Ce que n’a pas dit Élisabeth Borne sur le droit de vote des femmes
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« Le 21 avril 1944, les Françaises obtiennent le droit de vote. Un rappel puissant de notre Histoire et du long chemin parcouru depuis l’obtention de ce droit. Célébrons cette victoire et gardons à l’esprit que le combat pour l’égalité réelle doit être poursuivi sans relâche. » C’est beau, c’est du Borne. Femme de gauche, paraît-il, et forcément féministe, le Premier ministre ne pouvait rater cet anniversaire. Un compte rond eût été mieux, mais rien ne dit que pour le 80e anniversaire, le 21 avril 2024, Mme Borne sera encore aux affaires.
Le 21 avril 1944, les Françaises obtiennent le droit de vote.
Un rappel puissant de notre histoire et du long chemin parcouru depuis l'obtention de ce droit.
Célébrons cette victoire et gardons à l'esprit que le combat pour l’égalité réelle doit être poursuivi sans relâche. pic.twitter.com/rnA2NtLm0q
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 21, 2023
C’est donc effectivement le 21 avril 1944 que le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française, signa une ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France dans laquelle il était précisé : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. » Autant dire, pour être précis et au risque de passer pour un rabat-joie, que ce droit de vote n’a pas été obtenu mais concédé. Nuance. Par une ordonnance et non par la loi. Nuance qui n’est pas des moindres. La constitution de la IVe République adoptée en 1946 gravera ce droit dans le marbre.
Précisons, du reste, que ce droit de vote n’était pas dans le programme du Conseil national de la Résistance. D’âpres discussions avaient eu lieu sur cette question du droit de vote et de l’éligibilité des femmes dans les instances de la Résistance, notamment au sein du Comité général d’étude (CGE), chargé de travailler sur les futures institutions de la France. Au début de 1943, ce CGE dirigé par l’ancien ministre radical Paul Bastid adopte une ligne opposée au droit de vote des femmes, comme l’a souligné Simon Dell’Asino dans le bulletin de l’Institut Pierre-Renouvin en 2017 : « Composé de républicains défenseurs de la Troisième République, le CGE va vite adopter une ligne conservatrice, devenant le premier opposant au suffrage des femmes. » Le très républicain Paul Bastid ira même jusqu’à écrire : « L’admission des femmes dans le corps électoral pourrait se faire progressivement, en commençant par les élections municipales. Certains demandent qu’il y ait des bureaux de vote distincts pour qu’on puisse mesurer exactement la différence de réaction entre les sexes. » On est loin des images d’Épinal, quasi mythologiques, fabriquées, depuis, sur la conquête de ce droit.
On peut d’ailleurs se demander si cette suggestion de bureaux de vote distincts ne visait pas à cerner les idées politiques des femmes, réputées plus conservatrices à l’époque. L'influence de la sacristie et tout ça... Du reste, le Front populaire qui accéda au pouvoir en 1936, même s’il fit entrer les premières femmes au gouvernement (trois modestes sous-secrétaires d’État…), n’instaura pas le droit de vote des femmes. Au fond, cette réticence, pour ne pas dire plus, à accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes s’inscrivait dans la grande tradition de la Révolution française qui fut, de ce point de vue, une régression. En effet, avant la Révolution, les femmes chefs de famille n’avaient-elles pas le droit de vote dans les assemblées municipales ? La belle image, désormais mythologique, d’une Olympe de Gouges déclarant que « la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune » ne doit pas faire oublier cette réalité : l’égalité femme-homme, comme on dit aujourd’hui, recula sous la Révolution et le Code civil napoléonien vint parachever le travail. « Un rappel puissant », comme dit Élisabeth Borne !
Moyennant quoi, les Françaises obtinrent le droit de vote bien après de nombreuses consœurs européennes, par exemple les Albanaises en 1920… Pour terminer, on voudrait être disruptif, comme on dit, on rappellerait que la première femme investie de la charge de maire, une certaine Louisa Mariello, désignée par l’administration, le fut à la Martinique, en 1941... sous Vichy.
