Château de La Buzine : le clan Pagnol se retire et attaque la mairie !

La Buzine Marcel Pagnol

Depuis cinq ans, la gestion du château de La Buzine, « Le Château de ma mère » de Marcel Pagnol, ancienne propriété de l’écrivain appartenant aujourd’hui à la mairie de Marseille, était confiée à l’association Château de La Buzine, présidée par Nicolas Pagnol, le petit-fils de l’auteur, que Boulevard Voltaire interviewait le 25 juin dernier. Cette association s’attachait à honorer la mémoire et l'œuvre de Marcel Pagnol, mais proposait également des expositions, des séances de cinéma, des concerts, des activités pour les enfants… Une offre qui lui avait permis de multiplier par huit la fréquentation du site pour atteindre les 80.000 visiteurs par an. Un bilan plus qu’honorable qui pouvait laisser penser à Nicolas Pagnol qu’il serait reconduit.

« Rendez Marcel Pagnol à La Buzine »

Cela n’a pas été le cas : le 15 juin, le petit-fils de l’écrivain apprenait que la gestion du château serait confiée au mouvement Centre de culture ouvrière (CCO), composé d'une quinzaine d'associations ayant pour vocation d’« œuvrer, au travers de ses engagements, à une réelle transformation sociale et sociétale ». Un mouvement plus spécialisé dans la gestion de centres sociaux que dans celle d’établissements culturels. Le jour même de cette annonce, Nicolas Pagnol lançait une pétition en ligne intitulée « Rendez Marcel Pagnol à La Buzine ». Deux semaines plus tard, 60.000 signatures étaient réunies, obligeant la mairie à réagir. Ce qu’elle fera le 29 juin par voie de communiqué en déclarant « sans suite la procédure d'attribution de cette délégation de service public, pour motif d'intérêt général » à cause d’une « erreur dans la publicité préalable à la mise en concurrence ». Elle annonçait également reprendre « en régie l'ensemble des activités artistiques et culturelles du château de La Buzine ». Une conclusion qui montrait bien que l’association Château de La Buzine était devenue indésirable.

L’histoire aurait pu en rester là, mais ce ne sera pas le cas. Ce jeudi 14 septembre 2023, sur le parvis de l’édifice du XIXe siècle, à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle a pu assister Boulevard Voltaire, le clan Pagnol, qui n’accepte pas d’avoir été évincé de la sorte, s’est montré plus déterminé que jamais à « faire valoir ses droits ».

Revirement

En effet, alors que certaines personnes présentes, comme Sylvain Souvestre, maire des XIe et XIIe arrondissements, s’attendaient à une bonne nouvelle, elles en ont été pour leurs frais. Après avoir lu un passage du roman écrit par son aïeul, Nicolas Pagnol annonçait : « L’été portant conseil, j’ai décidé de ne pas remettre en cause le passage en régie car le risque de discontinuité du service public serait trop grand et le personnel du château pourrait être licencié. » À ce moment-là, une réconciliation semblait encore possible, mais ceux qui espéraient une fin heureuse allaient rapidement déchanter. En une phrase, le petit-fils de l’écrivain a montré que la hache de guerre était loin d’être enterrée, au contraire : « Vu les attaques de monsieur Payan et de ses adjoints à l’encontre de l’œuvre de Marcel Pagnol, à l’encontre de la famille Pagnol et à mon encontre, vous comprendrez que l’œuvre de mon grand-père n’a plus lieu d’être présentée à La Buzine et que les ayants droit Pagnol ont décidé de couper toute collaboration avec la mairie actuelle. » Concrètement, cela signifie que l'œuvre de Marcel Pagnol ne pourra plus être présentée ou vendue à La Buzine et que son héritier interdit formellement à la mairie de Marseille d’utiliser l’image, le nom ou les textes de son grand-père.

Le maire de Marseille visé par une plainte pour diffamation

Si cette décision est aussi regrettable que compréhensible, ce n’est pas l’information la plus stupéfiante qui ait été donnée lors de cette conférence de presse. Après avoir terminé son intervention, Nicolas Pagnol a laissé la parole à ses conseillers et avocats. Ces derniers ont fait savoir qu’ils allaient réclamer des explications à la mairie sur l’attribution de la délégation de service public (DSP) au Centre de culture ouvrière plutôt qu’à l’association Château de La Buzine, mais également qu’une plainte allait être déposée « pour diffamation à l’endroit de Nicolas Pagnol et pour injures ». Sont visés par cette plainte le « maire non élu Payan », comme a aimé le répéter Maître Koubi, l’avocat de Nicolas Pagnol, et également cinq adjoints : Jean-Marc Coppola (adjoint au maire de Marseille en charge de la culture pour toutes et tous, de la création, du patrimoine culturel et du cinéma), Jean-Pierre Cochet (adjoint au maire de Marseille en charge de la sécurité civile, de la gestion des risques et du plan communal de sauvegarde), Pierre Huguet (adjoint au maire de Marseille en charge de lʼéducation, des cantines scolaires, du soutien scolaire et des cités éducatives), Sophie Roques (adjointe au maire de Marseille en charge de lʼétat civil, dʼAllô Mairie et de lʼaccueil des nouveaux Marseillais) et Théo Challande Nevoret (adjoint au maire de Marseille en charge de la démocratie locale, de la lutte contre les discriminations, de la promotion des budgets participatifs et du service civique).

Pour la réconciliation, il faudra donc repasser. Un ping-pong juridique devrait succéder au ping-pong médiatique que se sont livré les deux hommes, ces dernières semaines, et qui a donné un avantage au clan Pagnol, la popularité de l’œuvre de l’écrivain aidant. Les Marseillais sont visiblement bien plus attachés à Joseph, Augustine, Paul, César, Fanny et les autres qu’à Benoît. Nicolas Pagnol l’a bien compris : « Je ne sais pas si sa carrière politique [celle du maire de Marseille] sera longue, mais je sais que l'œuvre de mon grand-père est immortelle et que le château de La Buzine restera Le Château de ma mère pour tous les Français. Ne vous en faites pas, ce n’est qu’un au revoir. Les politiques passent mais Pagnol, lui, restera. » Il n’y a donc plus qu’à attendre que le château de mon maire redevienne Le Château de ma mère, mais avec ces gens-là au pouvoir, le temps semble toujours très long.

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Triste ! on voit ici la catastrophe que représente l’écologie idéologique dans le monde politique. Ces gens ne font pas de l’écologie mais du fanatisme quasi-religieux.

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