Cet « influenceur » qui appelle à mener l’intifada dans Paris

Capture d'écran X
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Il y avait, ce dimanche 8 septembre, une manifestation, place de la Nation, pour soutenir la population palestinienne. L’intitulé à lui seul (« 11 mois de génocide… stop ! ») annonçait la couleur : on n’était apparemment pas là pour faire du détail. À la manœuvre, le collectif « Urgence Palestine », en pointe dans ce combat, comme son nom l’indique… et au micro, eh bien, au micro, un certain nombre d’orateurs, plus ou moins doués, plus ou moins en verve, mais jamais plus ou moins modérés. L’un d’entre eux s’appelle Elias d’Imzalène et a fondé le site Islam et Info. Cet homme, dont Valeurs actuelles croit savoir qu’il fait l’objet d’une fiche S depuis 2021 pour islamisme, est également cité dans le dossier que les renseignements intérieurs avaient monté, en 2017, au sujet de la mosquée de Torcy, en banlieue parisienne. Cette mosquée radicale appelait au djihad et à combattre les mécréants. Elle avait fini par être fermée.

Elias d’Imzalène, donc, qui se décrit comme un « influenceur communautaire et politique musulman », a pris la parole, place de la Nation, face à une foule acquise et chauffée à blanc. Ses propos ont le mérite de la clarté : « Est-ce qu’on est prêts à mener l’intifada dans Paris ? Dans nos banlieues ? Dans nos quartiers ? » La foule répond oui, en chœur, évidemment. Dans la suite de son discours, qui a été filmé et relayé à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, notamment par le journaliste Joseph Macé-Scaron et l’humoriste Sophia Aram, il demande à la foule si elle est prête à « virer » les « voleurs qui habitent à l’Élysée et à Matignon », et qui seraient « complices » de ce « génocide ». Elias d’Imzalène cite nommément Emmanuel Macron, « le voleur d’élections ».

Une plainte a été déposée par l’association LEA (Lutte pour l’égalité dans l’antiracisme), qui trouve ça un petit peu déplacé. Tout cela est déjà assez inquiétant, mais on ne prend la pleine mesure du danger que représentent de tels propos que quand on se demande qui sont les soutiens de cet homme, qui prétend que « la voie de la libération… démarre de Paris ». Facile à savoir : Elias d’Imzalène a posté sur Instagram une photo de lui marchant aux côtés de la députée européenne insoumise Rima Hassan – laquelle, Rima Hassan, défilait, la veille, contre la nomination de Michel Barnier à Matignon.

La convergence autoproclamée des luttes et l’électoralisme font décidément bon ménage, ce qui n’arrange pas vraiment les affaires de la France, en tant que nation et en tant que corps politique. Si l’antisionisme, faux nez d’un antisémitisme de plus en plus décomplexé, devient une opinion tout à fait acceptable en public, pour peu que celui qui la porte soit musulman et pro-palestinien, il va falloir se poser deux ou trois questions sur la façon dont la liberté d’expression fonctionne, en France. Soit tout le monde est logé à la même enseigne (n’est-ce pas le sens des lois Gayssot et de celles qui les ont suivies ?), soit le pouvoir exécutif devra admettre qu’il existe, de facto, des agitateurs qui peuvent dire les pires horreurs parce qu’ils ont un joker. L’inertie du pouvoir ne semble pas donner beaucoup d’espoir au camp de la raison, c’est-à-dire le nôtre.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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