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12 commentaires
La gauche a toujours été hypocrite.
Ces macronistes sont champion du monde du mensonge ! Inspirés par Machiavel ?
Elle nous parle sans arrêt de la retraite à 64vans. A 64 ans pour qui ? Seulement pour les salariés du privé dont le régime est bénéficiaire et qui renflouent les régimes des privilégiés.
Elle dit aussi qu’ils vont pouvoir à avoir une majorité suffisante pour réformer : on dirait qu’elle veut nous faire croire que la réforme des retraites aurait été votée démocratiquement. Nous prend elle vraiment pour des demeurés ? On les entend aussi dire qu’ils vont « continuer » à baisser les impôts. Ces grandes élites ignoreraient elles que pour continuer, il faut déjà avoir commencé ?
Il serait temps que ce gouvernement macronien arrête de nous prendre pour des illettrés, pour parler comme leur grand mentor !
Un titre de gloire que bien des historiens considèrent comme une honte…eu égard à son arrivée un peu…tardive !
Un droit bien tardif pour ces Républiques française dont les édiles de gauche ne voulaient surtout pas que les femmes, jugées réactionnaires, votent. Cela aurait contrarié la marche du progrès social…
Je n’étais pas née, mais mon arrière grand mère, selon ce qu’elle m’a dit et ce que m’a raconté ma grand mère, a tenu à être la première à aller voter pour ce premier vote.
Elle a mis ses vêtements du dimanche,et est donc arrivée la première devant le bureau de vote, afin d’y rentrer la première.
(es Françaises voteront pour la toute première fois en avril 1945 à l’occasion des élections municipales)
C’était une femme adorablement féminine, pourtant, qui adorait danser, en relevant le bas de sa robe (qu’elle portait longue) et en chantant pour la petite fille que j’étais.
On peut constater, une fois de plus, que les fameuses « valeurs républicaines » sont un mythe, tout comme les avancées dues à la Révolution française. La gauche française se complait dans l’illusion et la supercherie.
Totalement ! « valeurs » et « laicité » : mon oeil ! liberté, égalité, n’en parlons pas…
En bonne socialo, Élisabeth se Borne à ne parler que de ce qui arrange sa propagande.
Bonsoir mon colonel, sans oublier que les militaires n’obtiendront ce droit de vote que………..1 an plus tard en 1945! Madame Borne comme son »supérieur » fait de la »com électoraliste ». Belle soirée á vous.
Les Finlandaises ont l’égalité des droits politiques et sociaux depuis … 1906 ! Premières au monde ! La gauche Française aurait pu donner le droit de vote et d’éligibilité aux Françaises en 1925 avec le Cartel-des-Gauches ou en 1936 avec le Front-Populaire. Pendant ce temps-là Mustapha-Kemal avait donné le droit de vote aux Turques !! Ma mère, féministe dans les années 30 avait découvert le statut des Finlandaises et admirait ce pays. J’ai épousé une … Finlandaise !!
Avant 1944, la France etait le pays des droits de l’homme … sur la femme, apparemment trop ingénue pour pouvoir choisir correctement ses élus. La France n’a d’ailleurs jamais été le pays des droits de l’homme, mais le pays de la déclaration des droits de l’homme, écrite à un moment de notre histoire où jamais autant d’opposants politiques n’ont été envoyés à l’echafaud après un jugement sommaire (ou sans jugement).
Soyons toujours méfiants de ces politiciens qui n’ont que le mot démocratie à la bouche pour qualifier notre pays. La vérité est bien plus nuancée, surtout depuis 2007, début du quinquennat du premier voyou, celui qui s’est assis sur notre referendum.
« depuis 2007, début du quinquennat du premier voyou… »
Celui, aussi, qui installa la nouvelle dynastie des « indignes »