Cagnes-sur-Mer : un projet de mosquée fait scandale
Un projet de mosquée vient de déclencher une vaste polémique à Cagnes-sur-Mer, ville de 52.600 habitants située à 15 kilomètres à l’ouest de Nice (Alpes-Maritimes). L’actuelle salle de prière de la ville étant sous-dimensionnée (environ 180 places) par rapport au nombre de ses fidèles, la police a constaté plusieurs fois qu’à peu près 70 personnes priaient dans la rue le vendredi. Contacté par BV, Louis Nègre, maire LR de la ville proche de son homologue niçois Christian Estrosi, explique en avoir alors parlé il y a quelques mois à l’Organisation des Musulmans de Cagnes-sur-Mer (OMCM) après avoir été alerté par le commissariat : « Je leur ai dit qu’il y avait là un trouble à l'ordre public, et que je ne supporterai pas, en tant que responsable de la commune, des prières dans la rue. Ils ont compris et se sont mis en recherche d'un terrain. »
Un lieu qui divise
Tout semblait bien se passer alors, et même Bryan Masson, député RN de la 6e circonscription des Alpes-Maritimes, et principal opposant à Louis Nègre, a confirmé à BV que « tous les cultes doivent pouvoir être pratiqués, et qu’il fallait un lieu plus vaste ». C’est bien le terrain finalement retenu qui a depuis mis le feu aux poudres. Actu Nice l’annonçait le 4 février : « Un terrain de 1.500 m² vient d’être acheté [...] Situé proche du lycée Auguste-Renoir, le site devrait accueillir une mosquée. » Une information confirmée par l’OMCM, l’acquéreur, qui explique à ses fidèles sur le site du projet : « Le compromis de vente ayant été signé, nous faisons appel à votre générosité afin de participer à ce projet incha’Allah. » Figure ensuite la note à régler : 2,18 millions d’euros en tout, dont 680.000 euros pour le terrain et 1,5 million d’euros de travaux à prévoir. Le projet consiste en un bâtiment de 750 m² sur trois étages. Sauf que... le terrain se trouve au beau milieu des Canebiers, un quartier pavillonnaire. Mais aussi, il jouxte surtout le lycée Augustin Renoir (1.600 élèves), et n’est éloigné que de 200 mètres environ du lycée professionnel Auguste Escoffier (620 élèves), ainsi que du parc des sports Pierre Sauvago, fréquenté par des milliers d’enfants et adolescents cagnois.
Cagnes-sur-Mer : terminus Mosquée, tout le monde descend
Ce deuxième projet, entièrement concocté en catimini, suscite bien des inquiétudeshttps://t.co/yR8F01OipZ pic.twitter.com/1HxTRzP5ch— Nice Provence Info (@NiceProvenceInf) December 14, 2024
Pour Bryan Masson, « c'est un quartier qui est déjà étudiant, et sur lequel la municipalité avait un projet de centre universitaire. Cela a été fait de manière irréfléchie, inadaptée pour le quartier, dans un non-respect de l'aménagement du territoire. Et la capacité s'avérerait beaucoup plus grande qu’avec la salle de prière actuelle si ces 750 m² voyaient le jour. » Comme il l'indique lors d'une interview accordée à BFM Côte-d'Azur relayé sur son compte X, le député a écrit à Bruno Retailleau pour l'alerter sur ce projet. Mais l’élu RN, constatant que l’OMCM elle-même annonce une mosquée et non une simple salle de prière, estime que « cela pose aussi la question d’une possible future école coranique, et donc du risque de prosélytisme religieux ». Qu’aurait dû faire le maire ? « Il aurait pu préempter. Mais il a laissé passer les deux mois légaux sans le faire .»
