Ce que dira la manif LFI du 22 mars

Mélenchon fera la démonstration de sa force ou celle de sa marginalité.
Capture d'écran X
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Grosse caisse, tambours, clairons et trompettes : LFI orchestre une intense publicité pour sa « grande » manifestation du 22 mars, et c’est vrai que le parti de Mélenchon joue gros. Il fera la démonstration de sa force ou celle de sa marginalité.

On regardera donc avec attention ceux qui se seront laissés mobiliser par les affiches d'un goût exquis peaufinées par les équipes de LFI, à deux reprises. Les premières représentaient l’animateur Cyril Hanouna sous des traits qui auraient valu, voilà quelques années, à l’extrême droite un infini et définitif procès en antisémitisme, nazisme et autres -ismes pires encore. Perseverare diabolicum : la même équipe « Affiches » de LFI, décidément très inspirée, n’a rien trouvé de mieux que d’aligner les objets de ses haines et de les désigner à la détestation publique. « Dégageons les racistes », lance une première affiche de mobilisation à la grande « manifestation contre le racisme et le fascisme », où apparaissent les visages de Praud, Retailleau, Le Pen, Hanouna et Ciotti. Après avoir dénoncé le fascisme, on emprunte ses affiches. On retrouve Pascal Praud sur une autre affiche où il est, cette fois, en compagnie de Marine Le Pen et de Retailleau. LFI a fait machine arrière sur cette communication ahurissante. Trop tard. Pascal Praud indiquait, ce 18 mars, qu’il envisageait de porter plainte… D’autres sympathiques démocrates habitués des coups de poing et des destructions se donnent aussi rendez-vous le 22 mars. En témoigne cette affiche : « Antifa ? Viens, on marche le 22 mars. »

Quelque chose de pourri, au royaume de la gauche manifestante

Encore une fois, on n’a pas entendu Reporters sans frontières ni les associations de journalistes s’émouvoir de ce précédent : la désignation d’un journaliste sur une affiche, façon homme à abattre par une extrême gauche qu’on a vue à l’œuvre à Sainte-Soline et ailleurs. Pas un mot des sociétés de rédacteurs, de la Ligue des droits de l'homme, des défenseurs de la liberté d'expression dressés contre Bolloré. Ça ne les empêchera pas d’accuser les patriotes de « jouer sur les peurs ». Comme d’habitude, LFI tente de séduire les gros bras de la gauche radicale et les supplétifs excités des banlieues, as de l’attentat et du couteau, que plus personne ne maîtrise. De l’huile sur le feu. Il faudra écrire ce qu’il aura fallu de courage aux politiques et aux journalistes qui affrontent les incendiaires d’une France qui les déteste à mort.

Succès ou échec, nul ne le sait à ce stade, mais il y a quelque chose de pourri, au royaume de la gauche manifestante. Elle a bien repris la rue, lors des manifestations sur les retraites, avec jusqu’à 3,5 millions de manifestants, en mars 2023, contre la loi Borne. Mais la thématique est très éloignée. Il y a peu de chance que LFI mobilise dans ces proportions… Si l’on oublie les retraites, il faut remonter loin dans le temps pour retrouver les grands défilés de la gauche en armes. En janvier 2015, les 3,7 millions de Français qui défilaient en hommage aux victimes des attentats et pour la liberté d’expression n’étaient pas spécialement mobilisés par la gauche LFI pro-Hamas et pleine de mansuétude envers l'islam politique. En 2013, c’est la droite qui défilait en masse contre le mariage pour tous.

La dernière grande manif contre l'extrême droite remonte à 2002

La dernière grande manifestation contre « l’extrême droite », un must de la gauche en armes, remonte au 1er mai 2002 : 1,3 million de Français avaient défilé dans tout le pays pour « faire barrage à Jean-Marie Le Pen ». Le leader du FN s’était qualifié pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac, le 21 avril précédent, décrochant la mâchoire de la France bien-pensante.

L'objectif est identique, pas le contexte. La droite nationale est bien plus puissante qu'en 2002, la gauche qui brade la patrie semble se replier derrière son gourou et ses banlieues pourries par la violence et l’argent de la drogue. Le 21 avril avait révélé le rôle futur du FN dans la politique française ; le 22 mars évaluera l’emprise du parti de Mélenchon sur les bobos citadins, les antifas, les banlieues, sous le regard de ce qui reste d'une gauche socialiste ou verte, en décomposition au point de se donner à Raphaël Glucksmann. Une gauche toujours prête à s’allier au pire pour grappiller encore un peu de pouvoir et de lumière.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Je suis d’une époque où les paras à chaque concert de Gainsbourg étaient là prêts à hausser le ton et plus encore lorsqu’un poivrot déshonorait la Marseillaise, d’une époque où les syndicats d’ étudiants de droite jouaient du poing à la sorties des amphis maintenant les l’uns surtout les 1er et les autres rasent les murs la tête basse apeurés laissant le champ libre aux casseurs de gauche. Nous avons ce que nous méritons la lâcheté des uns laissera un jour le pouvoir aux autres.

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