Ce que l’affaire Richard Berry dit de notre société…
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À peine avions-nous le temps de reprendre nos esprits après le « scandale Olivier Duhamel » qu'une autre affaire surgit dans l'actualité. Cette fois-ci, c'est Coline, la fille de l'acteur Richard Berry, qui annonce porter plainte pour « inceste » contre son père. Les réseaux sociaux s'emballent, le show-biz se déchire : Josiane Balasko soutient la fille, Carla Bruni le père, l'enquête est ouverte, nous voilà donc occupés pour quelques jours... Effet Camille Kouchner ou Vanessa Springora ? Peu importe le temps qui a passé, les langues se délient, l'heure est à la vérité. Pour le meilleur ou pour le pire. Ces deux dernières affaires quasi simultanées nous en apprennent, en tout cas, beaucoup sur l'état de notre société.
Tout d'abord, il semble bien que nous ayons passé une étape. À croire que nous sommes déjà dans le « monde d'après ». Celui d'une génération qui règle ses comptes avec celle de Mai 68. Notre société nouvelle découvre avec effarement les effets délétères du « jouir sans entraves » qui a accouché d'un monstre, celui de la consommation de sexe avec des enfants sous complicité des adultes. Des associations de protection de l'enfance alertaient les pouvoir publics depuis des années sur les défaillances de notre système sur ce sujet.
Espérons que, cette fois, elles seront entendues, que sera expurgée définitivement des textes cette notion de « consentement du mineur » qui permet de requalifier en délit (cinq ans d'emprisonnement) plutôt que crime (quinze ans) une relation d'un majeur avec un mineur au cas où preuve est faite que la victime était consentante. Les exemples judiciaires ne manquent pas qui voient des majeurs condamnés pour simple délit alors qu'ils sont coupables de viol sur des jeunes filles à peine pubères. C'était encore, très récemment, le cas d'un éducateur de 47 ans coupable de viol sur une jeune fille de 13 ans pourtant placée sous sa responsabilité. L'hypersexualisation ambiante n'arrange rien, car la plupart des adolescents ont une grande connaissance dans ce domaine et il est facile de prouver qu'ils savaient ce qu'ils faisaient avec l'adulte. La nouvelle proposition de loi va dans le bon sens puisqu'elle entend incriminer tout rapport sexuel avec un mineur, quelque consentement donné, mais elle ne concernerait que les moins de 13 ans.
Vraies ou fausses, ces dramatiques révélations auront eu cet effet bénéfique d'une prise de conscience : nos mineurs ne sont pas suffisamment à l'abri ! Malheureusement sur ce sujet des enfants, notre société n'est pas encore championne. Elle s'apprête même à fouler au pied bon nombre de leurs droits. À commencer par celui de naître, qui devrait pouvoir être supprimé jusqu'au 9e mois de grossesse. Ou celui d'avoir un père et une mère. Tout ceci contenu dans la fameuse la loi de bioéthique qui fait tousser le Sénat.
Ces deux affaires Duhamel et Berry disent encore autre chose de cette drôle d'époque dominée par cette intrusion ahurissante des réseaux sociaux dans nos modes de vie. Susceptibles de propulser d'un coup de clic sur le devant de la scène victimes ou bourreaux, innocents ou coupables. Avec effet contagion assuré. Coline Berry ne s'en cache pas, le livre de Camille Kouchner aura, pour elle, agi comme un révélateur. Pour mettre en branle ce tribunal médiatique qui, quelle que soit l'issue d'un éventuel procès arrivé inéluctablement trop tard, aura déjà jugé et condamné sur la place publique. Un innocent ou un coupable. Peu importe, les tribunaux seront restés sur le banc de touche car qui se souciera du sort de Richard Berry s'il est jugé dans un an ou deux ? Ou même de sa famille, décomposée, recomposée, déchirée, en lambeaux ?
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