Cérémonie de scellement de la loi constitutionnelle sur l’IVG : rien n’est trop beau…
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« Monsieur le Garde des Sceaux, en ma qualité de directeur des affaires civiles et du sceau, j’ai l’honneur de requérir qu’il vous plaise de bien vouloir apposer le grand sceau de la République française sur la loi constitutionnelle du 8 mars 2024 relative à la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse. » Et il a plu à Éric-Dupond-Moretti. Alors, en présence du chef de l’État, du Premier ministre, de l’ancien Premier ministre Élisabeth Borne, de la présidente de l’Assemblée nationale et en l’absence notoire et notable de Gérard Larcher, qui ne devait pas avoir piscine mais peut-être chasse au gros gibier en forêt de Rambouillet, le très vague et très lointain successeur des chanceliers de France, qui avaient autrefois la garde des Sceaux de France, s’est affairé sur l’engin en tournant la vis d’un geste auguste afin que le sceau s’imprime sur la cire verte, celle qu’on utilisait sous nos anciens rois pour les actes perpétuels…
Entre sublime et grand-guignol
À cet instant, on sent qu’il se passe quelque chose. On hésite. Franchement. On est entre le sublime et le grand-guignol. L’auteur de ces lignes a fait son choix. C’est le cas de le dire : il fallait marquer le coup. Le coût aussi (mais ça, c’est un détail, pour eux), car l’État, pour l’occasion, avait déployé tout son appareil des grands jours : estrade, dôme translucide pour accueillir tout le gratin de la République et autres figures du féminisme, chœur de l’armée française, Brigitte en présidente consort et j’en passe et des meilleur.e.s. Ils avaient même envoyé un bristol gravé pour l’occasion.
Mais il est vrai que rien n’est trop beau pour un jour aussi historique que celui-là. D’ailleurs, il l’a dit dans son discours, le Président : « Aujourd’hui est un très grand jour pour notre République. Le sceau de la République scelle en ce jour un long combat pour la liberté. » Comme à son habitude, dans ces occasions, il n’a pas lésiné sur la crème chantilly. Pour la cérémonie de scellement de la Constitution de la Ve République (excusez du peu), en octobre 1958, on n’en avait pas fait autant. Michel Debré, garde des Sceaux, était seulement entouré des ministres d’État. René Coty, président de la République, et Charles de Gaulle, dernier président du Conseil de la IVe, étaient restés à l’Élysée et à Matignon. Et l’on avait fait ça, certes sous les caméras des actualités de l’époque, mais tout simplement à l’intérieur de la Chancellerie. On a déjà dû le dire ici : l’époque était à l’érotisme, la nôtre à la pornographie. Important, de nos jours, la scénographie. Et puis, ça donne du boulot à tout un tas de gens : sono, estrade, chaises à manuter, sécurité, etc.
Non merci. #IVGDansLaConstitution pic.twitter.com/ABUPokIkPB
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) March 7, 2024
Rien n’est trop beau pour cette journée
Mais, disons-le encore, rien n’est trop beau pour cette journée qui, d’une certaine façon, est le premier jour de l’an I d’une nouvelle République. Si, si. Du reste, qu’ont-ils écrit sur le carton d’invitation ? « Cérémonie de scellement de la Constitution », pas « cérémonie de scellement de la loi constitutionnelle »... Un détail ? Non. Revenons sur la crème chantilly. Rapidement, parce que c’est lourd. « Le sceau de la République scelle en ce jour un long combat pour la liberté […] Une nécessité, une urgence […] La France, le seul pays au monde […] » Tellement lourd qu’on a tout de suite vu ce qu’il y avait sous la crème : « Nous livrerons ce combat en Europe face aux forces réactionnaires. » Les oreilles d'Orbán et Meloni sifflent… Et donc, nous allons demander que ce droit soit inscrit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne « où plus rien n’est acquis ». Et comme ce pays et l’Europe sont bien trop petits pour nous, nous allons poursuivre le combat au niveau mondial. La galaxie, ensuite ? On y songe. Sans limites, disions-nous.
Pendant que nous y sommes, changeons les paroles de La Marseillaise
La cérémonie s’achève par une Marseillaise : chœur de l’armée française et… Catherine Ringer, des Rita Mitsouko. Un peu de kitch ne nuit pas à l’affaire. Surprise, la chanteuse change les paroles de l’hymne national. Au lieu de « Aux armes citoyens », « Aux armes citoyens, citoyennes », Journée de la femme oblige. À la place de « Marchons, qu’un sang impur abreuve nos sillons », « Marchons et chantons cette loi pure dans la Constitution ». Tant qu'à faire. Avec la bénédiction du Président ? On ne sait, mais ça passe crème. Pour couronner le tout, ce pauvre Macron qui se prend un vent de la « cantatrice » lorsqu’il veut, tactile qu’il est, lui mettre la main sur l’épaule !
Cher @EmmanuelMacron | Non c’est non. #PasTouche #CatherineRinger!
Toujours bien demander son #consentement à une femme avant de la toucher ok @Elysee ? #08Mars #IVGconstitution #DroitsDesFemmes pic.twitter.com/ZxNM6JdD8G— BΞMBΞLLY (@bembelly) March 8, 2024
À ce sujet — Soutien à l’Ukraine : « sans limites », vraiment ?
Du sublime au grotesque, il n’y a qu’un pas, disions-nous. Le 14 juillet 1790, fête de la Fédération sur le Champ-de-Mars à Paris. Une messe est célébrée pour l’occasion. La France espérait entrer dans une période de concorde... Comme ce 8 mars 2024. Macron a d'ailleurs parlé de « concorde », dans son discours. Le 14 juillet 1790, donc, c'est Talleyrand, encore évêque d’Autun, qui, à la demande du roi, pontifie. « Par pitié, ne me faites pas rire ! », dit-il à Lafayette, qui paradait sur l’estrade...
