Le burn-out : maladie du salarié ou de l’entreprise ?
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Le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel, dont on parle à nouveau actuellement regroupe plusieurs symptômes tels que la perte d'énergie, l’incapacité de faire face aux tensions, le manque de motivation, la fatigue physique, des troubles du sommeil ou des somatisations diverses, souvent associés à des états dépressifs pouvant aller jusqu’au suicide. Ces pathologies toucheraient près de trois millions de salariés à des degrés divers.
Très récemment, madame Agnès Buzyn, ministre de la Santé, estimait, sur LCI, bien connaître le burn-out des équipes médicales, notamment dans les hôpitaux, mais elle affirmait aussi que le burn-out n'était pas une maladie mais un ensemble de symptômes, et qu’il était donc très difficile d’en faire une maladie professionnelle.
Effectivement, les symptômes du burn-out étant très variables, le diagnostic est très difficile ; les signes ressentis par le malade sont pour la plupart subjectifs, donc difficilement vérifiables et souvent multifactoriels.
Ainsi, certaines pathologies prises isolément sont indemnisées par la Sécurité sociale alors que si elles entraient dans le cadre plus général d'un syndrome dont on pourrait attribuer la cause au travail, leur prise en charge se ferait dans le cadre des maladies professionnelles dont le financement incombe aux employeurs. Cette indemnisation spécifique peut être une difficulté supplémentaire dans la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle ; pourtant, pour certains spécialistes du droit du travail, cette reconnaissance aurait deux avantages : elle inciterait les entreprises à agir préventivement pour éviter d’avoir à payer des cotisations onéreuses et ferait supporter le coût social de cette maladie par les entreprises qui en sont réellement à l'origine sans pénaliser les autres.
Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, sous réserve cependant de pouvoir formellement identifier cette maladie et de la rattacher à des conditions de travail particulièrement pénibles ou agressives.
Mais où situer le curseur, et doit-on réserver le burn-out aux seuls salariés ?
Pour certains, la souffrance psychique est la conséquence d’une faute de l'employeur qui doit donc prendre en charge la réparation, comme l’estime Morane Keim-Bagot dans Le Monde du 29 octobre.
Hélas, les causes et les conséquences de la souffrance psychique sont diverses et variées, il paraît donc à peu près impossible d’en faire une entité pathologique précise, facilement identifiable et imputable à l’employeur.
Plutôt que de chercher à définir médicalement le burn-out pour pouvoir éventuellement l’indemniser, ne serait-il pas plus facile d’identifier statistiquement les établissements dans lesquels les employés présentent un ensemble de symptômes pouvant évoquer une étiologie propre aux conditions de travail, et essayer d'agir à ce niveau ?
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