Cher Covid, tu as changé ma vie !

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Bon anniversaire Covid-19 ! Eh oui, comme ton nom l’indique, tu es de fin d’année 2019, tu as donc fêté tes un an il y a peu. Tu viens de Chine, mais aussi d’Angleterre, d’Afrique du Sud, du Brésil, bref, tu ne viens pas de chez nous : si tu avais eu un passeport, ou plutôt si on avait eu une frontière, tu ne serais peut-être jamais venu nous visiter. C’est chose faite, et visiblement, ça continue, les habitudes idéologiques ont la tête dure, mais ne remuons pas le douanier dans la plaie.

Tu es jeune, Covid-19, et pourtant, tu as changé ma vie. Ma santé ? Pas vraiment, lors de ton passage, j’ai eu raison de toi, avec trois Doliprane™ et une nuit de repos. Par contre, je n’oublierai jamais cette pizza roquette-jambon qui, à la suite de ton départ, avait alors un goût de carton. Sauf que tout le reste a changé. Je me suis mis à fumer pour avoir le droit de retirer mon masque et j’ai pris quelques kilos à force de rester chez moi.

En 2021, je devais acheter une maison et m’y installer, me marier et avoir des enfants. Mon banquier était d’accord, quelques-uns de mes employés avaient plus ou moins les mêmes projets, et puis te voilà.

Toi ? Tu n’y es pour rien, je sais. D’ailleurs, en 2017, ton grand frère, qui n’était pas bien plus méchant, était passé par chez nous en occasionnant une hausse de la mortalité chez les personnes fragiles, nous n’en avions pas fait une pendule, les médias avaient d’autre chats à fouetter.

Mais là, cette année passée, on peut dire que tu as fait mouche. Avec comme président de la République un stagiaire hydroponique, la génération 68 pour cible, les réseaux sociaux, une société sécularisée sans idéal avec, comme seule ambition, d’avoir le dernier iPhone™… tu ne pouvais mieux tomber. Tu as rappelé aux humains qu’ils étaient mortels. Un scoop, pour l’époque. Surtout qu’une génération qui n’a rien construit de son existence va devoir céder sa place sur le plus lamentable bilan que le pays ait jamais connu. Et comme on ne finit pas bien ce qu’on a mal commencé, les générations qui suivent vont devoir les regarder partir, bien sagement, sans bouger.

Peut-être que, dans quelques années, je te remercierai de nous avoir ouvert les yeux. Sur notre manque d’envie, d’ambition, de hauteur, d’amour pour notre nation. Sur notre excès d’émotion, de bureaucratie, de technocratie. Peut-être que tu es le fossoyeur d’une génération de gouvernants aveugles, déconnectés, velléitaires, sinueux, lâches et de mauvaise foi. Mais pour l’instant, tu as provoqué la fin de mes rêves, les larmes dans mon couple et dans les yeux de mes employés, la tristesse de mes clients, la tendance à l’oisiveté, la consommation d’antidépresseurs chez des jeunes de 20 ans et moins, la perte de confiance, la peur de voir le sourire de l’autre sans son masque, la surconsommation d’écran, les jeux vidéo et la consommation de porno. Vois-tu, si tu présages peut-être de beaux jours, tu as quand même provoqué un sacré bordel.

En attendant le Grand Reset, car t’imagines pas qu’on va payer pendant vingt ans le coût de six mois d’espérance de vie, j’espère que tu finiras par t’éteindre plutôt que de muter en nouvelle taxe. À vrai dire, si tu pouvais devenir un virus qui donne du courage, tu ne serais pas venu pour rien, même si, en matière d’audace, ce pays ne doit pas être loin de l’immunité collective.

À la prochaine, peut être le Covid-21 ?

Morgan

Morgan Trintignant
Morgan Trintignant
Restaurateur, fondateur des chemises blanches

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