« Le CCNE se contredit et navigue au gré des événements : il n’a plus aucune crédibilité. »
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La présidente de la Manif pour tous réagit à l'avis rendu par le CCNE sur l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Elle appelle le président de la République à respecter son engagement de ne pas diviser les Français et à se démarquer de François Hollande. Elle dénonce les errances et les divisions du CCNE. Elle détaille toutes les conséquences de cette PMA sans père, du point de vue médical, éthique et symbolique, et annonce une forte mobilisation des associations opposées à cette dérive si le pouvoir suivait l'avis du CCNE.
Ludovine de La Rochère, vous êtes la présidente de la Manif pour tous. Le Conseil consultatif national d'éthique a rendu un avis positif sur la PMA. Qu'est-ce que vous inspire ce premier jugement ?
D'abord, il m'inspire la remise en cause de la crédibilité et de la légitimité du CCNE, le Comité consultatif national d'éthique. Et cela pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que ce comité se contredit parfaitement avec ses avis et travaux antérieurs. C'est tout de même inquiétant. Il a évoqué à plusieurs reprises le besoin fondamental de l'enfant d'avoir un père. C'était à propos de questions qui concernaient et qui aboutissaient à des PMA sans père, en l'occurrence la PMA post mortem.
Or, l'enfant n'a pas changé depuis 1990, 2000, 2010, 2015. L'enfant n'a pas changé. Il a toujours besoin d'avoir un père et une mère.
Par ailleurs, le CCNE n'a pas de charte éthique. Voilà le résultat. Quand on n'a pas de charte, quand on n'a pas de principes fondamentaux, on navigue au gré des événements. C'est évidemment désastreux lorsqu'il s'agit d'éthique.
Enfin, cet avis du CCNE s'inscrit dans un calendrier trop politique. Cela pose question sur la liberté du CCNE. Il devrait à tout moment montrer, et de manière visible, que en ce qui concerne des décisions d'ordre éthique et humain, il ne dépend pas du calendrier politique.
Pour rappel, la PMA était un projet enterré par le gouvernement Hollande. Emmanuel Macron avait dit qu'il ne voulait pas diviser la France sur ce sujet-là et s'en remettait à l'avis du CCNE. Quel message voulez-vous transmettre à Emmanuel Macron dans la mesure où le CCNE n'a qu'un avis consultatif ?
Le CCNE n'est, en effet, que consultatif. D'ailleurs, il a rendu un avis qui n'aurait pas dû être un événement puisqu'il avait déjà évoqué cette question de la PMA sans père.
Mon message à Emmanuel Macron est de s'en tenir à un engagement puissant, fort et réitéré qu'il n'a eu de cesse de reprendre pendant sa campagne et depuis son élection : celui de rassembler les Français. Un projet comme la PMA sans père serait absolument contre-productif. Il irait à l'encontre de cet engagement, puisque c'est un sujet qui diviserait profondément les Français. Cela signifierait qu'Emmanuel Macron ferait la même erreur que François Hollande et qu'il élargirait encore les clivages qui traversent la société française.
Au cas où Emmanuel Macron s'en tiendrait à ce qu'il a dit et commencerait à vouloir légiférer sur le sujet :
qu'est-ce que la Manif pour tous promet au gouvernement à l'avenir ?
Si nous devons aller jusqu'à descendre dans la rue, ce sera, bien sûr, de manière massive, et certainement réitérée.
Quel est le sujet profond de la loi Taubira ? Le mariage. Or, le mariage, c'est pour fonder une famille. Il y a eu des mobilisations immenses encore récemment sur cette question-là, parce que l'enfant y est au cœur. Le besoin fondamental de l'enfant est d'avoir un père et une mère. C'est la prise en compte de la réalité homme/femme, et donc de la filiation père/mère/enfants.
Il y a, par ailleurs, un autre sujet qui traverse la PMA sans père. Cette PMA reviendrait à dire à tous les pères, et donc à tous les hommes, que finalement nous n'avons pas besoin d'eux et que l'enfant n'a pas besoin d'eux.
Ce serait évidemment désastreux. Nous n'attendons pas des hommes qu'ils soient des pourvoyeurs de sperme, sans avoir besoin d'eux pour le reste.
Autrement dit, cette question de la PMA sans père ouvre des questions majeures et elle a des applications extrêmement nombreuses.
Prenons un autre exemple. La procréation médicalement assistée (c'est ce que veut dire PMA) est un acte médical. Or, une femme célibataire ou deux femmes en couple n'ont pas de problèmes de fertilité. Ce n'est pas la question. Il ne s'agit pas d'un enjeu d'ordre médical. La PMA sans père serait donc un détournement de la médecine. D'ailleurs, les médecins ou scientifiques membres du CCNE sont dans une position tout à fait stupéfiante. À ce sujet, remarquons que le CCNE est très divisé. Environ un tiers des membres ont exprimé et affiché leurs divergences avec cet avis. Cela veut dire que le CCNE lui-même est divisé. Imaginez la société française. D'ailleurs, nous avons rendu public, aujourd'hui même, un sondage réalisé par l'institut de sondage OpinionWay. Il montre d'abord que pour presque huit Français sur dix, l’État doit garantir à l'enfant conçu avec la PMA d'avoir un père et une mère. C'est donc une opposition massive à la PMA qui priverait un enfant de père de manière délibérée.
Deuxièmement, une grande majorité (sept Français sur dix) pense que c'est un sujet qui diviserait les Français.
Et enfin, quand on demande aux Français quels sont les chantiers prioritaires, ils évoquent de nombreux sujets très importants comme le chômage, le terrorisme, la sécurité, la délinquance, l'éducation, etc. Il n'y a que 2 % de réponses qui concernent l'ouverture d'un débat sur la PMA sans père. Cela veut dire que c'est une demande marginale.
Autrement dit, Emmanuel Macron ferait une erreur sociale et politique majeure s'il devait donner suite à cet avis hautement contestable du CCNE.
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