Cannabis : le candidat Macron l’avait promis
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Le candidat Emmanuel Macron, pour souligner la jeunesse de son programme, a, parmi ses produits d’appel électoraux, évoqué la dépénalisation du cannabis. Cette aberration réapparaît aujourd’hui, comme si le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, n’avait de plus grandes urgences à traiter. Il se dit prêt à infliger à notre pays, plus vulnérable aux drogues que tout autre, l’abattage d’une de nos dernières digues contre les toxicomanies. Déni sanitaire, erreur sociétale, cette dépénalisation revêt des aspects criminels.
Cette dépénalisation interviendrait au moment où l’on dispose de maintes précisions sur les multiples méfaits du cannabis et de son tétrahydrocannabinol (THC), largement méconnus du public, en raison de leur occultation par les médias.
La toxicité physique du cannabis l’emporte sur celle du tabac, en générant sept fois plus de goudrons cancérigènes et cinq fois plus d’oxyde de carbone (CO) : cancers, bronchites chroniques et broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ; toxicité cardio-vasculaire (artérites, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux) ; retentissements sur la grossesse et l’enfant qui en naîtra ; suspicion d’effets épigénétiques (c'est-à-dire transmissibles à sa descendance) ; effets perturbateurs endocriniens…
Le cannabis induit aussi de nombreux méfaits cérébraux : ivresse, désinhibition, délires, hallucinations, perturbations de la conduite des véhicules et des activités professionnelles ; altération des performances éducatives et cognitives (les jeunes Français, ses plus gros consommateurs en Europe, n’apparaissent qu’au 26e rang international du classement PISA) ; syndrome amotivationnel ; anxiété ; dépression (avec, en embuscade, son risque suicidaire) ; induction, décompensation, aggravation de la schizophrénie (l’espérance de vie des schizophrènes est diminuée et 10 % d’entre eux sont victimes de mort brutale) ; incitation au passage à d’autres drogues et installation de polytoxicomanies…
Les arguments avancés en faveur de la dépénalisation sont d’une comptabilité boutiquière : suppression de la comparution des consommateurs devant des tribunaux, ce qui les désengorgerait ; allègement du travail de la police ; abondement du budget de la nation par les amendes perçues.
Cette dépénalisation feint d’ignorer :
- que l’« infraction », ne laissant aucune trace, pourra se répéter à l’infini ; elle rendra plus difficile la remontée des filières ;
- que l’amende sera exceptionnellement réglée extemporanément et fréquemment non perçue (Gérard Collomb et le pot au lait) ;
- que l’interpellation, par le policier, du consommateur ne remontera pas au niveau de ses parents, alors qu’il faut les réinvestir dans le processus éducatif.
Une enquête effectuée auprès d’adolescents ne consommant pas de cannabis nous a appris que, pour 40 % d’entre eux, c’est en raison de la dangerosité de la drogue et, pour les 60 % autres, en raison de son interdiction. Cette permissivité nouvelle donnera à penser aux premiers qu’un État responsable ne pouvant baisser la garde vis-à-vis d’un produit toxique, il ne l’est donc pas ; aux autres que, l’interdiction étant toute relative, ce ne sera plus franchir un Rubicon que de s’y adonner.
Ne soyons pas crédules : cette dépénalisation du cannabis annonce celle de toutes les drogues, et ces dépénalisations préfigurent leur légalisation.
Si cette dépénalisation devait, malgré tout, prévaloir, nous proposons qu’elle comporte, pour en atténuer les méfaits :
- la mise en place d’un fichier informatisé de ces contraventions, pour informer le policier du nombre de récidives, lui permettant de déterminer en conséquence le montant de l’amende ;
- ces contraventions devraient être portées à la connaissance des parents du mineur, qui seraient garants de son paiement, ou dont ils pourraient demander qu'elle soit commuée en des travaux d’intérêt général ;
- la remise systématique, aux parents, d’un livret les informant des risques encourus par leur enfant consommateur de cette drogue et d’autres ;
- au-delà de trois récidives, le contrevenant devrait suivre un stage (payant) d’information sur les méfaits des drogues, validé par un examen ; avec redoublement du stage en cas d’échec ;
- le dossier des infractions pourrait être communiqué aux services de recrutement pour l’accès à certains métiers incompatibles avec une consommation irrépressible ;
- le développement d’une véritable information (une quarantaine d’heures, de l’école jusqu’à l’université) sur les méfaits des drogues et toxicomanies, impliquant des praticiens du corps médical, préparés à cet exercice par un document unique et validé par un collège pluridisciplinaire.
Cela dit, dépénaliser avant d’avoir fait fonctionner un dispositif de prévention efficace revient à mettre la charrue avant les bœufs.
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