« Les étudiants qui bloquent doivent être sanctionnés »

UNI

Après Sciences Po Paris, la prestigieuse université de la Sorbonne a été le siège, lundi, d’une nouvelle mobilisation pro-palestinienne. Elle s’est accompagnée de blocages qui ont paralysé 55.000 étudiants, elle a suscité l’évacuation de l’ensemble des amphithéâtres et des salles de cours et l’annulation des cours et des examens. Depuis, le phénomène se propage à Tolbiac et dans les instituts d'études politiques de province. Réaction avec Yvenn Le Coz, délégué national de l'UNI.

Gabriel Decroix. Le ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau dénonçait récemment, au micro de BFM TV, la forme de mobilisation à Sciences Po qui empêche le débat. Qu’en pensez-vous ?

Yvenn Le Coz. Sans même parler de position par rapport à Israël, à la Palestine ou au Hamas, nous condamnons avec l’UNI de toute notre force les actions du Hamas qui, nous le rappelons, est un mouvement terroriste islamiste. L’objectif n’est pas de prendre position sur la guerre. En tant qu’association étudiante, nous voulons permettre aux étudiants d’aller étudier, d’avoir le meilleur diplôme possible. Lorsqu’il y a des dégradations, c’est aux étudiants et à leurs parents de payer et non au contribuable, voilà les objectifs !

Quand les étudiants, qui ne sont pas des étudiants pro-palestiniens mais des étudiants pro-Hamas, pour une bonne partie d’entre eux, viennent bloquer ou occuper des locaux comme cela, nous nous y opposons avec l’UNI. Ces occupations et ces blocages qui se démultiplient dans les IEP ne viennent pas de nulle part. Elles répondent à l’appel d’associations d’extrême gauche : l’Union étudiante, l’UNEF, le Poing levé et, évidemment, La France insoumise. Ces organisations appellent au soulèvement dans les facultés afin de servir leur logique électoraliste. Malheureusement, notre gouvernement laisse faire, ce qui est une forme d’encouragement. Au fond, des étudiants qui voulaient simplement étudier ou passer leurs partiels, comme c’était le cas hier, ont été empêchés.

G. C. Vous avez appelé, dans un communiqué, à ce que l’Université française ne devienne pas une ZAD et un lieu du militantisme pro-Hamas. Vous nous disiez que dans le cas de la Sorbonne, il y avait davantage d’étudiants pro-Hamas que simplement pro-Palestine. S’agit-il d’étudiants et pas seulement de militants extérieurs ?

Y. L. C. Il va être compliqué de vous donner des proportions, mais on sait que, parmi les militants pro-palestiniens, il y a une part non négligeable de militants pro-Hamas. Cela se voit à travers les chants scandés tels que From the river to the sea, repris par le Hamas et qui appelle à la disparition de l’État d’Israël. Cela s’est encore vu hier, à la Sorbonne, lorsque nous y étions, avec une affiche « Hamas = Terrorisme », arrachée par les manifestants. Autour d’eux, il y avait toutes les organisations étudiantes et des députés de La France insoumise. Est-ce que, lorsque des manifestants d’extrême gauche et pro-Hamas ont bousculé très violemment nos militants et ont arraché l’affiche, ces députés ont dit quoi que ce soit ? Non, ils sont tous restés à côté à les applaudir et à nous huer parce que l’on avait osé mettre cette pancarte. Voilà la réalité des choses !

Parallèlement, dans un rassemblement de droite, si quelqu’un mettait une affiche faisant l’apologie de groupes d’extrême droite comme le nazisme, personne ne trouverait cela normal. À l’extrême gauche, certains soutiennent des terroristes islamistes. C’est absolument scandaleux et, malheureusement, ce n’est pas réprimé.

