Ça commence à se voir…

Maryam Pougetoux, vice-présidente du syndicat étudiant Unef, auditionnée à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 2020
Maryam Pougetoux, vice-présidente du syndicat étudiant Unef, auditionnée à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 2020

« Collabos, collabos, collabos ! » C’est le cri repris longuement par des manifestants lors du rassemblement, place de la République, le 18 octobre dernier, en hommage à Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie décapité par un islamiste tchétchène réfugié en France.

Que peut justifier cette insulte surgie du fond des heures les plus sombres de notre histoire ? C’est la réaction spontanée d’une partie de la foule lorsque Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, monte à la tribune – qui l’a invitée ? - pour s’exprimer. Elle terminera à grand-peine un court discours, presque inaudible sous les cris de la foule.

On a remarqué avec un certain étonnement la vitesse quasi supersonique avec laquelle les organisations syndicales et les associations étudiantes ont pris la main sur l’hommage rendu dans toute la France à Samuel Paty. La fébrilité des communiqués lénifiants – pour la liberté, contre la terreur, « nous sommes attachés à la liberté d’expression, nous refusons les logiques extrémistes et obscurantistes » - en aura donc fait tousser plus d’un. Et pour cause !

Prenons l’exemple de l’UNEF et de sa présidente, Mélanie Luce. Cette dernière, selon Libé qui lui avait consacré un long portrait en 2019, est, au sein du syndicat, la « tête de gondole d’une tendance majoritaire peuplée d’Insoumis ». Celle qui se flatte d’être « la première présidente racisée de l’UNEF » déplore, par un « en même temps » d’anthologie, qu’il y ait « toujours des mecs qui m’abordent en me demandant d’où je viens, si je suis métisse ou arabe, qui me renvoient à ma couleur de peau ». Couleur de peau qu’elle tient de sa mère, guadeloupéenne, donc française. Le 10 novembre dernier, elle participait à la manifestation parisienne contre l’islamophobie lancée à l’appel, entre autres, du CCIF, du NPA et de l’UNEF.

La proximité, au moins idéologique, de l’UNEF, ce « syndicat de talibans », dixit Pierre Jourde, universitaire ancien membre de l’UNEF, ce « groupuscule communautariste anti-Blancs » (la journaliste Alba Ventura, sur RTL), avec le CCIF est évidente. Plus largement, cette mouvance islamo-gauchiste tente par tous les moyens (harcèlement, intimidation, procédures judiciaires) de poser une chape de plomb définitive sur l’école, l’université et la recherche. Ce fut la stratégie déployée contre le malheureux Samuel Paty. L’islamophobie joue, aujourd’hui, le rôle dévolu à l’antiracisme dans les années 80, celui d’un cheval de Troie dans la société française : « L’islamisme a infusé dans les structures islamiques bien sûr, comme les mosquées, mais aussi dans les associations, dans les universités, dans les entreprises, dans les commerces, sous couvert de culture, de mode et de style de vie. Et qui n’adhère pas à ce séparatisme culturel est taxé d’islamophobe », explique l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler dans les colonnes d’Atlantico.

Ce qui est en jeu n’est pas la liberté d’expression ou la laïcité : analyser le drame qui s’est joué près de Conflans, la semaine dernière, c’est emprunter un logiciel des années 80 pour déchiffrer la lutte à mort qui se joue sous nos yeux entre la vieille Europe et un islam conquérant, qui monte en puissance. Et la mouvance islamo-gauchiste dont l’UNEF est un épigone est, au mieux, l’un des idiots utiles de ce combat. En effet, dans cet Occident à bout de souffle et de valeurs, les deux composantes de cette tendance, sous « l’influence d’autres théories de la fabrique des identités, qui a abouti à des “idéologies bulldozers” caricaturales et culpabilisantes, comme l’intersectionnalité ou le néo-féminisme », mutualisent leurs combats. Ces idéologies, poursuit Florence Bergeaud-Blackler, « réduisent les êtres humains à la combinatoire de trois variables - sexe, race, classe - et combattent l’“Occident” accusé d’être responsable des malheurs du monde ».

Jack Lang, Lionel Jospin, Manuel Valls, Alain Bauer, Jean-Christophe Cambadélis et tant d’autres sont passés par l’UNEF, la « pouponnière du Parti socialiste », comme on disait alors.

Aujourd’hui, ils considèrent avec effroi le monstre qu’ils ont contribué à enfanter.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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