Ceux de 14, et celles-et-ceux de 20…
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La vie offre quelquefois des raccourcis saisissants. Notre Président, pénétré par son rôle, nous a répété, il y a quelques mois, que nous étions en guerre. Pas en guerre contre ceux qui nous ont déclaré la guerre (ils n'auront pas notre haine), mais en guerre contre un virus. Et, « en même temps », il fait entrer au Panthéon Maurice Genevoix.
Comment utiliser le même mot pour parler de la Première Guerre mondiale et de la lutte contre un virus infiniment moins grave que la maladie d'Ebola, qui fait beaucoup moins de morts que le paludisme ou la tuberculose ? Ou, plutôt, pourquoi utiliser le même mot ?
Les médecins tiennent des discours très différents ; les philosophes, eux, comme l'a fait très judicieusement remarquer Charlotte d'Ornellas, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, sont tous d'accord pour condamner la politique de confinement généralisé. Robert Redeker parlait, récemment, dans Le Figaro, de « renversement anthropologique sans précédent ». On sacrifie l'avenir du pays à quelques vies, de personnes plutôt âgées ou très âgées et souvent atteintes de comorbidités, alors que, lors de la Grande Guerre, on sacrifiait une génération entière à l'avenir du pays, une génération jeune !
Pourquoi utiliser le même mot pour décrire des situations aussi différentes, aussi opposées ?
Cette génération (ma génération, notre génération) qui a tout reçu et rien transmis, qui a trouvé un pays prospère et en paix, et qui va laisser à ses descendants un pays endetté et au bord de la guerre civile, poursuit son œuvre de destruction en criant encore : « Et moi et moi et moi ! » Au lieu de dire aux plus jeunes de continuer à vivre et à faire tourner le pays, pour le bien du plus grand nombre.
C'est Gérard Larcher qui, interrogé sur la possibilité de confiner les gens les plus vulnérables, répond que ce serait inégalitaire. C'est le virus qui est inégalitaire !
Ce sont nos médecins qui crient « Tous aux tranchées ! » Ce n'est pas comme ça qu'on gagne une guerre. Comme si on renonçait au moment de donner l'assaut parce que nos hôpitaux de campagne sont combles.
Et « en même temps », on rend hommage à Maurice Genevoix et à ceux de 14, alors qu'on piétine tous les jours leur héritage !
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