Castaner et son petit plaisir
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Au moins, les choses sont claires. Interviewé sur France Inter au sujet de l’éventuelle dissolution de Génération identitaire, Christophe Castaner n’a pas caché ses sentiments : « J’ai, avec une forme de plaisir, dissous des associations d’extrême droite et d’ultra-droite quand j’étais ministre de l’Intérieur. Et que si j’avais pu dissoudre Génération Identitaire pour ce qu’ils représentent, pour ce qu’ils font, je l’aurais fait... » On met son plaisir où l’on peut. Mais l’ancien ministre se reprend : « Même si ça a peu de place dans une décision d’un ministre de l’Intérieur. » Comme on dit, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Et, jusqu’à ce jour, les ministres de l’Intérieur successifs ont, semble-t-il, été gênés aux entournures pour assouvir leur plaisir, c’est-à-dire prononcer la dissolution de Génération identitaire. Ces entournures s’appellent le droit. On notera que, jusqu’à ce jour aussi, les ministres de l’Intérieur successifs ont été, apparemment, gênés pour faire la peau (judiciairement, s’entend) aux milices d’extrême gauche qui, de façon quasi systématique, battent le pavé (et pas que le pavé) en marge des manifestations de rue. Il est vrai que ces bandes organisées ne déposent pas gentiment leurs statuts à la sous-préfecture du coin et n’invitent pas les élus à leur AG annuelle. De là à penser qu’il n’y aurait pas de plaisir à s’en occuper sérieusement, nous n’oserons pas avancer cette hypothèse.
Alors, le président du groupe LREM à l’Assemblée s’excuse presque au micro de la radio d’État de ne pas avoir pu dissoudre Génération identitaire : « À chaque fois, on m’a répondu qu’ils avaient commis des actes politiques très “borderline”, à la limite, mais jamais de faute juridique qui pouvait justifier la dissolution. » C’est ballot, ça ! « Borderline » : vous me direz que, justement, Génération identitaire s’y connaît, en frontière. Apparemment mieux que Christophe Castaner ! Donc, le ministère ne pouvait pas faire plaisir à son ministre qui, reconnaît-il au moins, voit en cela une protection de la démocratie. C’est heureux, effectivement que l'on ne puisse pas dissoudre une association au seul motif du bon plaisir d'un ministre.
Mais il paraît qu’il y aurait des faits nouveaux, affirme l’ancien ministre. Lesquels ? Il ne le dit pas. Ces faits, « le ministre de l’Intérieur a souhaité s’en emparer », poursuit Christophe Castaner, qui termine avec cette diatribe : « Et je vous le dis du fond du cœur que ces gens-là qui se cachent derrière un militantisme associatif et qui, en réalité, sont xénophobes, racistes et provoquent de la haine dans notre société, puissent effectivement perdre cet écrin derrière lequel ils se protègent comme des lâches. » Des mots qui ne manquent pas de sel, quand on y réfléchit un peu. « Ces gens-là » ne se cachent pas sous des cagoules, à la différence des miliciens d’extrême gauche que Castaner a été incapable de réprimer lorsqu'il fanfaronnait place Beauvau, mais agissent à visage découvert. « Ces gens-là » ne cassent pas de vitrines, ne brûlent pas de voitures, ne violentent pas de policiers. Pour tout dire, « ces gens-là » ne manquent pas de culot, de courage et, pour tout dire, il faut le reconnaître, d’intelligence. C’est peut-être d’ailleurs cela qui agace profondément Castaner.
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