Ces forfaits psy et assises de la santé mentale qui en disent long sur notre société

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« On voit monter quelque chose qu’on n’avait pas connu au premier confinement, une anxiété et des angoisses chez les plus jeunes qui se sont traduites dans les chiffres », déclarait Emmanuel Macron, mercredi 14 avril, en annonçant la mise en place d’un forfait de dix séances remboursées à 100 % chez un psychologue pour les enfants et adolescents. Après le chèque psy pour les étudiants, la moyenne d’âge de la détresse rajeunit. Bientôt des antidépresseurs dans les biberons ? Et plutôt que d’adopter la méthode homéopathique qui consiste à prendre le mal à la racine, c’est-à-dire soigner la cause qui va provoquer le symptôme, notre Président lui préfère celle des pansements sur des jambes de bois. Quant à l’homéopathie, il l'a déremboursée, rendant encore moins accessible une médecine pourtant économique et très utile dans les détresses psychosomatiques.

Alors on préférera annoncer, d’un côté, qu’il ne faut pas se côtoyer, qu’aller rendre visite ou étreindre papi et mamie n’est plus autorisé, on vous fera culpabiliser de prendre de tels risques pour ne pas les protéger et, de l’autre, chérissant les causes des sacro-saints indicateurs sanitaires, l’on déplorera ces effets dévastateurs sur le moral des Français. Et l’on aura beau, chaque jour, nous faire miroiter une heure de plus de liberté, voire une date de réouverture progressive, l’on sent bien que le monde d’après ne sera plus jamais comme avant.

Le primat de l’hygiène sur la sociabilité a bouleversé durablement nos modes de vie vers une société sans contact. L’on a transmis à nos enfants et nos adolescents que les interactions sociales étaient devenues dangereuses. Beaucoup moins nocives, les relations virtuelles allaient compenser ce besoin d’échanges. Et voilà comment, plongées sans avoir appris à nager dans ce flot incessant et addictif du numérique, les générations Covid bronzées à la lumière bleue devront évoluer, gavées d’antidépresseurs, dans un nouveau paradigme professionnel valorisant le travail à distance. Et si ce n’est la vitre d'un écran ou celle en Plexiglas™ pour les séparer, c’est derrière un masque qu’ils devront désormais faire connaissance et se fréquenter.

Si les services de pédopsychiatries débordés et, comme partout, en manque d’effectifs saluent cette nouvelle mesure permettant de soulager les demandes de rendez-vous, si des « microstructures médicales post-Covid » composées d'un psychologue et d'un travailleur social, intervenant en ville avec le médecin traitant pour prendre en charge les patients fragilisés par la crise, sont déjà mises en place dans cinq régions (Île-de-France, Grand Est, PACA, Bourgogne-Franche-Comté et Hauts-de-France), si des Assises de la psychiatrie et de la santé mentale sont prévues pour fin juin, alors il conviendrait peut-être que l'on traite le problème plus en amont.

Rouvrir les frontières régionales et laisser les familles, cellules de base de la société, se retrouver. Rouvrir les châteaux, les musées, les terrasses et tous ces lieux de convivialité et laisser les artistes jouer, nous édifier et nous faire rêver. Laissez aussi les avions décoller et les bateaux naviguer sans nous sermonner. Laissez-nous boire de l’eau ou du vin sans avoir à nous excuser. Laissez nos jeunes pratiquer leurs sports et leurs activités et, surtout, enseignez-leur la vraie Histoire de France. Pas celle tronquée, éludée pour ne pas froisser quelques minorités. Donnez à notre jeunesse des modèles et des raisons d’espérer plutôt que des occasions de paresse ou de victimisation, qu’elle comprenne que les ressources sont en elle pour pouvoir se redresser. Du simple bon sens et des lieux communs, diront les anciens, mais dont la logique déconstructiviste nous a éloignés, créant des déséquilibres qu'il nous faut désormais réparer. Il y a urgence.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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