Calvados : le Nouveau Front populaire au secours d’Élisabeth Borne !

© Laurent Coust/SOPA Images/Shutterstock
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Jusqu'à ce mardi 2 juillet à 18h, dernière limite pour le dépôt des candidatures pour le deuxième tour des législatives, la Macronie ira « jusqu'au bout de la honte » : elle ne reculera devant rien pour « faire barrage au RN », avec l'aide de la Mélenchonie. Focus sur la sixième circonscription du Calvados, théâtre, hier soir, du désistement du Nouveau Front populaire qui, en l'espace de quelques heures, a endossé le brassard de « sauveteur réanimateur » dans l'espoir de sauver le soldat Élisabeth Borne, déchu de sa première place (à 28,93 %) au profit du candidat RN Nicolas Calbrix arrivé en tête (36,26 %).

La circonscription du Calvados qui a vu naître Élisabeth Borne

Ce n'est qu'à l'occasion des législatives de 2022 que la « polytechnicienne techno » Élisabeth Borne, à la déjà longue carrière ministérielle sous Emmanuel Macron (elle a été ministre des Transports en 2017, de la Transition écologique et solidaire en 2019, du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion en 2020), se risquait à l'épreuve des urnes. Une rencontre avec le vrai peuple d'un territoire rural paisible qui s'est soldée par une élection à l'Assemblée avec un score de 52,47 % des voix, siège qu'elle a abandonné puis repris au gré de sa nomination de Premier ministre et de sa démission.

C'était donc avec un lourd handicap que, comme tout ministre de la Macronie, Élisabeth Borne remettait en jeu son mandat. Son adversaire du Nouveau Front populaire, un certain Noé Gauchard (ça ne s'invente pas), tout au long de cette campagne, n'a pas ménagé sa peine pour railler tour à tour « la défaite du macronisme incarnée par l’ex-Premier ministre, qui a montré qu’elle n’a pas été à l’écoute des citoyens et du territoire » et « les casseurs sociaux comme Mme Borne qui ont détruit le pays à coup de 49.3 », sans oublier sa réforme des retraites ou sa loi Immigration, avec un seul mot d'ordre : « Tourner la page du macronisme ! »

 

 

Des électeurs du NFP dindons de la grosse farce ?

Ce discours musclé, apte à créer une belle dynamique à gauche, a stoppé net, avec une rapidité étonnante, ce dimanche soir. Bon petit soldat de Mélenchon, Noé Gauchard s'est donc soumis : « La gauche ne sera ni coupable ni complice de l'accession du RN vers le pouvoir, a expliqué le candidat. Au vu des scores énormes réalisés dans cette circonscription, nous avons fait le choix difficile, le choix en responsabilité, de ne pas maintenir cette candidature du Nouveau Front populaire pour barrer la route politique au RN. »

Au diable, donc, les invectives, fini les critiques et la belle époque où Noé Gauchard - ce fervent défenseur des éoliennes - incarnait, dès 2022, « l'étudiant écolo qui défie Élisabeth Borne », « ce militant du climat à l'engagement écologique chevillé au corps », tel que le décrivait le magazine Reporterre, média militant aux côtés des activistes de Sainte-Soline. Et place aux reniements et aux abandons.

Ce dimanche soir, Noé Gauchard déposait donc aux pieds d'Élisabeth Borne son plat de lentilles et ses 23,16 % des suffrages. Idéalement, ce qu'il faudrait au moulin de la réélection de l'ex-Premier ministre qui a engrangé, au second tour, 28,9 % des voix. Mais ce ne sera peut-être pas aussi simple, à en juger par les réactions postées, sur X, des sympathisants du NFP local. Certains saluent l'honneur de leur candidat : « Vous êtes digne et courageux, chapeau ! » tout en gardant un chien de leur chienne à Élisabeth Borne : « J'imagine ce que ça vous coûte de vous retirer au profit de celle qui aura bafoué la démocratie parlementaire et méprisé les oppositions tout au long de son mandat », écrivent-ils. Mais d'autres serrent les dents : « Ça fait plaisir à personne de voir l'autre vieille momie élue, mais si ça évite d'avoir des nazis, on prend et tu sera (sic) élu le prochain coup. » Beaucoup ne marchent pas dans la combine« Impossible de faire élire la Borne » ; « Décision stupide. Face à Borne, se désisté (sic), c'est ouvrir les portes de l'Assemblée nationale au candidat RN. Le peuple n'en peut plus de la Macronie et se souvient bien des méthodes de Borne à Matignon. Face à Borne, vous aviez la possibilité de vous maintenir. Quelle erreur ! » « Revenez sur votre décision svp », lance un autre. L'internaute Véronique Kwasniewski, « dont la fille est musulmane et porte le hidjab », n'est pas d'accord : « Pourquoi Noé Gauchard devrait se retirer face à Borne alors que pour "Ensemble", c'est PAS DE LFI ? »

Démonstration est faite qu'une nouvelle fois, la déconnexion est bien réelle et surtout béante entre ce que veut réellement le peuple et ce que font les appareils des partis... De quoi alimenter la colère de tous.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Madame Borne ! Une démocrate modèle, non ? La preuve : pour faire comprendre sa démarche, elle nous a assommés à coups de 49.3. On comprend que certains soient plus attirés par d’autres extrêmes. Il n’y a pas plus extrême que l’usage répété du 49.3. Pourvu que l’électorat lui montre la sortie.

  2. Borne est une parfaite synthèse de ce dont les Français ne veulent plus. Nos grandes écoles forment une « élite » que le monde entier nous envie, mais que le monde entier nous laisse… On pense généralement, à juste titre, que les sciences humaines sont un nid de gauchiste. On croit, à tort, que les sciences dures, sont un contrepoison anti marxiste. Or rien n’est plus faux. Grâce aux maths et aux statistiques on peut parfaitement démontrer l’indémontrable. Par exemple, l’Ecole d’Economie de Paris, fondée par Villepin 1er ministre, n’a eu que des gauchistes comme professeurs dont l’inénarrable Piketty. Nos X, dès lors qu’ils envisagent de faire de l’économie, finissent par se spécialiser dans les statistiques. Comme le disait Charles Gave, ceux qui ont fait le programme économique (le bien mal nommé) du NFP, en particulier Madame Cagé, épouse Piketty, seraient bien incapables de tenir une baraque à frites car celle-ci ferait rapidement faillite. Depuis Mitterrand et son conseiller spécial (oh ça oui) Jacques Attila, la France est gouvernée par des « génies » qui l’ont ruinée ! Il est temps de nettoyer les écuries d’Augias, en commençant par changer les manuels scolaires.

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