Castaner réfléchit à des quotas pour l’immigration : il a encore tout faux !

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déclaré être opposé à la création de quotas pour le droit d’asile, tout en se demandant s’il ne faudrait pas en instaurer pour l’immigration.

Instaurer des quotas pour le droit d’asile est impossible ; selon notre Constitution, quiconque est menacé de mort ou de prison pour des raisons qualifiées de politiques (ce qui écarte, en théorie, les personnes ayant commis des délits de droit commun) est autorisé à s’installer en France si tel est son désir. Néanmoins, le droit d’asile est détourné de son but et favorise une immigration purement économique. Peu de pays sont dangereux pour leurs ressortissants : la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan, la Chine pour certains de ses habitants, l’Érythrée (qui impose un service militaire de 25 ans), voire l’Éthiopie, la liste des pays à problèmes est fort courte. Il y a cinquante ans, le droit d’asile induisait moins de 2.000 entrées légales sur le sol national, contre plus de 30.000 en 2018, alors que le monde de 1970 était sans doute plus dangereux que le nôtre. En Allemagne, les candidatures de ressortissants de pays dits sûrs (Sénégal, Algérie, Maroc, Albanie...) sont immédiatement retoquées ; en France, un juge les examine systématiquement et donne un avis favorable dans 1 cas sur 3.

À côté de cette immigration légale, qui se multiplie par le biais du regroupement familial ou l'arrivée de « mineurs » isolés qui sont automatiquement pris en charge, et qui, à leur majorité, obtiennent de rester, existe celle qui est illégale, les déboutés du droit d’asile, qui restent dans 90 % des cas et obtiennent leur régularisation cinq ans après. Établir des quotas ne ferait pas diminuer l’immigration clandestine, au contraire. Cela risquerait de donner un peu plus d’espoir à ceux qui, en Afrique ou ailleurs, rêvent d’Europe. Avec les quotas, nous risquons d'augmenter le nombre d’étrangers qui s’installeront en France. Les pro-migrants seront ravis, certes, mais cette ouverture des frontières est absurde : 65 % des réfugiés arrivés en Allemagne depuis 2015 sont toujours sans emploi ! Chez nous, le taux doit être encore pire puisque notre chômage est bien plus élevé qu’outre-Rhin. En 1930, l’immigration en France était une bénédiction, du fait de la saignée de la guerre. Les nouveaux venus, Italiens ou Polonais, trouvaient immédiatement à s’employer. Rien de tel en 2018.

Les faits sont têtus : une grande part des nouveaux immigrés en France vit d’aides publiques. Or, si on versait à un Guinéen, dans son pays, jusqu’à la fin de sa vie 10 % du RSA qu’il toucherait s’il s’exilait en France, il recevrait l’équivalent du SMIC guinéen ! Payer ceux que la France veut éloigner serait donc une politique peu coûteuse, saine et vertueuse qui aiderait vraiment l’Afrique. En revanche, les régulariser, augmenter le flux d’immigrés serait de la folie pure. M. Castaner a néanmoins ajouté, après avoir évoqué les quotas, que la qualité de l’intégration devait primer. Dans ce cas, il n’y a aucun débat : il ne faut surtout pas établir de quotas, car les nouveaux venus ne s’intégreront pas dans le circuit du travail. Ils plomberont juste les comptes sociaux.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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