Ces économistes de renom qui veulent nous faire passer la dette pour une chance…
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Selon Les Échos, Jean Tirole, prix Nobel d'économie, et Olivier Blanchard travaillent ensemble sur un rapport destiné à Emmanuel Macron sur l'économie d'après Covid-19, insistant particulièrement sur le poids de la dette. L'endettement actuel serait parfaitement soutenable, l'angoisse généralisée liée à la hausse vertigineuse de la dette publique depuis un an ne se justifie pas. Mieux, même : la dette serait une chance, « un État qui s'endette est un État qui s'enrichit, puisque les épargnants le paient pour qu'il protège leur magot ».
Selon eux, s'endetter en cette période de taux bas voire négatifs relève d'une politique opportuniste, puisque cela revient à profiter de conditions optimales. La dette se justifie, car l'économie se porte mal et qu'il faut la relancer, suivant ainsi la bonne vieille antienne keynésienne. Par ailleurs, les deux pontes pensent que la nouvelle économie qui jaillira en bout de crise rendra cette dette facilement soutenable, en raison de l'euphorie post-Covid, mais aussi et surtout des marges considérable que la numérisation va nous amener. Toujours selon eux, la crise va accélérer la transformation de la production, provoquer un afflux considérable de richesses qui nous permettra d'honorer cette dette sans douleur.
Ce rapport est destiné à Emmanuel Macron. Derrière un optimisme forcené, il vise en fait à justifier la captation de l'essentiel des richesses par une caste, la fameuse oligarchie mondiale que le Président représente au sommet de l'État. Mon analyse en cinq points :
L'usage de la dette en France, comme dans d'autres pays occidentaux, n'est pas ponctuel mais récurrent. La France est en déficit de 3 à 4 % les « bonnes » années, et de 8 à 10 % les années de crise : bien au-delà de ce que Keynes en personne préconisait, un déficit ponctuel sur 18/24 mois pour relancer une économie en panne. De facto, la dépense publique gonfle démesurément (64 % en 2020) et se retrouve en impôts, taxes et charges sociales.
Ces hausses de la fiscalité pèsent le plus souvent sur les PME/PMI, ou les entreprises « enracinées », les multinationales parvenant, elles, à « optimiser », c'est-à-dire à se placer là où la fiscalité est la plus douce. Le socialisme rampant de nos sociétés, dont la dette publique est un cheval de Troie, est soldé toujours par les mêmes, il épargne l'oligarchie mondiale qui bénéficie ainsi d'une distorsion de concurrence qui lui permet, en bout de course, d'absorber les autres et de renforcer sa position dominante. La gestion de la crise dans notre pays, qui impose des restrictions principalement aux commerces de proximité et professions indépendantes, renforce cette tendance.
La numérisation de l'économie est aussi une tendance qui s'affirme, avec le confinement. Tirole et Blanchard expliquent qu'elle permettra de créer des richesses suffisantes pour absorber les dettes. Sauf que, là encore, cette création de richesses sera essentiellement concentrée entre les mains des GAFAM et autres multinationales, qui font tout pour contribuer le moins possible. Les richesses seront donc captées par l'infime minorité, celle qui profite de la mondialisation depuis trente ans ; la charge de la dette incombera aux autres.
Quant à la question des taux bas, qui rendent la dette plus supportable, combien de temps resteront ils à ce niveau ? Les deux économistes parient que cela va se pérenniser. En fait, les taux sont bas du fait de la création monétaire gigantesque des banques centrales, et le retournement viendra forcément un jour, faute de voir les monnaies s'effondrer. Les taux bas placent déjà les banques en difficulté. Surtout, ils confortent la position dominante de l'élite mondiale, car ils gonflent artificiellement la valeur des actifs, comme l'indique la bonne tenue des Bourses dopées par la création monétaire. Ils renforcent la domination de l'oligarchie mondialisée, qui se crée ainsi une situation économique hors-sol, détachée d'une économie réelle qui, elle, s'effondre.
La dette souveraine gigantesque va conforter l'inversion du rapport de force en faveur de l'élite économique, les États entreront de plus en plus dans une logique de soumission car la moindre expression de leur souveraineté sera sanctionnée par un durcissement des conditions de financement. La censure de Trump par Twitter, alors qu'il était encore président, est un acte parfaitement réfléchi qui vise à habituer les masses au renversement du pouvoir, les GAFAM prenant le dessus sur les gouvernements.
L'analyse des deux économistes occulte complètement les enjeux de pouvoir et la redistribution des cartes que la mutation économique en cours est en train de catalyser, avec le concours zélé des gouvernements. Leur position correspond, point par point, aux intérêts de la superclasse mondiale, à savoir capter à son profit l'essentiel de la richesse, imposer son diktat aux États. Ce sont pourtant eux qui, mettant en balance tout le poids de leur notoriété et de leur réputation, vont servir de caution à la politique macroniste au service de la superclasse mondiale. Attention, peuples en grand danger...
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