« Ça suffit ! » : le ras-le-bol des populations contre le tourisme de masse
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Depuis quelques décennies, certaines capitales et grandes villes européennes ont cru pouvoir trouver leur salut économique dans le « tout-tourisme ». Elles n’ont fait que vendre leur âme au diable, car si les touristes affluent, les caisses très souvent restent vides.
Prises au piège de leur succès, ces municipalités voient aujourd’hui leurs populations sacrifiées, souvent au profit de groupes financiers internationaux qui, avec la complicité des politiques, ont fait main basse sur un patrimoine devenu parc d’attractions… À tel point qu’on a entendu des touristes demander à Venise « les horaires de fermeture », non pas des monuments mais bien de la ville !
Après Venise, donc, Barcelone et Dubrovnik (les plus touchées), c’est aujourd’hui Amsterdam qui crie « Assez ! » Assez des hordes avinées, de ces "visiteurs [qui] voient Amsterdam comme un parc à thème géant", ont confié habitants et élus au Guardian.
Pendant des années, nous avons encouragé les développeurs immobiliers à construire des hôtels, et notre équipe marketing a fait le tour du monde pour vanter Amsterdam comme destination touristique. Nous avons conscience désormais que nous devons reprendre le contrôle. Notre stratégie marketing a consisté à dire aux gens de venir à Amsterdam. Désormais, nous voulons leur dire “Venez, mais soyez respectueux”,
dit un conseiller municipal.
Surtout, Amsterdam s’est vendue comme la ville sans tabous ni retenue, celle où drogue et prostitution sont un commerce ordinaire. Résultat : "De nombreux touristes se déchaînent. Ils font ici des choses qu’ils ne feraient même pas en rêve chez eux."
Mais peut-on revenir en arrière, sachant que le tourisme européen génère 400 milliards de dollars par an ? La question de fond est de savoir qui en profite. Les politiques et les mafias assurément, mais pas les populations qui sont chassées de chez elles au profit d’un tourisme de masse – et souvent de beuverie – encouragé par l’explosion des compagnies aériennes à bas coût et des locations Airbnb.
Depuis 1950, le nombre d’habitants du cœur historique de Venise est ainsi passé de 175.000 à 55.000 et il ne cesse de baisser. Si aucun officiel ne veut donner le nombre de touristes, ils sont estimés trente millions par an, dont la plupart ne passent qu’une journée dans la ville où ils sont maintenant déversés par des monstres des mers, ces immeubles flottants qui ravagent la lagune.
À Barcelone, on comptait trois millions de visiteurs en 2000, dix millions aujourd’hui. À Dubrovnik, qui d’avril à octobre accueille dans ses murs près de deux millions de touristes, le "tissu social" a été totalement bouleversé. Un guide touristique gagne maintenant plus qu’un universitaire et une femme de ménage plus qu’un enseignant. Et le maire, heureux que sa ville soit devenue "le plus grand studio de cinéma à ciel ouvert du monde", s’enorgueillit que Coca-Cola l’ait gratifiée d’une bouteille collector : il est ainsi entré dans la cour des grands !
Ces villes sont désormais gérées comme des hôtels. Les professions intellectuelles et artistiques les fuient pour laisser place aux « services » et aux seuls commerces de souvenirs. Alors à Venise, à Barcelone, à Amsterdam, les populations locales commencent à se révolter contre ce business qui les chasse de leur monde, les prive de leur histoire… On voit de plus en plus ce slogan fleurir sur les trottoirs : "Tourist go home!"
Alors, Français, prenez garde car c’est ce modèle économique dont rêvent nos bobos de la mairie de Paris. C’est le fantasme d’Anne Hidalgo, le Graal vers lequel elle aspire avec ses Gay Games, ses bois pour naturistes, ses pistes cyclables sans cyclistes et ses Jeux olympiques.
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