Cherbourg : Argos dénonce le viol. Le maire et le préfet dénoncent… Argos

Argos

Xavier Brunetière, nouveau préfet de la Manche, est ravi. Dans un message sur X daté de samedi, il « salue la rapidité d’intervention des équipes du commissariat de Cherbourg appuyées par un escadron de gendarmerie du Calvados pour mettre fin à une action porteuse d’un discours haineux ce samedi midi ».

Benoît Arrivé, maire socialiste de Cherbourg, est très heureux également. Il reposte le message du préfet en le paraphrasant à sa sauce. « Je salue la rapidité d’intervention des services de l’État, de Monsieur le Préfet et de la police nationale. Ces discours de haine et de racisme sont contraires à la République. »

Tout le monde est drôlement content. Mais de quoi donc, au juste ? De la mise en garde à vue pour 48 heures et de la comparution immédiate, ce 11 septembre, de douze militants du collectif Argos. Pour quel abominable crime ? Avoir déployé symboliquement deux banderoles devant l’immeuble d’Oumar, mis en examen pour « viol accompagné de tortures ou actes de barbarie » sur Mégane. Sur l’une, on pouvait lire « L’État ne te défend pas, prépare-toi ! », sur l’autre « Mégane, violée par Oumar, 17 mentions au casier et 5 condamnations ».

Idiots utiles ?

De fait, le maire et le préfet peuvent se montrer satisfaits au vu de la débauche de moyens déployés : 3 ou 4 cars de CRS attendaient la manifestation non déclarée sur les lieux. Des forces de l’ordre ont été dépêchées en renfort. Et c’est finalement un barrage policier qui a arrêté une voiture des membres du collectif. Dans la voiture auraient été trouvés des couteaux et une matraque.

Après la comparution immédiate, douze militants sont ressortis libres sous contrôle judiciaire, en attente du procès renvoyé le 16 octobre. Comment se terminera cette affaire ?

Par un flop, comme pour les militants d’extrême droite arrêtés en décembre dans un bar en marge du match France-Maroc ? Libération, ne reculant devant rien, surtout pas le ridicule, avait parlé à leur propos de « nuit [ayant] soufflé le facho et l’effroi », de « nuit du grand déferlement » et de « nuit bleue peste brune » (sic). Jugés le 8 septembre, ils sont sortis du tribunal libres comme l’air pour cause de procédure cousue de fil blanc… Ou, comme Génération identitaire, les militants d'Argos écoperont-ils d'une  condamnation sévère ? Impossible à dire. Mais Maître Pierre-Vincent Lambert, leur avocat, s’inquiète déjà d’une répression d’opportunité grandissante pour des actions symboliques. Peu de chances qu'à l'instar de certaines manifestations « antiracistes », il se trouve un membre du gouvernement pour faire valoir, dans leur cas, que  l'émotion dépasse la loi...

On peut trouver inutile autant que contre-productif ce genre de happening et regretter que les jeunes auteurs se muent in fine en idiots utiles d’un contre-feu bien pratique pour leurs adversaires. Mais comment ne pas être médusé par ces deux comptes Twitter officiels représentant l’État ? Ils n’ont pas de mots assez durs - « haineux », « racistes » - pour les porteurs de banderoles, mais ces mêmes comptes sont restés muets comme des carpes au moment des horribles faits dénoncés par lesdits calicots. En réponse à un internaute qui lui en fait grief, le maire renvoie à une mention, dans Ouest-France, d'un communiqué au nom du conseil municipal. Et pour justifier son silence sur les réseaux sociaux, il argue « la discrétion et la retenue » par « respect pour la victime ». Mais quand il s'agit de dénoncer Argos, exit la discrétion, la retenue et le respect pour la victime.

Défendre en creux le violeur présumé

En tant que préfet et maire, n’étaient-ils pas garants de l’ordre public et de la sécurité dans leur ville ? Si cette garantie avait été assurée, Cherbourg ne serait pas soudain devenue tristement célèbre, ces jours derniers. Alors que le continuum police-justice s’est montré incapable de mettre hors d’état de nuire un horrible individu bien connu pour sa violence, notamment envers les femmes, et moult fois condamné, ils se permettent de tirer gloriole d’avoir neutralisé un groupe de jeunes s’indignant de ses exactions ? Loin d’avoir honte de cette impéritie collective dont ils portent la responsabilité partagée (le préfet de la Manche a changé en août, mais il y a continuité de la fonction), ils s’offrent donc le luxe de défendre en creux le violeur présumé, victime, à les lire, de « haine » et de « racisme » ?

