Cédric Herrou relaxé : aberration judiciaire et victoire de l’incivisme, jusqu’à quand ?

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Il a récemment été panthéonisé par un Nobel octogénaire en « héros quotidien ». Il croit lutter pour la fraternité et l’affirme haut et fort sur les réseaux sociaux après sa relaxe définitive : « Je suis définitivement relaxé. Après 11 garde (sic) a vues 5 perquisitions et 5 procès et 5 ans de lutte. La solidarité ne sera plus un délit. »

Ce mercredi 31 mars, dix mois après sa relaxe par la cour d’appel, la Cour de cassation a rejeté un pourvoi du parquet général de Lyon, rendant définitif l’acquittement du militant d’extrême gauche, poursuivi pour avoir convoyé plus de 150 immigrés clandestins venus d’Italie en 2016, puis organisé pour eux un camp d’accueil dans les Alpes-Maritimes.

« Cette décision […] permet de reconnaître enfin de manière définitive que celui-ci n’a fait qu’aider autrui, et que dans notre république la fraternité ne peut pas être un délit », a commenté son avocate, Sabrina Goldman. Il fallait s’y attendre puisque, dès 2018, bien conseillé sur les rouages du droit, l’agriculteur activiste de la vallée frontalière de la Roya avait saisi le Conseil constitutionnel, en tant que victime du « délit de solidarité ». Reconnaissant la valeur constitutionnelle du « principe de fraternité », les membres de l’institution présidée par Laurent Fabius – dont on sait qu’il ne peut être coupable – ont considéré que « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national », en découlait. Ouverture inconsidérée de la boîte de Pandore par ceux qu’on surnomme « les sages » ?

Oui, car la dérive parlementaire a suivi. La loi du 10 septembre 2018 « pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie », présentée par Gérard Collomb, a consacré ce principe de fraternité, qu'elle oppose au délit de solidarité, protégeant désormais de poursuites les personnes prodiguant une aide au « séjour » et à la « circulation » des migrants si elle est apportée « sans contrepartie » et « dans un but exclusivement humanitaire ».

Après cela, la relaxe de Cédric Herrou, qui bénéficiait déjà d’un appui médiatique hors normes – jusqu’à monter les marches du Festival de Cannes accompagné d’une poignée de migrants soudanais et maliens, le 17 mai 2018, pour promouvoir un documentaire à sa gloire et à publier sous préface de Le Clézio - n’était qu’une question de temps… C’est fait ! Le Niçois reconverti producteur d’olives et « passeur » de clandestins doit bien rire de ses dupes bourgeoises qui lui ont servi l’absolution sur un plateau.

Chesterton éclaire en priorité ce dévoiement : « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles […] parce qu’isolées l’une de l’autre et parce qu’elles vagabondent toutes seules. C’est ainsi que nous voyons […] des humanitaires éperdus de pitié mais dont la pitié […] est souvent un mensonge. » Cédric Herrou et ses comparses sont les avortons de ces vertus désordonnées ; ayant accouché une « dictature du relativisme » – selon la formule de Benoît XVI – où chacun, fondant « Sa » vérité dans la confusion spirituelle, devient la proie des idéologies menteuses : ici, le « fraternitarisme » obsessionnel.

« Les gens m’étiquettent comme un mec d’extrême gauche, a déclaré Cédric Herrou. Mais je ne sais même pas si je suis pour l’ouverture des frontières extérieures à l’Europe, je n’ai pas d’avis ! À la limite, je me sens plus proche du pape quand il parle des migrants que des partis politiques. Au fond de moi, je sais ce qui est juste. Alors, si une loi m’interdit de faire ce que je dois faire, j’y vais quand même. » Cet aveu de proximité idéologique avec le pape François – qui a d’ores et déjà renoncé à défendre une Europe chrétienne – est parlante, venant d’un activiste qui a « toujours voté vert, extrême gauche ou socialiste » ; qui prétend « remettre l'humanité au centre » et Christiane Taubira au sommet de l’État.

À Cannes, en 2018, cet idiot utile de l’invasion migratoire et ses migrants-alibi ont salué le pays de l’accueil avec des doigts d’honneur. Par pur souci fraternel ou d’intégration ? Certainement pas. Mais réfléchissons bien. Et si ce défi d’incivisme était une chance pour nous ?

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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