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Constitutionnalisation de l'IVG
69 commentaires
Qu’en pensent les jeunes femmes qu’on a obligées à avorter ?
Cérémonie sacrificielle, payée par nos impôts !
C’est avec une machine traditionnelle de 300 kilos vieille de plus de 200 ans que le sceau a été réalisé. Mines réjouies comme à Versailles. Tout y était résumé de notre époque, même l’évocation de la politique étrangère ( il me semblait qu’on ne faisait pas ce genre de commentaires, comme ça, sur la place publique ). On aurait pu imaginer de telles mines, congratulations, superlatifs… pour des choses extraordinaires ; un pays dynamique qui se projette dans l’avenir, la vie, l’unité, le bonheur de son peuple etc Hélas…
Pendant que la machine à sceller était chaude, ils auraient pu inscrire le droit du sang dans la constitution, non ?
Merci monsieur Michel d’avoir souligné tous ces détails qui, n’en doutons pas, ne seront pas relevé par les médias aux ordres. Monsieur Mélechon en rêvait, une nouvelle Constitution a donc été validée hier, comme le carton d’invitation tend à le démontrer ( « Cérémonie de scellement de la Constitution »). Avec l’équipe au pouvoir, tout à son importance, il ne faut pas en douter. Souhaitons qu’en juin, tous ceux qui jugent cette journée du 8 mars 2024 comme dramatique n’oublieront pas d’aller le signifier.
La France tue ses futurs enfants et chante quel ignoble spectacle.
Catherine Ringer ;une référence…
Gainsbourg l’avait qualifiée de « p..e »sur un plateau de Télé. C’est qu’elle n’a pas fait que chanter la Catherine. Ça nous change de Mireille Mathieu…
Que ne feraient pas ces vedettes comme Ringer pour continuer à exister parce que participer à ce genre de théâtre à la gloire de Macron le technocrate , c’est pas tellement glamour.
Macron c’est monsieur je m’attribue tous les combats des autres tout en les adaptant à mes propres souhaits , c’est un spécialiste. Ces derniers temps cela en devient pathétique : Simone Veil ,Robert Badinter , les frères Manouchian , De Gaulle mais juste dans la posture pas dans le fond par ses manies à improviser des réunions de presse .Peut être aussi Lenine quand il s’est rendu au siège de l’Huma . Mais je ne sais pas si il porte bonheur aux vedettes sportives dont il s’est approché ou qui se revendiquent le soutenir , comme Kylian M’bappé et Antoine Dupont . Pour eux, c’est le chat noir ! C’est de mauvais augure pour les JO !
le sceau de la honte !
le culte de la mort
quelque chose m’échappe, on encourage la natalité ou on promeut l’avortement?
La France est en faillite , Lemaire annonce des économies , mais pas pour ce théâtre
La pauvreté, malheureusement, explique une part importante de ces IVG. Les femmes seules ont un risque bien supérieur d’avorter du fait de leur isolement et des difficultés économiques. Plus les femmes sont pauvres, plus elles risquent d’avorter. La situation matérielle est déterminante. Des études dont celles de l’IFOP confirment bien ce lien entre pauvreté, solitude et IVG. Sur l’impact de l’IVG 92 % de femmes parlent de : dépressions, addictions à l’alcool ou même à la drogue. La constitutionnalisation est donc une trahison du destin de ces femmes pauvres qui, très souvent, souffrent de cette pression qui les contraignent à ce sacrifice : bien loin de l’affichage d’une liberté.
Être enceinte n’est pas une maladie, avorté n’est pas un soin ; c’est un acte fondamentalement non médical, au sens d’Hippocrate. Il y a dans cette constitutionnalisation, un vrai relent d’eugénisme contre les femmes pauvres, un mépris des souffrances, entretenant le mythe d’une femme libre ; ce qui n’est pas la réalité. Il y a de quoi se poser des questions sur les réelles motivations !
Lamentable , l’exemple parfait du ridicule non encore consommé d’une gauche fantoche et grand guignolesque. Qui a osé dire que Macron et ses macronistes étaient du centre voire même de droite; ou alors la droite est de gauche, serait-elle ?
« en l’absence notoire et notable de Gérard Larcher, qui ne devait pas avoir piscine mais peut-être chasse au gros gibier en forêt de Rambouillet… » C’est que Gérard Larcher ne commence pas une journée s’il n’a pas son sanglier au petit-déjeûner
Je pense qu’il n’était pas là parce que cette mascarade ne lui plaisait pas, mais il a été trop lâche pour ne pas rester ferme sur son point de vue.
Comme Obelix !
il a eu la décence de ne pas venir .
Super. les femmes, les droits de la femme, le respect des femmes, représentés par un actrice de porno hard. Il est vrai que. dans ce métier il peut être nécessaire d’avoir recours à l’élimination de futurs bébés dont on écrase le crâne à 13 / 14 mois.
Je me permets de rectifier, il s’agit bien de semaines et non de mois, lol ! Mais sur le fond vous avez tout à fait raison, il s’agit de crimes mais puisque le Garde des Sceaux l’a jugé légal et scellé dans le marbre de la Constitution, laquelle sous peu avec encore quelques ajouts du même acabit, fera office de poubelle.
On y va tout droit !
Quelle honte cette journée et en plus une bonne femme avec un culot certain a trouvé le moyen de changer les paroles de notre hymne national sous l’œil amusé du guignol .,et des applaudissements..écœurement total …la prochaine fois on va piétiner notre drapeau …pourquoi pas ……..pauvre pays .
Le piétiner ? Le brûler plutôt sans doute et qui allumera l’allumette, je vous laisse deviner !