Canada : face à Trump, le nouveau Premier ministre montre les muscles

Le Canada s’apprête à changer de capitaine en pleine tempête. Le libéral Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, succède au Premier ministre Justin Trudeau au poste de chef du Parti libéral - et, de facto, au poste de Premier ministre - dans un climat diplomatique explosif avec Washington. Loin de l’ère du consensus, Donald Trump multiplie les attaques contre le voisin du nord, entre menaces de tarifs douaniers punitifs et déclarations chocs sur une possible annexion. Face à ce défi inédit, Carney devra prouver que son profil d’expert économique peut aussi faire de lui un stratège politique, capable de défendre les intérêts canadiens, après neuf ans passés sous la houlette du catastrophique Justin Trudeau.
Un expert économique à la barre
Mark Carney arrive au pouvoir avec une réputation de gestionnaire hors pair, forgée lors de la crise financière de 2008 et le Brexit. Son expérience au sommet des institutions bancaires lui confère une crédibilité indéniable, notamment sur les questions économiques, au moment où les relations commerciales avec les États-Unis s’enveniment. Washington menace de réimposer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, Trump agitant aussi le spectre d’un patriotisme économique plus intransigeant qu’en 2018.
Carney a déjà annoncé qu’il n’hésiterait pas à riposter par des mesures équivalentes si Ottawa devait être ciblé. Il compte, également, renforcer les partenariats avec l’Europe et l’Asie pour réduire la dépendance canadienne au marché américain. Mais cette approche suffira-t-elle à calmer les ardeurs protectionnistes de Trump ? Rien n’est moins sûr. Pendant ce temps, son principal adversaire politique, le conservateur Pierre Poilievre, peine à clarifier sa position : « Pour ce qui est de Poilievre, l’engouement des Canadiens à son égard a un peu changé, observe un Montréalais, contacté par BV. S’il incarnait une vision un peu plus conservatrice pour le Canada, il est perçu au travers de ses propos des derniers mois comme plus proche de Trump et de ses idées. » Une proximité avec les élites trumpistes qui ne passe plus, outre-Atlantique. « Il semble plutôt amical avec Elon Musk. Sa popularité en a pris un certain coup, puisque ses intentions sont moins claires ou fiables, étant donné la situation. »
Des marges de manœuvre limitées, face à Washington
Carney a beau bénéficier d’un certain capital confiance auprès des Canadiens – un sondage récent le place comme le dirigeant jugé le plus apte à négocier avec Trump –, il devra jongler entre fermeté et pragmatisme. Une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis pourrait affaiblir des secteurs clés de l’économie canadienne, notamment l’automobile et l’énergie. Or, une croissance économique atone risquerait d’entamer la légitimité politique de Carney dès le début de son mandat. Les défis sont donc d’ampleur pour un novice de la politique.
L’autre danger réside dans la rhétorique incendiaire de Trump. En suggérant l’idée – certes provocatrice – d’une annexion du Canada, ce dernier attise les tensions et oblige Ottawa à adopter une posture défensive, quitte à envenimer encore plus les relations bilatérales. Carney, réputé pour son calme et sa rigueur, saura-t-il imposer un rapport de force efficace sans précipiter le Canada dans une crise diplomatique majeure ? Pendant ce temps, Poilievre, qui semblait incarner l’opposition naturelle à Carney, voit sa position fragilisée. Mark Carney hérite d’un pays inquiet et d’une relation américano-canadienne glaciale. S’il veut inscrire son mandat dans l’Histoire, il devra prouver qu’il est non seulement un expert de la finance, mais aussi un chef d’État capable de tenir tête à Donald Trump. Pas si simple.

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23 commentaires
Ce banquier relèvera t-il l’image que nous avons du banquier?
Je vous invite à lire (même s’il faut pour cela se rincer les yeux après) un article du Monde sur la « diplomatie sur le fil du roi Charles III »). ça a un rapport avec votre article sur le Canada. En effet, Charles III reste le chef d’état du Canada, même si c’est bien sûr largement honorifique et protocolaire. Il doit donc soutenir autant qu’il peut le Canada, sans trop prendre parti politiquement, si se fâcher avec les USA. Tout un art.
Ce futur premier ministre est-il aussi guerrier, aussi intimidant , que notre Macron national ?
Entre le marteau et l’enclume. Je lui souhaite de faire le poids.
Quelle importance avaient les US dans nos vies !
Je lis dans l’article que la Canada regarde vers l’Europe. C’est bon çà, car si les USA nous quittent, il me semble que le Canada est encore lié au Royaume-Uni et donc, l’OTAN a la possibilité de continuer sans les Américains, souhait des USA et de fait, l’armée européenne est née. Je rêve sans doute levé trop tôt mais j’entends et lis souvent »I have a dream » de fameux pasteur…
il ne faut pas oublier Mr TRUMP que Monsieur Lafayette a quand même contribuer la la liberté de l’Amérique Merci
Encore un banquier, ils vont donc finir comme nous.
Pauvre pays
Ha, le futur dirigeant du Canada s’appelle Mark Carney … je ne le savais pas !
Pour m’en souvenir je le marque dans mon carnet …
Comme tout ce qui nous concerne le bien côtoie le mal les états unis n’évitent pas la réalité elle est incontournable.
Avec Trump cet apprenti premier ministre canadien va se casser les dents.
« Mark Carney arrive au pouvoir avec une réputation de gestionnaire hors pair, forgée lors de la crise financière de 2008 », ça me rappelle les éloges qui pleuvaient de la presse marconiste sur le président !
Un conservateur aurait beaucoup plus de chance de trouver un terrain d’entente avec Trump. Ils semble que les canadiens ne le comprennent pas. Ils réagissent en gauchistes primaires et, comme l’UE, se cabrent. Si Trump échoue, plus rien n’arrêtera le système et nous serons les victimes consentantes de son totalitarisme. Trump et surtout DJ Vance sont les garanties de notre liberté future.
Absolument! Le Canada étant la Mecque du wokisme, il est dans le collimateur de Trump qui par ses déclarations est entrain de semer la panique chez les gauchistes canadiens. On commence à comprendre sa méthode qui est beaucoup plus réfléchie que ce qu’on croit. Il sait la puissance de la parole d’un président des États Unis viril et possédant tous les pouvoirs. Il en use pour arriver à secouer le cocotier d’un occident décadent et soumis, prêt à faire la guerre en muselant ses peuples. Il va aider à virer ceux qui l’ont mis dans cet état. Donc pas de panique il est nécessaire d’en passer par là pour changer l’orientation néfaste qu’avaient eux même impulsé les USA aux mains des démocrates.
Je suis tout à fait d’ accord avec vous!
Il peut les montrer ses muscles.
Encore faut-il qu’il puisse s’en servir.
Mark Carney n’est qu’un ersatz de Justin Trudeau.
Ni l’un ni l’autre n’ont les muscles pour s’opposer à Donald Trump.
Au Canada ça va être comme en France, des ministres beaux parleurs, piètres exécuteurs !
En France depuis huit ans nous savons ce qu’est l’efficacité d’un « expert »de la finance,souhaitons pour nos cousins qu’il s’agisse d’une autre sorte d’expert.
Ce n’est , en effet pas gagné pour lui . Hâte de voir comment il tiendra tête à Trump .