C’est la veillée d’armes…

bivouac

À quoi peut-on comparer une veille d’élection ? Tout du moins, pour ceux qui s’intéressent au phénomène. En France, comme les élections ont toujours lieu un dimanche – ce qui n’est pas le cas partout en Europe -, les veilles d’élection ont toujours lieu un samedi. On appelle ça une lapalissade. Oui, mais un samedi, veille d’élection, cela fait penser un peu au Samedi saint. Le temps est suspendu. Plus le droit de faire campagne. Repos pour tout le monde après des semaines qui, parfois, pour certains ou certaines, ont pu être un vrai calvaire. Le silence qui précède le fracas. Demain, il va se produire un grand événement. On sait que cela va arriver. Parfois, il est vrai, on ne connaît pas l’issue : c’est là que s’arrête la comparaison avec le Samedi saint, pour ceux qui croient. On a hâte que cela arrive et, en même temps, on le redoute.

C’est alors que vient une autre comparaison : celle avec l’accouchement. Parfois dans la douleur. Mais aussi avec un examen ou un concours. A-t-on tout fait ce qu’il fallait ? Est-ce qu’il n’aurait pas fallu travailler plus tel ou tel thème ? Est-ce qu’on n'a pas été un peu léger à tel moment ? J’avais la réponse, quand ce journaliste m’a interrogé. Pourquoi n'ai-je rien dit ? L’autre abruti au débat, j’aurais pu le moucher, mais je n’y ai pas pensé…

La veille des élections, c’est aussi une veillée d’armes. Certes, les généraux ne font pas le tour des bivouacs pour gonfler leurs troupes et se réchauffer au coin du feu. Ils sont, la plupart du temps, en famille ou entre amis. Trop tard, en tout cas, pour revenir sur le plan de bataille. Le plan de bataille, c’est bien connu, à la guerre, c’est le premier mort. Les troupes au petit jour vont s’ébranler, mais l’on n’est pas à l’abri de la surprise. Déjà, la météo. Important, la météo : à la guerre, au tiercé comme un jour d’élections. Trop beau : les électeurs iront à la pêche ou feront un barbec'. Trop mauvais : ça va être difficile de sortir de la tranchée - pardon, de chez soi. Ensuite, comment va réagir la troupe ? Dans l’isoloir, il n’y a pas de sous-officiers pour tenir la ligne de front ! Combien de personnes changent alors de camp sans craindre de passer en cour martiale et d'être fusillées au petit matin blême ?

En tout cas, demain, ce sera une drôle de bataille. Une bataille quasi silencieuse. Sépulcrale. Un bureau de vote, ça parle moins que dans une église et, en plus, on a gardé le confessionnal. Une bataille où la troupe est en colonne, et non en ligne, pour tirer son unique cartouche dans l’urne. Une bataille où les généraux ne peuvent plus rien faire pour changer le cours de la manœuvre. Une bataille où l’on compte les blessés et les morts à la fin, seulement. Pas d'évacuations sanitaires en cours de journée. Tant il est vrai qu’en politique, on ne meurt jamais vraiment. Au final, pour reprendre un propos de popote : une bataille qui fera plus de cocus que de morts ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Mon colonel, vous avez de ces mots ! « Cocu » est-il encore un mot utilisable dans un monde où « les mœurs évoluent à vive allure » ? C’est limite « ringard »… Signé : un marin qui vous veut du bien, et trouve une grande richesse dans l’interarmées !

  2. Il me plaît a penser que les FRANCAIS se « re » saisirons . Quelqu’un ,où plutôt un paltoquet se réveillera avec la gueule de bois . La macronie recevra sa déculottée tant mérité .

  3. Est-ce un hasard si notre presse étale, justement aujourd’hui, sur des pages le drame d’Oradour sur Glane ? Et est-ce également un hasard si cette même presse, ni aujourd’hui ni les jours précédents, n’évoque la complicité de l’Ukraine avec Hitler, les nombreux SS que comptait l’Ukraine ? Cette même presse aurait aussi pu parler du premier soldat tué lors du débarquement : un soldat français tué par un SS ukrainien, justement. Pendant ce temps, les millions de soldats russes mouraient pour combattre la folie d’Hitler …

  4. Déjà, pour commencer : Pas de bulletin frexit-Philippot-Poisson : Ni au bureau de vote, ni dans les enveloppes reçues il y a quatre jours . A imprimer chez soi et apporter, disent-ils : Comment fait la Mamie qui n’a pas d’imprimante dans sa masure retapée entre chambre, cuisine, reste de bibliothèque et salle à manger pour recevoir ses petits : Elle va toquer chez les voisins en espérant être bien acceullie ?

  5. Mon colonel, souhaitons que l’électorat se réveille enfin. Celui qui approuve les propositions de bon sens de Rubempré mais qui vote Macron le jour j par manque de cou….. , de courage.
    Le chef du BML.

  6. Très joli billet, Colonel ; très belle prose, très juste.
    Un nota : Pour les accouchements, c’est pas « parfois dans la douleur », c’est à 99,99 % !

  7. Mon Colonel, espérons que les électeurs fassent preuve d’allant et de courage ! La France le mérite !

    • Le général de Gaulle disait les Français sont des veaux ! Nous verrons au résultat ce soir s’ils le sont ou non . D’après les sondages, j’étais surprise que la macronie était encore à 15% !

      • 15% de des électeurs mais de 50% de votants en théorie soit 7,5% réellement de résultats pour l’autre copain de zelensky , sauf que les complices du gang macron se mobilisent plus que le reste de l’électorat

      • Pour une fois je vais faire comme de Gaulle, en 40: déserter ! Il fait beau en Breatagne, je ne vais pas me renfermer dans un isoloir, surtout que le vite blanc n’est toujours oas réellement pris en compte .

  8. Perso, je doute de ceux qui dépouillent car je sais qu’il n’y a pas beaucoup d’opposants qui observent dans les villages ancrés à gauche depuis fort longtemps comme dans le 34.

  9. S’il y a beaucoup de cocus, mon Colonel, il y aura aussi beaucoup de morts. Mais, n’étant pas militaire, j’ dis ça, j’ dis rien…

  10. Il avait gardé le meilleur pour la fin : « Le vote Jordan Bardella est un vote bidon », a estimé vendredi sur CNEWS l’immense journaliste, le penseur de génie, le prestigieux stratège politique Éric Zemmour, tout ça en un seul homme.

    L’Union des droites est en marche, de Zemmour jusqu’à Sarkozy, « Sus à l’ennemi », ils sont là, ils arrivent :

    Tremblez piétaille lepéniste !

    • “Le vote Jordan Bardella est un vote bidon”, a estimé vendredi sur CNEWS l’immense journaliste, le penseur de génie, le prestigieux stratège politique Éric Zemmour » = « le prestigieux stratège Eric Zemmour » = j’adore votre humour au troisième degré. (enfin j’espère que c’est de l’humour et non pas votre pensée, même si vous avez le droit de penser ce que vous voulez de ce monsieur, je le reconnais.)

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