Chacun a sa position sur le conflit israélo-palestinien. Notre objectif, à l’UNI, est de porter les valeurs de la droite et d’améliorer les conditions d’études des étudiants à l’université. Donc, outre le fait que nous condamnons les actes terroristes du Hamas, nous ne sommes pas là pour nous positionner sur ce conflit. Des hommes politiques le font très bien. Mais en aucun cas nous ne devons tolérer des militants pro-Hamas, ces blocages et ces occupations. Et à ceux qui affirment que c’est un mouvement terroriste qui ne fait que répondre à Israël, il est important de rappeler que le 7 octobre, ce n’est pas Israël qui a attaqué mais le Hamas élu par les Palestiniens, qui a tué plus d’un millier d’Israéliens ce jour-là. Honte aux personnes qui font du révisionnisme sur cela.

G. C. Les IEP de Rennes, Strasbourg, Menton, Saint-Étienne, Poitiers ainsi que Tolbiac sont à présent gagnés par ces manifestations. Quelles solutions proposez-vous pour les contenir et quel rôle peuvent jouer vos étudiants pour cela ?

Y. L. C. Une AG se tient même actuellement à Sciences Po Lyon. Cette école devrait être bloquée aussi ! Malheureusement, c'est compliqué à contenir. Nous n'en serions pas là si Sylvie Retailleau avait écouté l’UNI et avait mis en place ce que l’on préconisait depuis des semaines. Il s’agissait de limiter les réunions qui sortaient du cadre de la liberté d’expression. S’il y avait des réunions pro-Palestine, où chacun peut s’exprimer, il y a eu aussi des réunions avec une orientation pro-Hamas.

Si, au lieu de saluer Sciences Po qui a décidé de ne pas sanctionner les étudiants qui ont bloqué et occupé l’IEP, Sylvie Retailleau avait demandé de tous les sanctionner sans exception, nous sommes à peu près sûrs que la mobilisation ne se serait pas répandue de la sorte. Les étudiants qui campaient ont simplement été délogés par les forces de l’ordre. Est-ce qu’il y aura des sanctions disciplinaires contre eux ? A priori, non.

Ce sentiment d’impunité doit cesser et l’ensemble des étudiants qui bloquent l’établissement public, enfreignant ainsi le règlement et la loi, doivent être sanctionnés. Il faut que Sylvie Retailleau ait le courage - ce qui m’étonnerait - d’enfin dire cela aux chefs d’établissement. Dans ce cas, je suis à peu près certain qu’en une ou deux semaines, avec une dizaine de sanctions disciplinaires contre les bloqueurs, ils seront moins nombreux à bloquer.

À Sciences Po, Sylvie Retailleau avait félicité la direction temporaire de l'école pour la levée des blocages. Cette nouvelle direction s’est soumise, finalement, aux demandes des militants pro-palestiniens. Cela ne fonctionne pas comme cela. Il fallait envoyer des forces de l’ordre, il fallait déloger ces militants d’extrême gauche et pro-Hamas et il fallait expliquer que chacun des fauteurs de troubles serait sanctionné. Si nous avions fait un exemple du cas de Sciences Po, nous n’aurions pas eu la Sorbonne hier, l’IEP de Saint-Étienne et la moitié des IEP de France bloqués.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Ces touristes des études, vulgarisateurs des théories du hamass, devraient être virées, subventions coupées, et interdiction d’études pendant quelques années. Cela dit, avec un gouvernement qui tremble devant une poignée de ces nervis, ce n’est pas près d’arriver. Pour cela il faudrait que ceux qui nous gouvernent aient une solide paire à leur disposition, ce qui est loin d’être le cas.

  2. Netanyahou va etre content des propos d´Yvenn Le Coz….A Sciences Po, oui, on fait de la politique, c´est meme fait pour ca…….

    • J’ai fait une fac d’éco-gestion très connue. Quand le prof entrait il se faisait un silence de cathédrale. Un véritable étudiant est là pour apprendre. On ne demande pas à des étudiants en sciences politiques de faire de la politique mais d’étudier la politique. Ils auront tout le temps de mettre en application ce qu’ils auront pu apprendre une fois leurs cursus universitaire terminé. Vous confondez visiblement la politique et l’agit-prop.

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