« C’est un virage certain vers un contrôle très strict de la parole politique »
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Emmanuelle Ménard, député de l'Hérault, a pris la parole à plusieurs reprises ces derniers jours lors du débat sur le projet de loi relatif à la moralisation de la vie politique. Les députés de La République en marche ont soumis deux amendements qui visent à rendre inéligibles les personnes qui auront été condamnées pour des faits de discrimination, d'injures publiques, de provocation à la haine raciale, etc. Une telle mesure peut évidemment sous-tendre une condamnation politique pour ceux qui ne sont pas dans le moule du politiquement correct...
Vous êtes intervenue à de nombreuses reprises, notamment sur ce fameux article 1.
J'ai effectivement tenu à intervenir très tôt dans le débat et en début de semaine après le vote de l'article 1.
Les députés En Marche! ont soumis deux amendements incluant une disposition qui rend inéligibles les personnes condamnées pour des faits de discrimination, injures ou diffamations publiques, provocation à la haine raciale et sexisme...
Selon moi, rendre inéligible des députés et des parlementaires qui ont été pris « la main dans le pot de confiture » pour des problèmes financiers ou de conflits d'intérêts, ou des infractions liées à la probités ne me pose aucun problème.
Cela me semble conforme au travail sur la moralisation et restauration de la confiance de la vie publique.
En revanche, les faits de discriminations, d'injures et de diffamation publiques, cela peut évidemment sous-tendre une condamnation politique.
Vous savez bien que lorsqu'on n'est pas dans le moule du politiquement correct, que l'on a des propos qui ne sont pas politiquement corrects, il est très facile en France de poursuivre des élus.
De nombreuses associations, et j'en connais, font cela très bien.
Si ces élus sont condamnés, ils seront inéligibles.
C'est un moyen très efficace de se débarrasser des opposants.
Vous reprochez, si je comprends bien, que cette loi sur la moralisation soit en train de prendre un virage très idéologique.
De ce point de vue là, oui.
Je me répète. Tout ce qui a trait à la probité ne me pose aucun problème.
En revanche, toucher à l'opposition et à la liberté d'expression des hommes et femmes politiques est vraiment beaucoup plus problématique.
Il s'agit d'un virage certain vers un contrôle très strict de la parole politique et publique.
Les opposants politiques pourront évidemment être ainsi contrôlés très efficacement.
Inéligibles pour des condamnations pour des questions de discrimination, d'homophobie ou que sais-je encore...
On a quand même l'impression que cela touche un bord politique très précis finalement.
Absolument.
Vous remarquerez aussi que les associations qui poursuivent sont toujours des associations du même bord politique, en l'occurrence de gauche.
Elles font de ces poursuites un fonds de commerce. Pour autant, elles poursuivent rarement les hommes politiques de la même sensibilité qu'elles.
Comment cela se passe au sein du groupe?
Voyez-vous assez rapidement les limites d'être un député non inscrit ou pas ? Je veux parler du temps de parole ou de l'influence que vous pourriez avoir.
On se rend compte que lorsqu'on n'appartient pas un groupe, on a des avantages en moins par rapport à d'autres.
Par exemple, en session extraordinaire, on ne peut pas poser de questions au gouvernement.
On a moins de temps de parole dans certains cas.
On a parfois l'impression d'être mis de côté.
Toutefois, en réalité, un député non inscrit qui veut travailler et prendre la parole peut tout à fait le faire.
Je pense que j'en suis un des exemples.
Je prends très régulièrement la parole dans l'hémicycle sur toutes les questions qui me semblent importantes.
Je la prends également à chaque fois dans les commissions.
Hier encore sur des questions qui touchent ma circonscription, en l'occurrence la viticulture.
Je pense que lorsqu'on veut travailler, quelle que soit son appartenance, on peut travailler.
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