Ce sont toujours les mêmes icônes que l’on nous sert, et pourtant…

Du 21 septembre au 5 octobre, les femmes en or des JO réapparaissent à l'Assemblée nationale pour mieux nous "inspirer"
© Assemblée nationale – 2024
© Assemblée nationale – 2024

Il y aura incontestablement foule, en ces Journées européennes du patrimoine, pour aller admirer ces femmes en or : les créneaux proposés affichent déjà complet, 10.000 personnes sont attendues. Fabriquées par impression 3D, ces grandes dames de quatre mètres de haut seront exposées à l’Assemblée nationale et accessibles au public à partir du 21 septembre et jusqu’au 5 octobre.

Surgies de la Seine lors de l’indigne cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, ces dix statues attendaient sagement leur point de chute, tel que nous le rappelions en ces colonnes. Ainsi, Anne Hidalgo aimerait les poser le long de la rue de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement : « C’est une avenue majeure qui va vers Saint-Denis et la basilique des rois de France. C’est un symbole fort. » Si, dans l’esprit de la gauche, il s’agit de rompre avec l’héritage de la monarchie et celui du catholicisme en imposant ces figures féministes, l’aspect subversif n’est peut-être pas tant celui qu’Anne Hidalgo attend. Celle qui croit encore choquer le bourgeois avec un combat culturel si consensuel devra peut-être assumer son symbole de progressisme dans ces quartiers multiculturels où la liberté et la condition de la femme laissent parfois à désirer.

 

 

En attendant, cette exposition « s’intègre dans la politique d’ouverture de l’Assemblée nationale au public et la mise en valeur de figures féminines souhaitées par la présidente Yaël Braun-Pivet », explique un communiqué de la chambre basse. C’est pour cette même raison qu’en 2022, un buste de Simone Veil avait été inauguré dans le jardin des Quatre Colonnes ou qu’en mars 2024, l’exposition « Aux urnes, citoyennes ! » retraçait les longues décennies de lutte pour que s’impose l’égalité politique entre les femmes et les hommes. Plus récemment, en mai 2024, l’exposition « La Beauté et le Geste », de Laurent Perbos, installée sur l’emmarchement du palais Bourbon, célébrait le sport et des figures féminines à travers six Vénus de Milo métamorphosées.

Sans grande surprise, encore et toujours Beauvoir, Veil et Halimi...

Qui sont ces grandes dames érigées comme modèle de société ? Sans originalité, les sempiternelles Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Simone Veil et Gisèle Halimi, pour les plus connues. Militantes anarchiste, antiraciste ou pro-avortement, c’est peu ou prou toujours les mêmes icônes féministes que l’on nous sert, comme si l’Histoire avait la mémoire courte. Plus inattendu aurait été de nous proposer d'autres femmes « inspirantes » qui, pas moins courageuses, ont su œuvrer pour la France. Cela aurait été facile avec Jeanne d’Arc devenue, à son insu, nouvelle icône transgenre. Citons, également, sainte Geneviève, sainte protectrice de la capitale à qui l’on doit, alors qu’elle n’a que 28 ans et que les Huns s’apprêtent à envahir Paris, cette citation féministe avant l’heure (nous sommes au Ve siècle !) : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. »

Aliénor d’Aquitaine, Catherine et Marie de Médicis ont, elles aussi, connu des destins exceptionnels, des vies intrépides et des influences politiques majeures. Mais en France, on n’aime pas les reines : on leur coupe la tête. Droits des femmes doit inévitablement rimer avec liberté à disposer de son corps. Une vision définitivement réductrice, puisque tel que le rappelait feu Patrick Buisson, cette révolution sexuelle a conduit à la phallocratie : « Pas d’enfants, pas de mariage, l’accouplement mais pas la mise en couple, la consommation du corps féminin mais pas son entretien sentimental et encore moins financier. Tout cela s’est donc fait au détriment des femmes. Alors qu’on avait voulu nous faire croire qu’elles étaient les grandes gagnantes de cette opération. »

Fort heureusement, un néo-féminisme émerge peu à peu et BV aura l'occasion de vous en reparler. Nos lecteurs les connaissent déjà, elles s'appellent Marguerite Stern, Dora Moutot et Alice Cordier, mais aussi Gabrielle Cluzel ou Eugénie Bastié. Toutes ont en commun de s'ériger contre la déconstruction et la radicalité du féminisme de gauche. Mais n'attendez pas que nos élites leur érigent des statues !

Picture of Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. « Tout cela s’est donc fait au détriment des femmes. Alors qu’on avait voulu nous faire croire qu’elles étaient les grandes gagnantes de cette opération. » C’est depuis toujours l’argument principal des maquereaux.

  2. Ne pas oublier l’héroïne de Beauvais, Jeanne Laisné, dite Jeanne Hachette, dont le courage, la volonté et la vaillance ont été décisifs pour repousser les troupes de Charles le Téméraire lors du siège de Beauvais en 1472. Comme Sainte Geneviève, quelques siècles plus tôt à Paris, sa détermination a entrainé les femmes de la ville dans un même élan libérateur. Chapeau Mesdames !

  3. De beaux objets mis à disposition des intentions des graffeurs. D’un coté des statues sont soustraites des lieux publics, de l’autre on en soumet aux tentations. Etrange démarche.

  4. Le petit père des peuples avait bien ses statues…pour le reste, tout le monde sait bien que l’amie Gisèle était une « femme en or » !

  5. ça commence à faire du réchauffé ! quand c’est fini, c’est fini. Ils vont nous faire le coup jusqu’à Noël ?

  6. Toutes ces statues ont un point commun : Elles sont moches. Cella vient du fait qu’elles ont étés faites par une machine et non par la main d’un artiste. Les Hidalgo ou les Braun-Pivet ne peuvent pas comprendre la nuance.

  7. Et « l’Ange de Dien Bien Phu »…
    Et Marie Curie…
    Et Josèphine Baker…
    Et… il y en a tant qui ont grandi l’image de la France…

  8. Eh oui, il faut cocher les bonnes cases pour être reconnue icône du féminisme, il faut remplir certaines conditions très précises, c’est une forme de « discrimination positive » en somme, mais aussi un autre aspect de l’entre-soi qui règne chez « ces gens-là » comme disait Brel.

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