Comment ça, vous n’avez pas été harcelée ?

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Mon Dieu, mon Dieu… mais, au fait, n’est-il pas aussi suspect de sexisme, Celui-là, qui a osé doter l’humanité souffrante d’une Vierge mère ? Je me demande s’il ne faudrait pas aussi le dénoncer aux nouvelles ligues de vertu…

Pardonnez-moi, lecteurs, je me laisse aller à l’outrance, mais ce concert de pleurnicheries tartuffesques et de surenchère dans la dénonciation du « harcèlement sexuel » commence à grandement m’exaspérer. Sans parler de l’avenir sinistre que cela nous promet, un monde où chaque geste et chaque propos sera codifié, où l’on mesurera si le bon écart est respecté dans la rue entre mâles et femelles et où tout compliment pourra vous valoir un ticket pour le tribunal, comme c’est déjà le cas aux États-Unis.

États-Unis où les cas d’agressions sexuelles (des vraies, celles-là !) et de viols sont en augmentation croissante sur les campus ! Cherchez l’erreur.

Se gardant bien de rappeler des chiffres qui fâchent, France2 nous offrait ainsi, ce week-end, un petit reportage sur le comportement de ces Américains que nous ferions bien, paraît-il, d’imiter. Au pays des Amish et de Donald Trump, donc, les couples ne se tiennent pas par la main dans la rue. On évite de se frôler et l’on doit en toute circonstance garder une distance de sécurité quand on s’adresse à l’autre sexe. Les réunions se tiennent dans des salles vitrées pour que chacun puisse voir ce qui s’y passe et pas un homme ne reçoit une femme en entretien sans qu’un tiers (une tierce, en l’occurrence) n’y assiste. Pas question de faire un compliment sur la toilette ou la coiffure sans risquer le procès, et tout jeune homme qui souhaiterait aborder une relation plus intime avec une demoiselle doit demander l’autorisation à chaque étape : puis-je te toucher la main, le bras, t’embrasser sur la joue, te mettre le petit doigt dans l’oreille, etc.

Comme c’est spontané ! Comme c’est romantique !

Je parlais, samedi, avec un ami américain, justement, qui enseigne la littérature française dans une université du nord-est. Il rigolait, rappelant qu’il y a encore vingt-cinq ans, toute étudiante qui, durant ses études, n’avait pas été la maîtresse d’un prof passait pour une cloche. Il leur fallait alors se battre pour éviter les pièges…

En codifiant tous les rapports, l’Amérique ultra-puritaine aurait donc nettoyé la société de toutes ces turpitudes… et peut-être fabriqué en contrepartie des générations de malades sexuels ! Car les chiffres sont effarants et ont été, ces dernières années, un sujet de préoccupation de la Maison-Blanche. Les voici :
– 1 jeune fille sur 5 est victime d’une tentative d’agression sexuelle ou d’un viol au cours de sa scolarité ;
– 80 % des étudiantes violées connaissent leur agresseur ;
– selon une étude du Bureau de Justice américain, il y a 35 agressions sexuelles pour 1.000 étudiantes sur une période de six mois. Facteur très aggravant : l’alcool, puisque 74 % des agresseurs et 55 % des victimes étaient sous son emprise au moment de l’agression. En conséquence de quoi l’administration Obama a, en 2014, placé 55 universités sous surveillance fédérale afin de voir comment sont gérées les plaintes pour viol au sein de leurs campus.

Voilà donc notre modèle. Édifiant. Et depuis quinze jours qu’est sortie l’affaire d’un obsédé sexuel nommé Weinstein, on nage en plein délire. On balance à tout va, chacune y va de sa petite histoire et de son gros porc. Jusqu’à notre ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui se plaint dans un entretien au JDD des affreuses histoires de carabins dont l’inspiration très « bites-couilles » est en quelque sorte la marque de fabrique.

Et là, je vous le demande, si les histoires de grands patrons et d’accortes infirmières nues sous leur blouse doivent toutes finir au tribunal, que va-t-il rester à la collection Harlequin pour faire rêver les jeunes filles ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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