Comment ne pas y voir une illustration éclatante d’anarcho-tyrannie, concept développé en 1992 par l’essayiste américain Samuel Todd Francis : laxisme pour les délinquants et les criminels, répression pour les autres ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

74 commentaires

  1. Malgré tout ce qu’elle subit de la part de sa hiérarchie et des autorités politiques, la police reste soumise et disponible en masse pour les besognes les plus contestables.
    Rien à attendre.

  2. La seule chose qui pourrait permettre à ce gouvernement de  » lutter avec succès contre l’extrème_droite » sera le rétablissement de la paix et la tranquillité de tous : pas besoin d’attendre un nouveau discours demain ou les prochaines élections pour commencer !

  3. 3 cars de CRS pour une banderole et 12 manifestants, quand est t-il des fameuses descentes de crs à Marseille, Nîmes, à grand renfort de pub, la montagne a accouché d’une souris et les meurtres continuent de plus belle à Marseille. manifestants qui ne cassent rien, ça c’est louche, hop en garde à vue, on va les essorer pour troubles à l’ordre public, par contre Oumar qui terrorisait le quartier depuis des années, harcelait sa petite soeur sexuellement, frappait sa mère, tout ça le maire et le préfet en avait rien à foutre, tout comme le massacre de Mégane, tout ces incapables doivent être virés, on en a marre que minus de l’Elysées nomme préfets des copains depuis qu’il a supprimé la « préfectorale » et ses copains au corps « diplomatique » qu’il a aussi supprimer, on en voit chaque jour les dégâts à l’international.

  4. Nous sommes dans un pays d’hypocrites où il ne faut jamais dire les vérités mais plutôt parler une langue de bois qui n’amène rien. Jamais la France ne s’est tant soumise. Une honte. Par contre les manifs à la Traoré là on laisse faire. Chapeau …

  5. Face a cet acte de barbarie ; étonnant ! pas d’émeutes , pas d’incendies de bâtiments publics , pas de voitures brûlées , pas de pillages , etc etc !!! Pas belle cette FRANCE ? Pas étonnant , je viens de voir que « la magistrature » s’invite à la fête de l’huma !!!! La messe est dite . Winston Churchill a dit :  » Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » . Les propos et l’attitude de ce maire sont une ignominie .

  6. De nos jours en France, déployer une banderole sans violence physique est plus criminel que s’en prendre aux forces de l’ordre, à l’intégrité des biens et des personnes. Seules les manifestations violentes non autorisées sont excusées vu qu’elles s’inscrivent dans le droit à la rébellion.
    J’ose espérer qu’avec ces nouvelles règles de droits les électeurs exprimeront leur volonté de remettre de l’ordre au sein du village.

  7. Il est incroyable de constater que l’état ne défend plus que les racailles surtout si elles sont de religion musulmane ! La conquête du pouvoir justifie t’elle qu’on abandonne notre pays et nos valeurs à ces envahisseurs ?

  8. Oui préparons nous à balayer tous ces gens de gauche ; les banderoles c’est uniquement pour LFI et le clan Traore

  9. Personnellement j’attends avec impatience la réaction de Madame la député S. Rousseau tellement défenseuse des femmes car a ne pas s’y tromper ce sont les femmes qui sont en danger majoritairement.

  10. En fait le maire (socialiste c’est tout dire) et surtout le préfet (digne représentant du gouvernement), important aussi, on très peur de la prise de conscience par la population Française, notamment là à Cherbourg après ce crime tellement odieux une de plus perpétré par une nouvelle population envahissante venus d’ailleurs. Haineux en voilà un si jolie mot qui attire l’attention de ceux que l’on ne veut ne pas voir tomber dans une triste réalité d’une réalité grandissante devant les yeux des biens pensant qui préfèrent regarder le doigt qui montre la Lune.

  11. Oui c’est le délinquant monstrueux qui est la victime ..Quel immonde renversement de situation.
    Nous ne pouvons plus supporter de telles situations.

  12. Trop de manifestations associées à un manque d’autorité et d’efficacité de l’État et on en arrive à l’inverse de ce qu’attend le peuple : objectivité, célérité et sévérité pour les voyous.

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