Candidature de Xavier Bertrand : déjà pschitt ?

XAVIER BERTRAND

Il a bien essayé de faire son trou sur Instagram. Mais avec l'omniprésence d'Emmanuel Macron, ce fut peine perdue. « Il », c'est Xavier Bertrand. Vous vous souvenez ? Le héros qui a résisté une seconde fois au RN lors des dernières régionales. Disparu, depuis, noyé par la 4e vague, les millions de vaccins et de passe sanitaire. D'ailleurs, on ne sait pas trop ce qu'il pense, Xavier Bertrand, du passe sanitaire, du Conseil constitutionnel, de ces centaines de milliers de Français qui manifestent. Peut-être qu'il l'a dit sur Insta... Peut-être.

Mais moi, je suis plutôt du genre à lire La voix du Nord. Là, vous êtes certain d'avoir des nouvelles de Xavier Bertrand. « Présidentielle : Instagram et France profonde, les cartes postales du candidat Bertrand. Près de 5.000 kilomètres en 17 jours depuis la dernière séance plénière du conseil régional des Hauts-de-France. Xavier Bertrand creuse son sillon de candidat à la présidentielle sur les routes du pays pour tenter de distancer ses adversaires à droite, en dupliquant à l’échelle de la France un format éprouvé durant la campagne des régionales. »

5.000 km en 17 jours, quel coureur ! Et personne au bord des routes pour l'encourager... Quelle misère. Le journal précise même que dans ce marathon de fou, Xavier Bertrand envoie « une carte postale par jour. Ou plutôt un "selfie vidéo" par jour sur les réseaux depuis fin juillet. » Vous imaginez la collection des fans, les selfies recouvrant le frigo.

Vraiment des gens à plaindre, surtout quand ils ont vu le résultat de tous ces efforts. Sondage Elabe pour Les Échos du 5 août : « Xavier Bertrand ne tue pas le match. Pire, le candidat à l'élection présidentielle perd sa place de personnalité préférée des sympathisants de droite, et dégringole à la 5e place. Pour l'instant, Xavier Bertrand, qui refuse de participer à une primaire, "n'a pas installé un avantage décisif qui ferait de lui le candidat naturel de la droite", analyse le président d'Elabe, Bernard Sananès. Après une forte hausse le mois dernier lors de sa réélection à la tête de la région Hauts-de-France (+14 points), sa cote de popularité chute (-19 points) pour s'établir à 59 % d'opinions favorables auprès des sympathisants de droite. Il y a un effet rectificatif. »

Moins 19, en effet, c'est une sacrée rectification, pour rester dans l'euphémisme... Quant au reste du peloton, ce n'est guère mieux : « Cette baisse ne profite pas à l'autre candidate déclarée, Valérie Pécresse. Sa cote de popularité auprès des sympathisants de droite descend à 57 % (-17 points après une hausse de 13 points au sortir des régionales le mois dernier). » Là aussi, sacrée rectification. Il n'y a que Laurent Wauquiez qui enregistre un score encourageant : il est « à son plus haut niveau depuis le début du quinquennat avec 62 % d'opinions positives chez les sympathisants de droite ». La malédiction de la présidentielle pour les LR est maintenant devenue une malédiction de la candidature : « Les deux personnalités qui ont officialisé leurs candidatures dans la course à l'Élysée perdent des points. » Et le politologue Bernard Sananès de commenter : « L'électeur de droite, qui en a marre de perdre, a peur de la division à cause de la multitude de candidats. Un casse-tête que la droite n'a pas encore résolu. »

Résolu ? Il semble que beaucoup d'électeurs de droite rêvent d'écrire le mot avec un « Z ». Mais pas celui de Wauquiez.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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