois phases.

Outre le budget pharaonique que cela représente, le rapport souligne que les objectifs quantitatifs de jeunes accueillis n'ont pas été atteints. En 2023, les jeunes volontaires inscrits au SNU ne sont que 63 % de la cible initialement visée. La Cour des comptes explique ce manque d'engouement par des « attentes diverses et contradictoires ». La communication ambivalente à destination des jeunes vend à la fois une colonie de vacances et un camp de formation militaire. Finalement, quelle que soit l'attente des volontaires, personne n'y trouve pleinement son compte et tout le monde en ressort un peu déçu.

La gauche et la droite sceptiques

Le verdict rendu par le rapport de la Cour des comptes est sans appel : « Le SNU affiche des ambitions multiples dont la vocation échappe encore à de nombreux acteurs. Les objectifs les plus souvent mis en avant, la mixité sociale et l'engagement n'ont pas été atteints. Le taux de satisfaction des jeunes volontaires, bien réel, doit être relativisé. » Et pour cause : sur le terrain de la mixité sociale, le défi n'a pas été relevé. Une part très importante des jeunes volontaires sont issus de foyers où l'uniforme fait partie du paysage familial, toujours selon les analyses statistiques de la Cour des comptes : 26 % des jeunes ont au moins un de leur deux parents ayant travaillé dans l'armée, la police, la gendarmerie ou les pompiers, pour l'édition 2023 du SNU. L'objectif d'inclusion n'est donc pas atteint, ici non plus. De plus (BV l'avait mis en lumière), la formation citoyenne n'a pas toujours été efficace lors de ces séjours, pourtant mis en place dans ce but précis : jeune homme tabassé, usage de drogue douce, Marseillaise huée...

Dans un contexte de restriction budgétaire, la remise en question du maintien de cette nouveauté macroniste, tapant à côté de chacun de ses objectifs fixés - le tout à prix d'or -, était donc de mise. Si la gauche a voté pour sa suppression à l'Assemblée nationale en l'absence des élus de droite, selon les dires du député LFI Éric Coquerel, il semble que le Rassemblement national ait toujours émis une certaine réserve à l'égard de ce projet. En 2018, déjà, le parti à la flamme dénonçait « ce qui aurait pu être au départ une bonne idée [ mais qui a été ], une fois encore, totalement dévoyé », considérant le SNU comme « ni suffisant, ni satisfaisant ». D'un bout à l'autre de l'Hémicycle, la promesse de 2017 faite par une majorité aujourd'hui disparue est proposée pour passer dans les coupes budgétaires nécessaires annoncées par le gouvernement Barnier.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Le SNU, à inscrire parmi les centaines de ratés de Macron. Par contre le VRAI service militaire n’aurait jamais dû être supprimé. Au moins pendant ce temps là les jeunes ne tenaient pas un point de deal de drogue. C’était toujours ça de gagné.

  2. Bonne pioche .. tous les militaires de la gendarmerie qui ne marchent pas sur la tête avaient dés la première promo évoqué et dénoncé cette fumisterie d’opérette ..seuls les réservistes bien payés dont les officiers de réserve y trouvaient un intérêt…

  3. Encore une idée farfelue de Macron…qui a virée à l’échec!…. ce type ne réalise jamais quelque chose de concret qui marche….

  4. Le SNU pouvait relever d’une bonne idée, abandonnée en chemin… C’est devenu une autorisation à fumer le chichon ou pire sous un «  »uniforme » » confié par l’Etat… Mieux valait en effet supprimer ce truc mal pensé. Et même si ça ne sert plus à rien, il y a un responsable qui a tout ruiné, un certain Jacques Chirac – où est passé le service militaire ? Moyen d’intégration dans la société française…

  5. Je souscris pleinement à la conclusion émise par Coq04 dans son commentaire de ce matin.
    Par ailleurs, une suggestion de remplacement a été formulée par Luc Ferry à la page 2 du Figaro du 31/10. : « un service civique » d’ « interêt général » (???)

  6. Coquerel qui remet les choses en place en disant  » ce qui aurait pu être au départ une bonne idée [ mais qui a été ], une fois encore, totalement dévoyé », considérant le SNU comme « ni suffisant, ni satisfaisant » disait en 2018 le RN, cela mérite d’être souligné qu’un LFI le dise.

  7. Je me pose vraiment la question, le fait d’avoir supprimé le service militaire n’est-ce pas la cause du manque total de respect pour notre pays aujourd’hui ? Même si j’ai vraiment milité pour l’arrêt du service militaire, je me demande, si on l’avait maintenu, si les banlieues seraient dans l’état actuel ? Les jeunes majeurs seraient sous les drapeaux et pas entrain de dealer. Penser à l’avenir avec cette interruption d’un an de votre vie obligerait à penser autrement. Bref, n’avons nous pas fait une grave erreur.

  8. Echec du « enmêmetemps ». On a voulu refaire un service national (énergique) mais en restant dans le monde bisounours.. Ce système ne sera efficace QUE, d’une part s’il est obligatoire pour tous, d’autre part, s’il y apprend (entre autres) la discipline et le respect de la hiérarchie et de l’ordre (valeurs militaires). Tout autre système coûtera cher et sera voué à l’échec.

    • Le service militaire obligatoire devrait être remis au goût du jour.

      Il y avait du bon : le sens du devoir, la valeur du travail, apprendre la vie en communauté, la discipline.
      Celà ferait pas de mal à certains jeunes adultes!!

  9. Il était évident dès le début que ça couterait beaucoup et ne servirait à rien. Il ne concernait que les volontaires; donc ceux qui en avaient le moins besoin. Et il avait l’ambition in fine de donner en quelques semaines une formation citoyenne que l’éducation nationale était incapable de leur donner en 10 ans.

  10. Le SNU de Macron ne sert à rien , ce n’est pas un engagement citoyens car quelques jours dans une association cela coute très cher à l’Etat , les jeunes n’apprennent rien !
    Par contre il faudrait au moins une période de trois mois avec des militaires , des pompiers ou gendarmerie et police d’Etat pour leur apprendre l’obéissance, le respect et les lois fondamentales !

  11. Le SNU était une bonne idée, mais il aurait été souhaitable – si l’on en avait eu les moyens – de le doubler d’un service obligatoire et musclé pour les moins de 18 ans condamnés pour crime et délits. Mais nous sommes, parait-il, dans un État de droit, lui même dans un état de déconfiture autant moral que financier.

  12. Les populations qui auraient le plus besoin du SNU sont celles qui sont le moins volontaires pour l’accomplir. Le SNU n’a de sens que si il est obligatoire pour tous et comme l’Etat ne disposera jamais les moyens énormes que cela implique, autant le supprimer et nous ferons des économies.

    • Entre autres raisons pour supprimer le service militaire, il y avait celle-là : la difficulté grandissante d’y faire venir et d’y maintenir les racailles . C’était une reculade mais de Chirac, ça n’a rien d’étonnant .

  13. Un SNU basé sur le volontariat ne sert à rien puisque ce sont les racailles des banlieues qui devraient être obligés de s’engager

  14. tel que fait actuellement est inutile, il aurait fallu laisser le service militaire mais le réduire de 1 an à six mois avec une formation uniquement militaire pour éviter en cas de conflits qu’ils arrivent la fleur au fusil sans savoir l’utiliser.

    • Justement il y a une partie de la population qu’on ne souhaite pas former pour faire la guerre, mais dans l’armée on a tendance à s’en méfier.

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