Bzzz bzzz bzzz, les abeilles ! Montebourg fait son miel
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On l’a connu avocat, député, porte-parole de Ségolène Royal, président du conseil général de Saône-et-Loire, ministre du Redressement productif et finalement viré par Hollande avant de se prendre une gamelle à la primaire de gauche en 2017.
Arnaud Montebourg est un homme qui s’aime, jouant longtemps les jeunes premiers de la politique. Belle gueule, grande gueule, toujours hâbleur, toujours frondeur. Une posture risquée, le temps passant : on se fait toujours ravir la vedette par plus belle et grande gueule que soi…
Sans avoir redressé la productivité française, Arnaud Montebourg s’est néanmoins forgé une figure : celle du Français le plus français, slip tricolore sous le pantalon et marinière au-dessus. Il faut reconnaître que ça lui allait plutôt bien (le haut ; pour le reste, je n’en sais rien). L’homme ne résiste jamais à une mise en scène, quitte à trop en faire, comme ce jour où, à sa fête de la Rose à Frangy-en-Bresse, il lance à la cantonade : "Je vais lui envoyer une bonne bouteille de la cuvée du redressement, au Président !"
La politique, ça mène à tout, c’est connu, à condition de savoir en sortir. On ne sait pas si Montebourg s’en sort bien, mais en tout cas il le fait savoir.
On a donc su qu’il faisait une formation à l'INSEAD, à Fontainebleau. Une prestigieuse école de management où des candidats du monde entier viennent chercher un MBA qui leur ouvrira les portes des entreprises internationales. Accueilli par les caméras et les sourires amusés des étudiants, Arnaud Montebourg n’a passé qu’un mois à Fontainebleau. Puis on l’a vu chez Conforama, chez Talan, et voilà maintenant qu’il fait son miel.
Dans un communiqué adressé à l’AFP mercredi, il nous a donc avisés du lancement de "Bleu Blanc Ruche, une marque “de combat en faveur du repeuplement des abeilles”". Soit un miel « d’origine France garantie » et une école d’apiculture pour former ses futurs récoltants.
Bleu Blanc Ruche "va acheter du miel à des apiculteurs français à un prix supérieur au marché, en contrepartie de quoi ceux-ci s’engagent à eux-mêmes repeupler, c’est-à-dire à augmenter leur cheptel", explique Montebourg. Et pour le respect des règles, c’est Apidis, le géant de la filière, qui sera chargé du contrôle qualité, du conditionnement et de la distribution du miel. Enfin, l’Association française de normalisation (AFNOR) certifiera que le miel est d’origine France.
Gaudeamus ! se dit le Français au bec sucré, voilà une belle et bonne initiative en faveur de nos amies les abeilles ! En effet, argumente Montebourg, ce projet répond à "un problème de société : la disparition des abeilles mellifères", lesquelles sont nécessaires à la pollinisation sans laquelle "vous perdez les fruits, les légumes auxquels les humains sont habitués". Or, les abeilles disparaissent à la vitesse grand V, exterminées par les pesticides dont la France, rappelons-le au passage, est la troisième consommatrice au monde derrière les États-Unis et l’Inde !
Montebourg serait donc un bienfaiteur de l’humanité. Sauf qu’à lire les scientifiques et autres spécialistes de la disparition des espèces pollinisatrices, la chose est bien moins évidente qu’il y paraît. Pour résumer : l’élevage intensif d’abeilles domestiques peut même se révéler catastrophique pour les autres insectes pollinisateurs, dont les quelque 1.000 espèces d’abeilles sauvages qui tentent de survivre en France. Or, ceux-là assurent 80 % de la pollinisation, mais voilà, les pollinisateurs sauvages ne font pas de miel et n’ont, de ce fait, aucun intérêt économique… sauf qu’ils garantissent le rendement de près de 75 % des cultures agricoles, soit une rente de 265 milliards de dollars par an au niveau mondial.
Derrière Bleu Blanc Ruche, il y a la SERAF, Société d’élevage et de repeuplement des abeilles de France, dont Arnaud Montebourg est actionnaire à 35 %.
Alors, qui c’est qui fait son miel ?
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