C’est un monde injuste : Caliméro ou Calihamon ?
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À plus d’un titre, cette campagne présidentielle 2017 demeurera un millésime hors du commun. Pas de candidat communiste, pas plus de candidat écologiste que de beurre en broche. Et deux zigotos - François Fillon et Benoît Hamon - désignés aux primaires de leurs partis respectifs, lesquels, bien qu’ayant structuré la vie politique française depuis des décennies, risquent bien de se retrouver tricards de second tour.
Il était donc assez logique que Benoît Hamon commence à théoriser, à voix plus ou moins basse, son soutien de second tour en faveur de Jean-Luc Mélenchon, avant même connaître les résultats du premier. De son côté, même si François Fillon ne désespère pas d’accéder au podium des finalistes, on constatera qu’à l’exception de Valeurs actuelles et, dans une moindre mesure, du Figaro, cette presse donnée pour être de « droite » ne le soutient que de loin ; de même que son parti, n’assurant en l’occurrence que le strict service minimum.
Pour son homologue de gauche, c’est encore pire : en 2007, le Parti socialiste faisait au moins semblant de porter la campagne Ségolène Royal. Dix ans plus tard, la rue de Solférino ne s’embarrasse plus de telles pudeurs. Quant à cette presse tenue pour être de « gauche », il y a belle lurette qu’elle a brûlé ses vaisseaux pour s’en aller chercher refuge dans les chaloupes macroniennes.
En ce sens, ces deux hommes payent le prix des primaires, système censé permettre aux grands partis de privilégier les candidatures consensuelles – Alain Juppé et Manuel Valls – tout en barrant le chemin aux prétendants et prétendus dissidents. Pas de chance : les deux vainqueurs inattendus étaient ceux qui maîtrisaient mieux les arcanes de leurs mouvements respectifs que les sponsors médiatiques, déjouant ainsi nombre de pronostics pourtant garantis sur facture en une des gazettes. François Fillon grâce aux réseaux catholiques et conservateurs de la Manif pour tous ; Benoît Hamon qui, parce que fort de son implantation au sein du Mouvement des jeunes socialistes, demeurait faiseur de roi, et donc le plus apte à se couronner tout seul comme un grand.
Forts de leur succès, les deux hommes, pour se faire élire au sein des leurs, ont donné dans le maximalisme, caressant ainsi la troupe dans le sens du poil : abolition du mariage homosexuel pour l’un et revenu universel pour l’autre. Soit deux promesses qu’ils savaient, l’autre et l’un, ne pouvoir tenir sur la durée.
Puis, vérole de moine et fuck de fuck… Fillon se fait poisser tel l’enfant de chœur, la main dans le tronc de l’église. Et Hamon voit débarquer, sur sa gauche, un Jean-Luc Mélenchon naguère en voie de "georgesmarchaisdisation".
Du coup, Benoît Hamon, héraut de ce qui était autrefois le premier parti de France – le PS tenait l’Élysée, l’Assemblée, le Sénat, la majeure partie des départements et des régions, sans compter nombre de métropoles –, aurait comme des envies de jeter l’éponge avant le premier coup de gong sur le ring. D’où cette déclaration en forme de renoncement : "Si on élit quelqu’un pour son talent, ce talent risque vite de se fatiguer [ce qui ne lui est pas arrivé jusqu’alors, NDLR]. J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas voter pour une personne dont on suppose qu’elle concentre le génie de la nation en elle, et qu’elle serait la solution aux problèmes des Français. Parions sur l’intelligence collective et un projet." Laquelle ? Lequel ? L’histoire ne le dit pas. C’est bien mignon, de dénoncer la figure « césarienne » de Jean-Luc Mélenchon, mais n’est pas Brutus qui veut. Surtout lorsque Benoît Hamon aurait plutôt tendance à faire figure d’Assurancetourix, barde celte immanquablement enchaîné à son chêne lors des ripailles électorales finales.
D’ailleurs, que ferait le principal intéressé s’il échouait au second tour ? "Une bonne sieste", dit-il. Pour un Parti socialiste en voie de coma prolongé, en voilà au moins un qui aura pris de l’avance sur son agenda.
Bienvenue dans ce monde autant cruel qu’injuste, cher petit Benoît.
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