Castan Air : la nouvelle compagnie aérienne qui ne voit pas les événements qu’elle survole

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"Moi, je ne connais aucun policier, aucun gendarme qui ait attaqué des gilets jaunes", répond Christophe Castaner à un journaliste qui l’interroge sur les violences policières. Le pompier volontaire ne connaissait pas, non plus, le policier de la BAC qui lui a tiré dans la tête alors qu’il s’enfuyait. Les présentations n’avaient pas été faites. Dès qu’il sera sorti du coma, il ne manquera pas d’aller rendre une visite de courtoisie à ce représentant des forces de l’ordre. Entre la poire et le fromage, il pourra lui demander s’il a agi sous le coup d’une pulsion personnelle ou suite à une consigne émanant de sa hiérarchie. D’autres manifestants blessés, attaqués sans raison, attendent la réponse avec impatience.

"Par contre, je connais des gendarmes qui utilisent des moyens de défense", enchaîne le ministre. « Nous n’avons pas les mêmes fréquentations », pense le pompier sur son lit d’hôpital. Quel manque de chance ! Tomber sur un policier inconnu de Castaner… Ah, c’est la poisse !

Somme toute, la situation s’éclaire. Les policiers visent les jambes et ce sont les manifestants qui se baissent de manière à recevoir les projectiles dans la tête. "Quand les forces de l’ordre sont effectivement acculées, elles utilisent des moyens", ajoute-t-il. Sur les vidéos, il faut voir ces policiers acculés par des gilets jaunes qui ne bronchent pas… mais qui n’en pensent pas moins ! À leur mine, on voit bien qu’ils sont en train de cogiter une attaque de grande envergure. Que le sang du CRS va couler à flots… La riposte est donc immédiate. Feu à volonté ! Dieu merci, le ministère a formé le personnel au décodage de l’intention du gilet jaune. Mains sur les hanches : menace d’agression virulente. Debout, immobile : revolver caché sous le gilet. Assis par terre : la guerre civile est déclarée.

Castaner prend son marteau et enfonce le clou : "Je n’ai jamais vu un policier ou un gendarme attaquer un manifestant ou un journaliste." » Il n’en voit pas, il n’en connaît pas. D’où l’expression "Ni vu, ni connu". "À l’inverse, j’ai vu des manifestants attaquer systématiquement nos forces de sécurité et attaquer aussi des journalistes." L’hypothèse selon laquelle le ministre a visionné des vidéos de la manif d’extrême gauche du 1er mai où les Black Blocs avaient tout saccagé vers la gare d’Austerlitz n’est pas à écarter. Dans ce cas, il est évident que personne n’a vu ni connu un policier qui ait tiré au Flash-Ball® dans la tête de l’un des casseurs.

Quel souillon, au ministère de l’Intérieur, sème la zizanie dans l’archivage des vidéos ? Les images étaient-elles en noir et blanc, auquel cas il s’agirait de documents datant de 1968… Y a-t-il un téméraire au sommet de l’État pour régler l’horloge interne de Castaner sur le bon fuseau horaire ?

Le jeu du gars qui se plaint de violences qu’il a lui même provoquées était bien essayé. Mais raté. Les gilets jaunes sont toujours aussi populaires. Grâce aux réseaux sociaux, à l’info alternative, le public a pu voir des tirs de grenades lacrymogènes et de Flash-Ball® sur des manifestants passifs ou non menaçants. Les photos de blessés pullulent sur Internet. Castan Air : la nouvelle compagnie aérienne qui survole l’événement sans voir ni connaître ce qui s’y passe. Débarquement immédiat !

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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