C’était mieux avant ? Pas forcément, mais le passé a encore de l’avenir !
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Anglo Nostalgia: The Politics of Emotion in a Fractured West, essai signé par Edoardo Campanella et Marta Dassù, même s’il n’est pas encore traduit en français, risque de faire quelque bruit. Le fait qu’il s’agisse d’une œuvre anglaise, malgré les patronymes de ses auteurs, n’a rien d’anodin. En effet, notre monde actuel, capitaliste et sans frontières, n’est jamais que l’aboutissement de la traditionnelle thalassocratie anglo-saxonne, empire des mers ayant longtemps, et pour l’instant encore, triomphé de notre tellurocratie, son équivalant terrestre et européen.
Il est donc plus qu’intéressant que ces Anglais, même de fraîche date, se penchent aujourd’hui sur les troubles causés par ce fameux « modèle » démocratique et libéral, auquel un autre « modèle » s’opposa un temps : le communisme. En effet, ces deux systèmes ont ceci de commun de promettre un monde meilleur, parousie d’une société apaisée par le « doux commerce » pour l’une, société sans classe pour l’autre. Bref, le paradis terrestre pour tous, concept allant évidemment à l’encontre de toutes les ancestrales croyances humaines pour lesquelles, si jardin céleste il y a, il ne saurait être que dans l’autre monde.
Le communisme n’est plus ; mais le capitalisme mondialisé ne va pas très fort, n’ayant pas tenu lui aussi ses promesses. D’où ce mouvement de nostalgie globalisée, ici analysé d’exhaustive manière, car transcendant à la fois étiquettes politiques et continents. Donald Trump veut renouer avec l’Amérique d’autrefois. Tout comme, naguère, Hugo Chávez avec le bolivarisme. Sans oublier Vladimir Poutine et les tsars, l’ayatollah Khameyni et les empereurs perses, Benyamin Netanyahou et le roi Salomon, Recep Erdoğan et les sultans ottomans, Narendra Modi et les maharadjas, Viktor Orbán et les princes magyars, Xi Jinping et la dynastie des Ming, Boris Johnson et la gloire passée de l’Angleterre, et même Emmanuel Macron singeant général de Gaulle et rois de France.
Cette déferlante politique peut évidemment se doubler d’un bizness des plus rentables : même McDonald’s communique en capitalisant sur son bon vieux Big Mac d’autrefois, chemises en polyester à col pelle à tarte à l’appui. Nos bobos des mégapoles n’agissent pas autrement, même si stigmatisant la « beauferie » des gilets jaunes et de leurs ronds-points tout en allant « casser la croûte » dans des « bistroquets » entièrement ravalés de frais, avec napperons vichy et menus rédigés à la craie sur des ardoises ; le tout sur fond d’accordéon. L’authentoc a le vent en poupe.
Il n’empêche que cette sourde revendication venue du plus profond de l’âme humaine dépasse de très loin les actuelles tendances du marché, ce dernier n’étant jamais que le thermomètre en temps réel des tendances du moment.
Après, était-ce fondamentalement mieux avant ? Bien sûr que non et que oui à la fois. Nos Trente Glorieuses étaient aussi celles de deux ans de service militaire en Algérie, pour une guerre inepte et perdue d’avance. Mais aussi celles d’une possible déflagration nucléaire hantant les nuits de nos compatriotes d’alors.
En revanche, il est assez saugrenu que ceux qui reprochent aux « populistes » d’idéaliser le passé soient les mêmes à continuer de nous faire marcher de force vers un avenir radieux. Et, sans forcément sombrer dans la nostalgie – c’était évidemment mieux avant, parce qu’avant, on avait vingt ans –, qu’il ne nous soit pas non plus interdit d’éprouver une certaine mélancolie pour une époque où les êtres et les choses avaient encore un semblant de sens.
Ainsi, il fut un temps où papa grimpait sur maman pour faire un enfant. Aujourd’hui, deux êtres au sexe indéterminé, mais à forts revenus et profession à indéniable valeur intellectuelle ajoutée (de race blanche, le plus souvent), s’en vont faire leur marché au Tiersmondistan pour que des pauvresses (de race plus sombre, généralement) prennent des vergetures à leur place ; ce, au nom du féminisme de combat, tant qu’à en rajouter dans l’hypocrisie ambiante.
Si c’est ça, le monde de demain, on admettra que celui d’hier ne manquait pas d’un certain charme. Nous sommes, d’ailleurs, quelques milliards de Terriens à le penser.
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