Charte de l’islam en France… La Septième Compagnie au croissant de Lune !

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Ça pourrait être dramatique, ça en deviendrait presque drolatique. Ainsi, après la brève embellie consécutive à une future et éventuelle Charte de l’islam français, conclue de haute lutte entre gouvernement et cinquante nuances de vert islamique, patatras ! En effet, trois fédérations du Conseil français du culte musulman viennent, au dernier moment, de priver le déjà branlant édifice de leurs paraphes respectifs.

En 2000, le défunt – et génial – dessinateur René Pétillon faisait un tabac avec L’Enquête corse, BD qui nous entraînait dans les méandres de l’île de Beauté, entre nationalistes et autonomistes, indépendantistes et séparatistes. Dans ce maquis, même un cochon sauvage n’y aurait pas retrouvé ses petits.

Six ans plus tard, avec L’Affaire du voile, le même Pétillon envoyait son détective fétiche, Jack Palmer, sorte de vrai con maltais, à l’assaut des mosquées. Ou l’art de tenter de démêler, en vain il va de soi, des querelles plus byzantines encore opposant salafistes et fréristes, piétistes et laïcistes, sous le regard hébété de technocrates de la Place Beauvau, totalement largués devant un microcosme dont les mille et une subtilités n’étaient pas au programme de ces grandes écoles censées leur apprendre la vie. Au ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin n’a probablement pas dû vivre autre chose.

Car aujourd’hui, voilà où nous en sommes. Des trois fédérations ayant refusé de se soumettre, après avoir accepté de le faire : Foi et Pratique, association issue du Tabligh indo-pakistanais. Dans le cocktail proposé, il y avait sûrement un peu trop de république et pas assez d’islam. Logique, pour un mouvement piétiste, estimant que tout musulman digne de ce nom devrait se comporter, au XXIe siècle et en France, tel qu’on imaginait qu’il ait pu vivre quelque quatorze siècles auparavant, dans une société de bédouins.

Plus intéressante, en revanche, est la position de ses deux homologues récalcitrants ayant décidé de faire de la résistance, le CCMTF (Comité de coordination des musulmans turcs de France) et le CIMG (Millî Görüş) ; pas forcément pour des motifs de rigorisme religieux, mais pour des raisons autrement plus politiques, sachant que ces deux fraternités sont d’obédience turque et, de fait, chaudes partisanes du régime islamo-conservateur d’Ankara.

Comme si tout cela était trop simple, il y a encore un autre os, sachant qu’à elles deux, ces associations sous influence stambouliote sont majoritaires au CFCM, devant l’Union des mosquées de France (grande mosquée de Paris) et les Musulmans de France, ex-UOIF, épigone des Frères musulmans. C’est-à-dire que le « »traditionnel » islam maghrébin se trouve minoritaire en son « propre pays », la France. Comme quoi tout fout le camp de partout ! D’un point de vue doctrinal, remarquons que CCMTF et CIMG sont à religiosité variable : un peu laïque, un peu traditionnelle, à condition toutefois que tout cela demeure turc.

Mais là où la corne de gazelle a du mal à passer, même accompagnée de thé à la menthe, c’est que nos musulmans turcs ne sont que 700.000 en France, contre deux millions de musulmans algériens et au moins autant de marocains et tunisiens (Le Figaro). Ainsi, les Maghrébins comprennent mal pourquoi ils devraient obéir à des Turcs qui, eux, imaginent mal pourquoi on leur interdirait de commander à des Maghrébins. Et encore, on vous épargne le sort des musulmans d’Afrique noire, minorité invisible du CFCM, et pas tout à fait d’humeur câline vis-à-vis de ses anciens maîtres en esclavagisme.

Voilà, en quelque sorte, une assez belle démonstration par l’absurde à destination de certains complotistes théorisant une conspiration musulmane visant à subvertir notre vieille Europe.

Bref, c’est la Septième Compagnie au croissant de Lune.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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