Ces questions qu’il ne faut pas poser sur Notre-Dame, on en parle ?
Lors d'un débat télévisé face à Éric Zemmour, la candidate LREM aux élections européennes, Nathalie Loiseau, a déclaré que Nicolas Dupont-Aignan, qui avait eu l'outrecuidance de demander des explications sur l'incendie de Notre-Dame, méritait « deux claques ».
En ce Vendredi saint, avant de lui tendre notre joue gauche, à cette bonne chrétienne nouvelle mère supérieure de La République en marche, nous continuerons à lui poser quelques questions.
Mais, afin de ne pas rompre l'unité nationale et la communion au vivre ensemble, tel que Brigitte Macron en a ressenti l'appel devant les cendres de Notre-Dame, afin de ne pas fâcher les saintes femmes de la Macronie, quittons le pays de Descartes et du doute et retrouvons la foi qui refuse les questions. Excluons donc a priori la piste criminelle, et a fortiori la piste islamiste, puisque, c'est bien connu, il n'y a jamais eu, en France, ces derniers mois, de départs de feu dans les églises, puisque Notre-Dame n'a jamais été, en 2016, la cible d'attentat islamiste avec une voiture bourrée de bonbonnes de gaz à ses pieds, puisqu'il y a un an, en mars 2018, un groupe de jeunes n'a jamais escaladé les échafaudages de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer avec des bidons d'essence pour « y mettre le feu », comme le rapporte La Voix du Nord, dangereux organe de presse complotiste.
Et ne retenons donc, respectueux du dogme, que la piste accidentelle. Mais, même dans ce cas, "deux claques" pour ceux qui osent poser des questions, c'est un peu court, Madame Loiseau.
Contentons-nous de reprendre les interrogations de beaucoup de Français sur les manquements de l'État, du ministère de la Culture, dans l'entretien de Notre-Dame, sur les misérables deux petits millions qui lui étaient concédés alors qu'elle en nécessitait bien plus. Le compte n'y était pas, et nous sommes en droit de leur demander des comptes. Avant de verser notre obole et de participer au grand jubilé de la souscription-absolution-effacement des responsabilités décrété par le Président Macron.
Contentons-nous de reprendre aussi les propos mesurés, rationnels, nullement complotistes, des lanceurs d'alerte. Ceux de l'historien de l'art Didier Rykner dans Le Figaro. Ceux encore, rapportés dans Marianne, d'un certain Paolo Vannucci, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Versailles. Celui-ci avait effectué une recherche, financée par le CNRS, et remis un rapport au Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, « sur les risques d’attentat et la sécurité de la cathédrale Notre-Dame de Paris ». Il y évoquait les risques d’incendie et pointait les manques des dispositifs de sécurité. Il explique que ce rapport a été classé « sensible » et n'a donc pas été publié. Mais rien n'empêchait ledit gouvernement – ou les suivants – de s'en inspirer, de prendre au sérieux ses conclusions. « Je ne comprends pas que l’on ne dise pas : d'accord, nous avons un rapport certes sensible mais que nous pouvons tout de même utiliser. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Je n’ai pas la réponse. » » Nous non plus, nous n'avons que la question. Encore une question à deux claques, adressée à Mme Loiseau et à tous ses collègues. Nous tendons la joue, mais aussi l'oreille. Alors ?
Ce chercheur indique, en outre, qu'il avait pointé « le risque d’un embrasement de la toiture […] et qu’il fallait absolument la protéger et installer un système d’extinction » car « au niveau de la charpente, lorsque nous avons fait notre recherche, il n’y avait aucune protection ». Nouvelle question.
Et une dernière, avant de passer notre tunique de pénitent, toujours inspirée par Paolo Vannucci : « J’ai contacté la mairie de Paris, qui accorde chaque année des bourses de doctorat pour financer des projets d’étude concernant la ville. En 2017, j’ai téléphoné pour proposer un projet de recherche sur la sécurité de Notre-Dame. Deux heures après, on m’a répondu que c’était impossible car Notre-Dame, ce n’est pas l’affaire de la mairie de Paris ! »
Pas l'affaire d'Anne Hidalgo, la sécurité de Notre-Dame... Je voyais Anne Hidalgo comme notre troisième sainte femme. Je la découvre en Pilate. Et les 50 millions qu'elle a lâchés, lundi soir, en moins de deux heures, c'était pour faire pénitence, c'est ça ?
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