Cessez-le-feu à Gaza : un discours pro-Hamas en roue libre sur France Info

Des Iraniens célèbrent le cessez-le-feu à Gaza ce 17 janvier à Téhéran. (Photo by Fatemeh Bahrami / ANADOLU / Anadolu via AFP)
Des Iraniens célèbrent le cessez-le-feu à Gaza ce 17 janvier à Téhéran. (Photo by Fatemeh Bahrami / ANADOLU / Anadolu via AFP)

Jusqu’où l’audiovisuel public ira-t-il dans la désinformation ? Ce jeudi 16 janvier, France Info a choisi de donner la parole à une certaine Leila Seurat, « chercheuse » de son état, sur le sujet du cessez-le-feu à Gaza. Celle-ci s’est alors livrée à une violente charge anti-Israël, digne d’une porte-parole du Hamas.

Sans contradiction de la part de la journaliste qui l’interrogeait, Leila Seurat a pu tranquillement dérouler son discours, affirmant que les Palestiniens étaient les victimes d’un « génocide avéré », commis par un État hébreu bien décidé à « anéantir les civils ». « Les Israéliens ont bombardé les hôpitaux, les camps de réfugiés et les habitations, mais ont aussi bouleversé les cimetières », déclara-t-elle, sans préciser que les lieux bombardés l’ont été parce qu’il s’agissait de centres de commandements ou de caches d’armes des combattants djihadistes.

Encouragée par le silence de son interlocutrice, Leila Seurat est allée plus loin encore dans sa fiction. Elle a avancé que le nombre de morts du côté palestinien ne s’élevait pas à 60.000 mais à « au moins 200.000 ». Ben voyons ! Pourquoi pas 500.000 morts, ou même 800.000, tant qu’on y est ? C’est, d’ailleurs, ce dernier chiffre, délirant, qu’a avancé, il y a quelques jours, l’écologiste Marine Tondelier. Cette dernière a déclaré, le 12 janvier, sur RTL, que « 40 % de la population de Gaza a été exterminée, depuis octobre 2023 », avant d’être fact-checkée par les utilisateurs du réseau social X et de reconnaître, penaude, qu’elle avait légèrement surévalué son bilan. La revue The Lancet évoquait, en effet, 65.000 morts, soit 12 fois moins qu’elle… Oups !

Mais ce chiffre est également sujet à caution. Si l’on en croit le Hamas lui-même, ce sont moins de 40.000 Palestiniens qui ont trouvé la mort, au cours des neuf premiers mois de guerre contre Israël. Et si l’on s’en remet à l’ONU - qui fait d’habitude autorité au sein de l’extrême gauche politique -, ce sont seulement 8.119 Palestiniens qui sont morts à Gaza, au 2 septembre 2024. On est donc loin, très loin, des chiffres ahurissants de Leila Seurat.

Un plaidoyer pour le Hamas

Durant son interview, celle qui officie aussi en tant qu’enseignante à Sciences Po n’a pas manqué de présenter le Hamas sous un jour flatteur. Il s’agirait, selon elle, d’un « groupe politique », qui aurait fait « de nombreuses concessions pour arriver à tout prix à un accord » et dont la « lutte armée » relèverait d’un acte de « résistance » face à Israël. « Le Hamas n’a pas disparu, loin de là », semblait-elle se féliciter.

En octobre 2023, dans Le Monde cette fois, Leila Seurat critiquait déjà « l’injonction au qualificatif du Hamas comme terroriste ». Elle invitait, au contraire, les lecteurs à envisager l’entité non pas comme l’organisation génocidaire qu’elle est mais plutôt comme un « acteur politique », « tout à la fois mouvement social, groupe armé et acteur gouvernemental » indispensable au bon fonctionnement de la société gazaouie.

Car, selon notre experte, le Hamas aurait le soutien plein et entier de la population locale. On nous avait pourtant assuré que les civils palestiniens étaient de parfaits innocents, qu’ils n’avaient rien d’extrémiste, qu’ils souhaitaient vivre en paix avec leurs voisins juifs et pouvaient même être tranquillement accueillis en Europe. On nous a visiblement menti. Leila Seurat l’affirme : « Les Palestiniens sont unanimes dans leur soutien au Hamas. » Et cet « unanimisme », nous dit-elle, n’est pas une conséquence des bombardements, mais s’est manifesté dès le 7 octobre 2023. À méditer...

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

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