« Cette campagne sent mauvais », la phrase-testament de Pépère
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C'est à croire que notre Président sur le départ lit désormais Boulevard Voltaire tous les matins. On avait perçu bien avant lui que les préparations d'arrière-cuisine de son mitron Macron ne sentaient pas très bon. Mais de là à voir le 7e président de la République française, à l'occasion d'un entretien solennel donné au Monde, à 10 jours du premier tour de l'élection présidentielle, reprendre les titres de notre journal !
A vrai dire, on comprend que M. Hollande lise votre journal favori. Rétrospectivement, il doit y trouver les analyses les plus lucides sur sa politique et les figures du quinquennat, et aussi quelques prédictions justes. Boulevard Voltaire : mille fois plus performant, et moins coûteux, que Gaspard Gantzer ! Ah, s'il avait été plus clairvoyant...
Donc, le Président empêché a décidé, voyant l'effondrement de son Macron se profiler dans les vrais sondages dont il dispose, de sortir de son silence. Et il faut le remercier d'assurer le service présidentiel jusqu'au dernier jour, dans la catégorie "plus drôle et plus maladroit que moi ya pas", où il excelle sans discontinuer depuis cinq ans.
Donc, M. Hollande veut mettre en garde les Français contre leur tentation dégagiste. Et, donc, contre le dégagisme, il s'engage ! Dans Le Monde aujourd'hui, demain dans Le Point, et enfin sur le site Konbini (ça ne s'invente pas !), destiné aux jeunes. Car il voit d'un œil très inquiet la progression de M. Mélenchon, véritable homme de gauche, lui, authentique et profond autant que Macron est artificiel et creux.
Il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l'on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte.
C'est un spectacle rafraîchissant de voir un Président qui a tout fait pour faire monter le Front national et couler Fillon se voir pris à son propre jeu, mais dans son camp : avec la solution Macron, et le figurant Hamon, il croyait avoir trouvé la porte de sortie pour faire oublier le PS et toute la gauche. Sauf qu'à trahir son électorat sans vergogne, pendant cinq ans, et maintenant avec l'opération Macron, à se recentrer tellement qu'on tombe de l'autre côté, on prend le risque de laisser grossir quelque chose à sa gauche… L'électorat ne se change pas d'en haut à la vitesse des girouettes du PS... Et que la gauche ressente le besoin d'avoir un candidat digne et vraiment de gauche, c'est une donnée logique qu'il aurait dû prendre en considération avant de mettre Macron sur orbite... Mais il est bien tard pour tenter de rattraper la sauce.
Et puis notre Président a cette image dévastatrice, que Macron appréciera autant que nous : notre Emmanuel est devenu la "dernière quille à rester debout" ! Hollande a inventé l'élection partie de bowling ! Et il se pourrait que les Français le prennent au mot et aiment le jeu autant que lui, dès le 23 avril !
On aimerait conseiller à M. Macron, s'il veut vraiment éviter sa déroute annoncée, qu'il implore M. Hollande de bien vouloir garder un silence total jusqu'au 7 mai. Mais, avouons-le, sans le grain de sel de Pépère, ce serait nettement moins drôle !
Dans le genre du chef d’État sentant la fin arriver et mettant en garde son peuple, il y avait le sinistre « vent mauvais » de Pétain ; il y aura désormais le trivial "Cette campagne sent mauvais" de Hollande. Que la campagne sente mauvais à ce point, n'est-ce pas « normal », quand on s'amuse à faire de la mauvaise cuisine avec son Macron et à lancer des boules puantes depuis des mois ?
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