La municipalité de #CagnesSurMer commet une lourde erreur en permettant la construction de cette grande Mosquée dans un quartier étudiant déjà saturé. Il doit être préservé ! pic.twitter.com/14WIGFBpTt
— Bryan Masson (@MassonBryan) February 4, 2025
Un projet soutenu par le maire LR
Louis Nègre, constate de son côté que l’opération est pour l’instant légale. Pourtant, l’annonce d’un projet sur trois étages le fait tiquer : « Au vu des règles de l’urbanisme, c'est une zone pavillonnaire. Donc, pas d'immeuble. S’ils veulent trois étages, moi, je ne peux leur en donner que deux. C’est la condition pour obtenir le permis de construire. » Mais au-delà de ce point technique, Louis Nègre ne voit pas d’autre raison valable de s’opposer au projet. « S'il y avait du prosélytisme à l’OCMC, il serait apparu depuis longtemps. » Pourtant, sur son site, l’OCMC, qui revendique toucher une communauté de « plus de 4.500 musulmans à Cagnes-sur-Mer », signale proposer des « cours d’arabe pour enfants ». Mais pour Louis Nègre, cette communauté musulmane, composée d'au moins « 95 % d’origine tunisienne, est très calme, et je n'ai pas de soucis particuliers au vu de la paix civile ». Ces points sont fermement contestés par Bryan Masson, pour qui « la salle actuelle a été à maintes reprises interdite de pratique pour troubles à l'ordre public. Il y a eu un vrai bras de fer juridique pendant des années ». Mais pour lui, l’enjeu serait aussi politique, et plus précisément électoral : « Nous sommes à un an de l'élection municipale. Je crois qu'il y a une forme de clientélisme évident dans cette précipitation du projet. Je pense que la municipalité actuelle est en grande difficulté parce que ça fait trente ans qu'elle est aux affaires. »
Une association de riverains s'engage contre la mosquée
Le député RN n’est pas le seul à contester le projet soutenu par la municipalité LR. L’Association Riverains des Canebiers Mobilisés (RCM) est vent debout contre cette initiative. Se voulant apolitique et aconfessionnelle, elle réclame sur son site « un moratoire en attendant une consultation citoyenne, une transparence sur les démarches administratives du projet, une étude d’impact indépendante, et surtout la relocalisation du projet vers une zone mieux équipée pour accueillir un tel lieu de rassemblement ». Une pétition a été lancée en ligne et a obtenu près de 1.500 signatures en six jours. « Je commence à les connaître, mais ils se sont organisés très rapidement », commente Bryan Masson, « la plupart sont propriétaires, ils tiennent à leur quartier et sont engagés dans leur vie de tous les jours. Ils ont décidé de se mobiliser ». Le maire, lui, ne semble pas au courant du nombre de signatures obtenues avec la pétition : « J’en prends acte », dit-il, ajoutant ne pas les avoir rencontrés « car ils ne se sont pas identifiés auprès de moi. Mais je les recevrai avec plaisir ». Joint par BV, le président de la RCM, Bastien Coppolani, explique que « les statuts de l’association sont encore en dépôt, et qu’il est prévenu de contacter la mairie rapidement ». L’affaire de la mosquée de Cagnes-sur-Mer ne fait sans doute que commencer.
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2 commentaires
Un maire LR qui soutient un projet de mosquée? Comment est-ce possible? En fait ils sont coutumiers du fait! tant pis pour les électeurs LR de Cagnes sur Mer, ils ont voté pour un maire qui sait sans doute compter ses électeurs et qui a compris ce que des électeurs d’une confession bien précise pouvait lui apporter en 2026…
Les électeurs LR n’ont qu’à se prendre à eux-mêmes! Et, surtout qu’ils n’oublient pas de faire barrage en votant à gauche en cas de besoin! Quand on vote de façon stupide, on assume et à la décence de ne pas se lamenter!
Combien de cathédrales , d’églises catholiques ou protestantes , de temples dans les pays du maghreb ? Tant que cela n’est pas autorisé nous refusons les mosquées chez nous .