Camping-cars : il y a encore beaucoup à redire
Phénomène sociétal en croissance, omniprésent sur les routes, hyper voyant en stationnement, le camping-car a logiquement fait l’objet, sur Boulevard Voltaire, d’une critique le 20 août (Le camping-car, symbole du moi d’abord) puis d’une défense trois jours plus tard (Rétablissons quelques vérités). Pour autant le débat n’est pas clos.
En effet, la réplique en défense de Guy Faudon à François Teutsch n’est pas convaincante. Oui, les camping-cars constituent un fléau esthétique et écologique. Et une manifestation d’égoïsme ainsi qu’un mauvais calcul économique.
Accroissement du parc de cette sorte de caravanes auto-mobiles, limitations de vitesse provoquant des files de véhicules, réactions de gens excédés par la dénaturation de l’environnement : beaucoup de facteurs concourent à amplifier le débat plutôt qu’à l’apaiser.
Soulignons l’habileté dialectique de Guy Faudon : le non-dit du titre, efficace en termes d’influence, suggère que l’article précédent signé François Teutsch était nécessairement fondé sur des mensonges…
Certes, il concède que ces engins, hybrides de maisons mobiles et de petits camions, sont lourds.
C’est pour mieux refuser d’admettre qu’ils sont dangereux, polluants et inesthétiques. De constater que leurs conducteurs sont souvent âgés et, la plupart du temps, occasionnels. De convenir que des véhicules dérivés des utilitaires sont disgracieux.
Quant aux difficultés qu’ils créent pour la circulation et le stationnement, accuser ces villages "sans déviation", ces communes qui "n’ont pas fait l’effort de signalisation nécessaire" ou qui "placent des barres de hauteur un peu partout et font fleurir des panneaux d’interdiction", c’est court et faux. C’est une inversion totale des termes et des codes en matière de vie en société : ce n’est pas à la France représentée par ses collectivités territoriales de favoriser la prolifération incontrôlée de ces engins, c’est à leurs conducteurs de s’adapter à la réglementation et au bon sens, comme tout le monde ! La culture de l’excuse fait, décidément, des ravages. Idem pour le permis, autorisant n’importe quel titulaire de la catégorie véhicules légers à prendre le volant de ces engins lourds. Au-delà du moi d’abord, on touche à l’irresponsabilité, notamment en matière de sécurité, de la part de ces retraités hédonistes qui ne sont ni esthètes ni écologistes.
D’un point de vue économique et financier, les utilisateurs de camping-cars ne contribuent pas, ou peu - en tout cas, moins que les autres visiteurs -, à l’économie des régions qu’ils traversent. Les propriétaires de camping-cars ne font pas un calcul financier intelligent. Ce ne sont pas des gens modestes, contraints par des raisons budgétaires à ce type de tourisme. Avec un prix, à l’achat, de 50.000 à 70.000 euros, en ajoutant le strict minimum pour l’assurance et la maintenance, en évaluant le prix de la revente éventuelle à trois, cinq ou dix ans, en écartant les coûts de carburant et de péage, en faisant l’impasse sur le garage et sur l’entretien de moteurs tournant sans régularité, un possesseur de camping-car pourrait, sur la même durée, s’offrir dix à vingt jours par mois, les douze mois de l’année, une chambre d’hôtel ou un gîte d’hôtes de bon niveau, en moyenne à 50 ou 100 euros selon la région et la saison. Pour deux personnes, petit déjeuner inclus. À ces prix-là, on trouve confort, calme et propreté. Et souvent sourire et service, plus conseils touristiques. Donc, les adeptes du camping-car n’utilisent pas leur engin pour des raisons économiques ou financières. Ils possèdent d’autres motivations et y trouvent d’autres satisfactions. Pour eux d’abord.
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