Ça y est, le pli est pris : au premier dingue dans la nature, tous confinés !

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Le maire du Lardin-Saint-Lazare l’a dit, lundi matin, à 8 heures, sur France Bleu Périgord : « La mairie a rendez-vous avec le préfet ce lundi matin pour organiser la vie "confinée". » Et donc, à compter de ce jour, les écoles du secteur sont fermées : deux au Lardin, celle de la Bachellerie et celle de Condat. Il n'y a pas de transports scolaires. Les entreprises du secteur sont appelées également à rester fermées. Les routes menant au Lardin-Saint-Lazare sont coupées et des déviations mises en place.

Tous bouclés, le préfet l’avait dit dimanche ; dit aussi que ça durera ce que ça durera, c’est-à-dire jusqu’à ce que le forcené, traqué par 309 gendarmes dont le GIGN et ses blindés, des hélicoptères et des équipes cynophiles, soit capturé mort ou vif.

Et si ça dure trois jours, trois semaines ou trois mois, Monsieur le préfet, qu’est-ce qu’on fait ?

On ne fait rien. On arrête de respirer derrière les volets clos et on se planque sous sa table de cuisine. C’est la GUERRE !

Heureusement pour nos finances, le fou dangereux a été neutralisé à la mi-journée.

Pour ceux qui auraient manqué l’épisode (à raison d’un forcené/terroriste tous les deux jours, c’est dur à suivre), je résume : un furieux de 29 ans, déjà condamné à quatre reprises pour violences conjugales, est arrivé chez son ex pour lui souhaiter la fête des Mères avec une Winchester de calibre 30-30, un joujou pour la chasse au sanglier. Cinq ans dans l’infanterie, à Brive-la Gaillarde, lui ont donné le goût du sport : il a pris le maquis dans la forêt toute proche.

Pour ses faits d’armes, voilà le détail donné par la procureure :

- le 17 mars 2015, condamnation pour violence sur conjoint par le tribunal de Bergerac : six mois d'emprisonnement avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans ;

- le 22 février 2017, nouvelle condamnation par le tribunal de Périgueux : six mois avec sursis, une peine assortie d'obligation de soins ;

- le 11 septembre 2017, le même tribunal le condamne en comparution immédiate à un an d'emprisonnement avec mandat de dépôt ;

- le 19 février, pour des faits commis en janvier 2021, le même tribunal le condamne en comparution immédiate à 16 mois de prison, dont 8 avec sursis et mise à l'épreuve, mais sans maintien en détention ;

- enfin, le 3 mai dernier, sa peine de huit mois ferme est aménagée – il avait demandé « une détention à domicile », nous dit-on – avec l'obligation de porter un bracelet électronique et de ne pas s'approcher de son ex-compagne, mère de ses trois enfants.

Alors Frédéric Périssat, le préfet de Dordogne, a enjoint la population (1.800 habitants) à « rester chez elle et ne pas se déplacer ». « Ce qui est important, c'est d'éviter tout blessé, toute effusion de sang », a-t-il dit, et de faire preuve de « beaucoup de retenue, de précaution. Ce sera certainement long. L'objectif, c'est de pouvoir interpeller l'individu en préservant son intégrité physique et également celle des militaires engagés. »

Pour les militaires, c’est une évidence ; pour « l’individu », les précautions me paraissent superflues. J’ai été entendue. En effet, ce taré a coûté déjà suffisamment cher à la société et je n’imagine pas qu’on lui demande de dédommager la commune pour cette mise à l’arrêt.

Au-delà de ces considérations oiseuses, je m’interroge : va-t-on maintenant mettre la société sur « pause » et boucler les gens chaque fois qu’un danger quelconque se profilera à l’horizon ? Faut-il comprendre que le confinement sera maintenant la solution à tout problème ? Enfin, comment comprendre cette logique quand les mêmes autorités nous répètent à l’envi que l’insécurité n’existe pas, qu’elle n’est qu’un « sentiment » ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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