Castets et tous les leaders de gauche en forte chute, selon un sondage

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La trêve olympique décidée par Emmanuel Macron est mise à profit par le Président lui-même, qui court les podiums et les vestiaires, pour redresser une impopularité devenue endémique. Contestant cette trêve inventée par Macron, Lucie Castets, le mouton à cinq pattes sur lequel le NFP s'est mis d'accord pour Matignon, tente de sortir de l'anonymat. Georges Michel a souligné le caractère antidémocratique (un de plus) de cette désignation entre leaders de gauche. Il n'empêche que la dame bat la campagne, comme pour se légitimer médiatiquement, à défaut d'onction populaire et de majorité à l'Assemblée. Cela marche parfois, mais visiblement, les Français - les 11 millions d'électeurs RN mais aussi beaucoup d'autres, au centre et à droite - commencent à trouver un peu fort de café ce nouveau coup de force de la gauche qui joue des coudes pour s'imposer à tous les niveaux du pouvoir.

C'est un sondage Elabe pour Les Échos, paru le 1er août, qui vient remettre les pendules à l'heure : non seulement « Lucie Castets n'émerge pas », mais « les autres personnalités [de gauche] déçoivent ». Les leaders de gauche avaient tous connu une forte poussée au sein de l'électorat de gauche durant les semaines où Mélenchon lui avait fait miroiter que la gauche allait gouverner. Mais le spectacle des négociations d'appareil, de la rivalité PS-LFI, la succession des prétendants pour Matignon ont douché leurs espoirs. Désormais, ces leaders d'accord sur rien, sauf l'impératif de conserver leur siège et leur « barragisme » anti-RN, sont durement sanctionnés par l'opinion. Le NFP a fait plus fort que son ancêtre de 1936 : son état de grâce a cessé trois semaines avant une éventuelle entrée à Matignon : l'usure du non-pouvoir.

Cette sanction de ses leaders par son propre électorat est spectaculaire : Fabien Roussel (l'un des plus populaires) : -8 points ; Raphaël Glucksmann, la révélation du 9 juin disparue le 10 : -10 points ; François Ruffin : -11 points ; Manuel Bompard : -13 points ; et même François Hollande chute de 14 points. LFI et PS peuvent se réconcilier : leurs propres électeurs sont également écœurés par leurs comportements de boutiquiers. Et la nouveauté de Lucie Castets, au milieu de ces poids morts, n'y peut rien : 15 % d'« image positive » pour 33 % d'« image négative » chez l'ensemble des Français, pour une personnalité tout juste découverte par le grand public ! « Généralement, le tableau est meilleur pour les gens qui viennent d'émerger », note Vincent Thibault, le sondeur interrogé par Les Échos. Mais surtout, « les électeurs du camp présidentiel et de l'extrême droite l'ont déjà prise en grippe ». La gauche, les Français n'en veulent pas ! Faut-il rappeler que, dans cette même enquête mensuelle, le premier leader de gauche n'est autre que le pauvre Raphaël Glucksmann (à 30 % d'opinions favorables), mais loin derrière un Jordan Bardella (39 %) et une Marine le Pen (37 %) ?

La gauche apparaît dans une réalité crue : incapable de s'entendre, et encore moins de susciter l'intérêt au-delà d'elle, sans leader incontesté, uniquement préoccupée par les postes à prendre. Un épouvantail. Cette autodissolution de la gauche sert les affaires d'un Emmanuel Macron, qui a rejeté la nomination de Lucie Castets. Mais cela ne résout pas l'équation insoluble de sa majorité introuvable. Il faudra bien que le parti présidentiel et la droite LR en viennent à regarder la réalité politique en face : la France penche vraiment à droite, et même si le vote populaire a été scandaleusement détourné, cette Assemblée en porte cependant la marque. Ils ne pourront gouverner qu'avec le soutien - ou, tout au moins, l'absence de censure - du groupe RN, véritable faiseur de lois et de rois. À eux de lui donner des gages. Les mauvais usages à son égard lors des élections au bureau de l'Assemblée n'en sont pas un bon signe. Si le camp présidentiel d'Attal, le Président lui-même, les LR de Wauquiez et le futur Premier ministre (Xavier Bertrand ?), qui ne pourront bénéficier du soutien de la gauche vu le positionnement qu'ils affichent, persistent dans le « barragisme » anti-RN, dont les premières conséquences désastreuses furent cette Assemblée ingouvernable et cette résurrection factice de la gauche extrémiste, ils paieront cher le blocage à venir. S'ils sont obligés de recueillir le soutien du RN, même discret, la duplicité de leur alliance électorale avec la gauche les discréditera tout autant. Macron demeure seul devant une cohabitation introuvable. À tout faire pour éviter le RN - et le réel -, il se retrouve devant… le vide. Et la France avec lui.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

95 commentaires

  1. « Il faudra bien que le parti présidentiel et la droite LR en viennent à regarder la réalité politique en face » Tout est là. Mais au delà de la situation politique, il y a la réalité financière. La montagne de dettes et de factures planquées dans les tiroirs est là. La faillite rode et la troïka doit préparer ses calculettes.

  2. Comment se réjouir de ces sondages ? A la prochaine élection, le « barrage » fonctionnera de nouveau. L’extrême gauche et leurs alliés progressistes jouent sur du velours. Leurs simagrées entre deux élections n’ont aucun intérêt.

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