Cette gauche qui n’aime plus Caroline Fourest

@YouTube/LeFigaro
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Après le meurtre de Philippine par un étranger sous OQTF, les féministes de gauche - Sandrine Rousseau, Alice Coffin, Manon Aubry… - se sont empressées d’accuser l’agresseur en tant qu’homme, et non en tant qu’immigré en situation irrégulière sur le sol français. C’est justement le manque de mesure que souligne Caroline Fourest dans son ouvrage Le Vertige MeToo (Grasset) : dénoncer, sans réfléchir. Et pour cela elle a été reléguée au rang des parias à gauche.

Pourtant, elle était l’idole de la gauche, peut-être même son égérie. Ancienne journaliste à Têtu et Charlie Hebdo, elle est éditorialiste à Marianne, rédactrice en chef de la revue ProChoix et directrice de la rédaction du magazine Franc-Tireur. Ses enquêtes contre les intégrismes, sa lutte acharnée contre les discriminations infligées aux personnes LGBTQIA+ la plaçaient sur le piédestal de la modernité, de l’inclusivité et de la déconstruction. Malheureusement, à gauche, on est toujours le facho de quelqu’un. Et à l’extrême gauche, on tombe rapidement dans cette catégorie. La voilà, à présent, dans la catégorie des réac'… dans la même boîte, ou presque, que François Ruffin. Leur tort, à tous les deux ? Avoir ajouté des nuances et de la mesure aux combats des plus radicaux à gauche.

Attaquée par l'extrême gauche...

Caroline Fourest, pionnière du combat féministe, n'a jamais caché son militantisme homosexuel, mais ses positions, notamment dans Le Vertige MeToo, ont achevé de ternir son image aux yeux des ultra-progressistes. Très présente sur les plateaux télévisés durant la promotion de son livre, elle a agacé profondément les néo-féministes qui l’accusent de décrédibiliser la libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Comment ose-t-elle penser et affirmer que « toutes les victimes ne le sont pas au même degré ? Une insulte sexiste ne vaut pas une agression sexuelle qui ne vaut pas un viol. »

Caroline Fourest analyse les raisons de cette chute brutale dans une interview donnée au média Éléphant : « Tant que j’écrivais sur les intégristes catholiques et les anti-avortement, on m’adorait. Mais quand j’ai commencé à pointer les dangers de l’intégrisme islamique, on a commencé à me trouver perturbante. » En plus de cette indignation à géométrie variable, elle dénonce un manque de mesure dans la forme récente des combat qu’elle mène, particulièrement le féminisme : « Je regrette juste qu’elles [les néo-féministes, NDLR] défendent leurs positions de manière parfois sectaires en se transformant en inquisitrices. » Pour elle, « le féminisme est devenu tendance ; cela autorise les abus de pouvoir et de langage ». Les abus, c’est tout justement ce que dénonce l’essayiste. Selon elle, l’universalisme est contraire aux wokisme, qui « revêt une dimension liberticide inquiétante ». Pas étonnant que la gauche refuse de la soutenir et même l’accable. Clémentine Autain, Sandrine Rousseau, ces féministes soutiennent les femmes, mais pas celles qui ne s’inscrivent pas dans leur démarche idéologique.

Soutenue par Eugénie Bastié...

Selon Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, « Caroline Fourest est considérée par certains comme réac’ parce qu’elle n’adhère pas aux présupposés woke de la nouvelle génération. » Défendue par une journaliste de droite, Caroline Fourest fait face aux assauts des médias de gauche. Ils n’ont pas de mots assez durs pour qualifier la patronne de Francs-Tireurs et ses thèses. Les Inrocks titrent : « Mensonges, erreurs et attaques personnelles ». On apprend dans ces colonnes que cette militante féministe use d’une « rhétorique réactionnaire » au service de son « idéologie anti-woke et réactionnaire ».

Mediapart, fortement mis en cause dans l’ouvrage de Fourest, riposte par un article titré « Les mensonges de Caroline Fourest ». Plus question de solidarité, ni entre confrères ni entre femmes – la signature de l’article en question est féminine. Et pour cause : Caroline Fourest ose soutenir la thèse selon laquelle, par clientélisme, Mediapart mettrait en branle un plus grand tapage médiatique pour des affaires concernant des « Blancs ou juifs, moins musulmans ».

Caroline reste à gauche

Caroline Fourest, ne se droitise pas pour autant : elle souligne dans son ouvrage l’importance de se tenir quoi qu’il en coûte à équidistance du wokisme et de l’extrême-droite… Pourtant, elle dénonce cette « gauche qui s’étonne que le pays glisse à droite » après avoir prouvé dans son édito la responsabilité de la « gauche contestataire ». De gauche, mais pas assez de gauche, Caroline Fourest ne mérite plus d'applaudissements, de reconnaissance ni même de considération, par une gauche prompte à brûler ce qu'elle a adoré.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Les « féministes » de gauche s’empressent d’accuser en tant qu’homme et non pas comme immigré l’agresseur de Philippine. J’imagine aussi que pour dahbia benkired, suspectée d’avoir torturé, violé et tué la petite Lola, les « féministes » de gauche se sont empressées d’accuser « l’homme » et non pas l’algérienne sous OQTF au moment des faits.

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