Carton d’audience pour Napoléon III sur France 3 : « Cessons d’être ingrats ! »

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France 3 aurait-il réussi à redorer le blason trop injustement terni de Napoléon III ? À en croire les audiences réalisées par la chaîne, à l’occasion du numéro spécial de Secrets d’Histoire consacré au neveu de Napoléon Ier, la réponse pourrait bien être oui. Présentée par Stéphane Bern, l’émission a rassemblé 1,9 million de téléspectateurs, talonnant TF1. Un succès qui témoigne « de l’intérêt quasi charnel des Français pour l’Histoire » se félicite, auprès de BV, Maxime Michelet, historien spécialiste du Second Empire et président des Amis de Napoléon III, ayant participé à l’émission.

« Je pense que c’est dû à la conjugaison de plusieurs phénomènes : l’intérêt des Français pour l’Histoire, le caractère sombre de la période que nous vivons qui amène les Français à chercher des repères dans leur passé et effectivement la publicité autour du film de Scott », analyse Éric Anceau, président du Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire (CRULH), biographe du dernier empereur des Français, lui aussi joint par BV.

De son côté, Maxime Michelet considère que « le nom de Napoléon demeure un nom magique » qui relève « à moitié de la mémoire mais aussi à moitié d'un inconscient politique ». Pourtant, Napoléon III semble bien oublié. En 2017, le magazine Historia, en partenariat avec Harris Interactive, organisa un grand sondage sur les connaissances historiques des Français. Réponse sans appel : seuls 34 % d’entre eux parvenaient à se souvenir du dernier empereur des Français, victime d’une légende noire. « L'Empereur a été extrêmement maltraité par la République car il fallait abattre le régime vaincu, ce qui n'a rien de choquant. Ce qui est moins compréhensible, c'est que cette injustice puisse encore perdurer alors que la menace d'une restauration de l'Empire me semble bien lointaine désormais », analyse l’historien.

En finir avec la condamnation hugolienne

Nul doute, Victor Hugo est un génie. En tout cas, littérairement parlant, c’est à n’en pas douter. Mais admettons que certaines de ses considérations politiques mériteraient une petite hugothérapie. Autrefois ami de Louis-Napoléon Bonaparte, l’écrivain entra franchement en rivalité lorsque ce dernier commit son coup d’État. Attaché à la Deuxième République, l’homme ne trouvait plus qu’un « traître » en cette figure qu’il avait tant aimée. Néanmoins, pour Maxime Michelet, une réhabilitation s’impose : « Réhabiliter Napoléon III, nous explique-t-il, c'est déjà s'acquitter d'une dette mémorielle. Et j'ose le terme réhabilitation, car il y a eu une condamnation extrêmement forte portée à l'encontre de Napoléon III et de son règne. » Au contraire de son oncle, Napoléon III est loin d’être auréolé d'une légende dorée. L’historien, biographe de l’impératrice Eugénie, le rappelle : « 150 ans après sa mort, il est plus que temps de mettre de côté la mythologie du génial Victor Hugo pour s'occuper sérieusement d'Histoire et de mémoire, et regarder sereinement l'immense héritage que nous a légué notre dernier empereur. »

Bientôt un Napoléon III à la sauce hollywoodienne ?

« Le Second Empire résonne dans notre présent à tous les niveaux », insiste Éric Anceau. Sur X (ex-Twitter), l’historien partage sa joie du « succès indéniable » que représente l’émission du service public. « Nous préparons un docu-fiction de six heures sur Napoléon III pour une grande chaîne nationale », annonce-t-il, avant de souhaiter « qu’un jour, un biopic soit consacré au personnage avec les moyens du Napoléon de Ridley Scott. »

« Secrets d'Histoire nous a d'ailleurs montré que la vie du personnage ne manquait pas de panache et que la réduire au coup d'État ou à Sedan était un brin malhonnête », renchérit Maxime Michelet. Entre les deux empereurs, les choses semblent se rééquilibrer. Si le premier est indétrônable en matière de productions littéraires, cinématographiques et audiovisuelles dont il a fait – et continue de faire – l’objet, Napoléon III reste encore une mine d’or inexplorée, d’autant que « la Cinquième République a réhabilité par les faits un certain nombre de principes bonapartistes et que le gaullisme est par bien des aspects une réacclimatation républicaine du bonapartisme », note-t-il encore. « Nous vivons donc de tous côtés dans une France forgée par Napoléon III : cessons d'être ingrats », ose l’historien, en guise de conclusion. Alors, osons à notre tour et disons : vive l’Empereur !

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Vive n,os Empereurs ! Comme on aimerait en avoir un des deux à bord, au lieu de ces malheureux pitres qui n’ont de republicains que le nom

  2. On doit déjà à Napoléon III, et peu de gens semblent en être conscients, la magie qu’exerce Paris….Avant lui Paris avait des atouts, mais sa transformation complète, son architecture flamboyante, qui attire des milions de touristes et nous rapporte, ça aussi c’est lui. En plus de l’industrialisation de la France et le rattappage de son retard sur l’Angleterre, son oubli est la pire des ingratitudes….Et le plus beau, si l’on peut dire c’est qu’il a perdu don trône pour avoir nourri toute sa vie une sainte horreur de la guerre -contrairement à Tonton- et pas voulu s’y préparer, pensant l’éviter.

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