Catherine Deneuve voilée fait la promotion d’un artiste égyptien

CATHERINEDENEUVE

Catherine Deneuve se serait-elle convertie à la religion d'Allah le très miséricordieux ? On pourrait le croire si notre regard est attiré par cette très belle photo qui orne l'affiche de l'Institut du monde arabe de Tourcoing, choisie pour attirer la curiosité des futurs visiteurs.

Cette photo est l’œuvre de Youssef Nabil, un photographe égyptien né en 1972 au Caire et qui vit à New York, où il fut l'assistant de David LaChapelle et qui, depuis, a fait un long chemin vers la gloire. Ses photographies font partie de nombreuses collections à travers le monde.

C'est en 2010 que ce brillant artiste rencontra plusieurs actrices dans le cadre d'un projet simplement intitulé « Portraits ». Il aimait beaucoup l'idée de vêtir celles-ci d'un voile à la manière d'une mantille espagnole, d'un foulard adopté par de nombreuses cultures méditerranéennes ou même, a-t-il dit, du voile porté par la Vierge Marie. Ce léger voile noir, il l'a ainsi photographié sur Isabella Rossellini, Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Claudia Cardinale, Anouk Aimée et Catherine Deneuve. « Pour moi », explique-t-il dans plusieurs interviews visibles sur son site Internet, « ce voile est vraiment lié à toutes ces cultures, et même à l'esprit de la Renaissance, une époque que j'aime beaucoup. »

Ces portraits n'ont donc rien à voir avec le niqab, le hidjab et autres vêtements liés à la religion musulmane.

Nous voilà donc rassurés, car de nombreux confrères se sont offusqués de cette affiche qu'ils jugeaient outrageante.

Il est vrai que, personnellement, je préfère voir Catherine Deneuve sous son grand chapeau rose des Demoiselles de Rochefort, mais l'art n'est-il pas celui de la liberté de créer ?

L'Institut du monde arabe de Tourcoing, qui s'est abrité dans le très beau bâtiment d'une ancienne école de natation, est, à l'instar de son équivalent parisien, peu enclin à faire du prosélytisme musulman, puisque tous les Arabes ne sont pas adeptes de Mahomet ! Par contre, offrir au public le travail d'un authentique artiste arabe, voilà une belle mission.

Youssef Nabil est un artiste qui mérite, en effet, notre attention. Dès son retour d'Égypte, en 1999, il a développé ses photographies peintes à la main, avec des portraits d'écrivains, de chanteurs et de stars de cinéma du monde arabe. Depuis cette série de stars voilées, il a évolué au cours des quinze dernières années. Il s'est caractérisée par des scènes liminales dans lesquelles il s’attarde entre les réalités du monde et les rêves sereins, la solitude et les craintes de la mort. Par un film et une série de photographies, il a choisi de défendre la danse du ventre, largement critiquée dans son propre pays.

Son dossier de presse explique que « la technique distinctive de Nabil consistant à imprimer à la main des impressions à la gélatine argentique supprime les imperfections de la réalité. Nabil perturbe les notions de photographie et de peinture en couleur, ainsi que les hypothèses relatives aux sensibilités esthétiques associées à l'art et à celles identifiées avec la culture populaire. Sa couleur à la main évoque un désir ardent et une nostalgie et permet à ses photographies de scintiller entre notre époque et une autre époque. »

L'Institut arabe de Tourcoing expose ce talentueux photographe-peintre jusqu'au 12 janvier.

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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