Ces jeunes en soif d’idéaux

drapeau daech

Elle n’a que 18 ans. Déscolarisée depuis deux ans, elle vit déprimée. Elle est décrite comme fragile et suicidaire. Chez elle, de nombreuses vidéos en sa possession l’ont incitée à détester la République et ses institutions. Une photo de Samuel Paty décapité ainsi qu’un schéma d'une église de son quartier ont été saisis. Nous sommes à Béziers, en avril dernier, et cette jeune femme du quartier de la Devèze, arrêtée par la DGSI, s’apprêtait à « cibler des fidèles avec une grande épée pour les tuer et les mutiler » le jour de Pâques.

Le 26 mai, quatre garçons de 16 à 18 ans sont arrêtés à Strasbourg et Schiltigheim. Soupçonnés de radicalisation, ils ont été interpellés pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » avant de passer à l’acte.

Depuis de nombreuses années, Daech recrute parmi les plus jeunes. Entre rébellion contre les familles ou les institutions, utopie politique ou religieuse, les raisons de ces jeunes prêts à mourir sont variées. Pour autant et sans surprise, il existe un profil type décrit par le chercheur Marc Hecker. Ainsi, les candidats au djihad ont en commun « un niveau d'éducation et une intégration professionnelle plus faibles, un degré de pauvreté plus important, un engagement dans la criminalité plus élevé et un rapport plus étroit au Maghreb et à l'Afrique subsaharienne que la moyenne de la population française ».

Au nom de leurs idéaux, ils acceptent de devenir kamikazes et sublimer la peur de mourir. Mais, à la différence du soldat prêt à verser son sang pour la patrie, ces jeunes cherchent délibérément le sacrifice. « Ils acquièrent la conviction que les valeurs modernes et postmodernes sont nuisibles et qu’ils doivent les combattre, même au prix d’infliger à autrui les pires cruautés. Ils se méfient de tout ce qui se réfère à la vie occidentale et finissent par nourrir une haine contre ceux qui ne sont pas de leur bord », écrit Denis Jeffrey dans la revue Érudit.

Las, ces jeunes sont prêts à passer à l’acte « avec ce qui leur tombe sous la main », décrit un spécialiste dans Le Figaro. Ce terrorisme low cost oblige donc les services de renseignement à une « extrême vigilance et une très grande réactivité ». Ces derniers mois, plusieurs attentats qui allaient être commis par des jeunes ont été déjoués par la DGSI, mais la radicalisation de ces adolescents, grands consommateurs des réseaux sociaux, demeure un phénomène inquiétant, d’autant que les outils déployés (signalements et surveillance d’Internet) restent encore insuffisants.

Ces jeunes radicalisés sont impressionnés par des récits imaginaires et de nobles idéaux, ils rêvent d’une vie héroïque, de valeurs fortes. L'islamisme fait le plein là où nous avons fait le vide.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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