Le chèque énergie se met en place
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Après avoir été expérimenté dans quatre départements, le chèque énergie va être mis en place dans toute la France. Son attribution sera automatique suivant le revenu fiscal déclaré et concernera quatre millions de contribuables. Le plafond de ressources sera de 7.500 € pour une personne seule et de 16.100 € pour un couple avec deux enfants. Les bénéficiaires toucheront un chèque de 150 €. Ce nouveau dispositif remplace et améliore les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité car, autrefois, une personne aux faibles revenus qui utilisait le fioul ou le bois pour se chauffer ne percevait aucune aide.
Or, certains dépensent jusqu’à 600 € par mois pour se chauffer car, en général, plus un ménage est pauvre, plus le montant de son budget énergie est élevé. Cet appoint de 150 € risque fort de se révéler insuffisant dans un grand nombre de cas et beaucoup de familles continueront à vivre dans le froid et à se regrouper devant un seul radiateur électrique.
L’État subventionne un peu les travaux nécessaires d’isolation, mais les formalités sont compliquées. Le programme phare « isolation des combles pour 1 € » ne concerne que quelques foyers ; il a cependant le mérite d’exister. Mais, souvent, ce sont les fenêtres et les murs qui sont en mauvais état. Remplacer les surfaces vitrées, doubler les murs à l’extérieur coûte cher. Les subventions ne couvrent pas - et de loin - les dépenses. Les travaux ne sont donc pas à la portée des propriétaires les plus modestes. Quant aux locataires de passoires thermiques, leurs bailleurs n’ont souvent ni l’envie ni les moyens de dépenser 10.000 € à 15.000 € (voire plus) pour isoler leur bien, alors que le loyer qu’ils percevront ne bougera pas.
M. Hulot a décidé de créer un bonus-malus, lors de la vente d’un logement, selon ses performances énergétiques. Il réformera aussi les aides (mais elles ne couvriront toujours pas les dépenses). En outre, il faut déplorer le manque de compétence de certains « professionnels » de l’isolation. On peut parfois se retrouver, après travaux, au même point qu’au départ ! Nous serions, paraît-il, quatorze fois plus mauvais dans ce domaine que les Allemands ! Espérons que, pour toutes ces raisons, ce malus ne se transformera pas en un nouvel impôt sur les pauvres, car ce sont eux qui possèdent la plupart des passoires thermiques.
Enfin, si on réfléchit, ce chèque énergie qui ne peut être endossé que par un distributeur de bois, de fioul, de gaz ou d’électricité, est un avant-goût du revenu universel cher à M. Hamon, qui va lentement se mettre en place dans les cinquante ans qui viennent. Véritable impôt négatif, il consistera en une série de subventions destinées à payer une prestation de base précise (ici, l’énergie). Cette méthode est, à mes yeux, préférable au chèque global, car on est sûr qu’alors l’argent distribué va bien là où il le faut et ne sera pas dépensé pour des choses moins importantes, voire frivoles. En affirmant cela, je me place sûrement dans le camp des affreux réactionnaires, mais tant pis : j’assume.
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