Ceci n’est pas un confinement, dit-il…
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Donc, après moultes « castexeries », « salomoneries » et autres « véraneries » préparatoires, Emmanuel Macron a décidé de reconfiner un tiers de la population française. Et a laissé son Premier ministre - un fusible, ça sert à ça - annoncer ce qui était tout de même le constat d'échec de son « pari » de fin janvier. On ne sait même plus dire si nous nous y attendions ou pas. Il nous avait tellement surpris, la dernière fois, prenant à contre-pied les scientifiques, se présentant « comme le sauveur des Français, qui les protégeait de ce confinement », selon les mots d'Axel Kahn, jeudi, sur Europe 1. Quelle nouvelle poudre de perlimpinpin allait-il donc nous sortir de son chapeau ? Ce fut un reconfinement made in Castex…
Mais dès vendredi, la machine à nous fabriquer du « Macron a toujours raison » était repartie de plus belle, toujours plus diligente que les livraisons de vaccins. Et c'est le principal intéressé qui s'est chargé de nous montrer la grandeur de sa décision. Ainsi, que ceux qui se désespèrent de ce nouveau confinement se reprennent : « Je crois que le mot confinement n'est pas adapté à la stratégie présentée hier », a-t-il expliqué à des journalistes, à l'occasion de la Journée de la francophonie. « Ce qu'on veut, c'est freiner le virus sans nous enfermer, ce n'est pas être confiné. C'est vivre avec [le virus], je le dis depuis un an, sans fatalité. »
Ceci n'est pas un confinement. Les mots sont trompeurs. Et il n'est point besoin d'être président-philosophe-roi pour en faire la démonstration : regardez la province, à quelques exceptions : pas confinée ! Regardez les écoles et collèges : pas confinés ! Regardez les coiffeurs ! Donc, de grâce, foin de confinement ! Parlez de freinage. « Ce qu'on a appris en un an, c'est qu'il ne faut pas multiplier les interactions. Il y a une part de responsabilité individuelle. Le seul moyen, c'est de freiner ses contacts pour éviter que le virus ne se diffuse. » Jean Castex aussi, la veille, avait martelé l'élément de langage en présentant ses « nouvelles mesures de freinage massive. »
Et le subtil Olivier Véran, lui aussi, a revêtu son nouvel habit de ministre des justes mots : « Est-ce qu'on peut parler d'un troisième confinement ? Je ne sais pas quel nom il faut donner à ces mesures fortes qui sont prises. Mais il y a une différence qui est notable, qui est que nous nous tournons davantage vers l'extérieur. » On attend, avec les vaccins, le verdict de Maître Capello pour savoir le mot qui convient et la définition juste. En tout cas, pour les Parisiens qui fuyaient, vendredi soir, ceci est bien un confinement. Et peut-être le confinement de trop.
En parlant d'extérieur, Emmanuel Macron a prononcé cette phrase historique : « Mais se promener dehors n'est pas mauvais. » Savourez la litote. Goûtez le soupçon d'autocritique qui s'en dégage. Imaginez tout le détricotage des mesures stupides et contradictoires que l'on peut bâtir sur une telle vérité, tous les fondements de son exode : plus de masques en extérieur, plus de balades à la campagne interdites, etc. Le rêve de sortie de l'Absurdistan à portée de main ! Dans combien de déconfinements-reconfinements ?
Ceci n'est donc pas un confinement. Et, d'ailleurs, les doutes n'ont pas tardé à s'élever sur son intérêt. « Je doute de la valeur sanitaire du pseudo-confinement qui vient d'être créé », a déclaré, vendredi soir, Gilles-William Goldnadel. Un collectif de médecins cités par Le Monde émettait les mêmes doutes : « En refusant toute anticipation et toute prise de décision forte fin janvier, l’exécutif se retrouve à la mi-mars obligé de durcir “mais pas trop” les dispositions, en confinant sans confiner, avec une efficacité qui sera faible. »
Ceci n'est pas un confinement, non. Ceci est un pur produit du « en même temps ». Le freinage d'un gouvernement parti en roue libre.
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