Cherbourg, Nîmes : pour les vrais anges, il n’y a pas d’émeutes…

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On ne connaît pas le prénom de la jeune femme qui, voici quelques semaines, a été atrocement violée par un « jeune » qui s'était introduit chez elle. On épargnera au lecteur les détails de son calvaire, déjà abondamment documenté par la presse, qui s'intéresse aux faits les plus sordides mais évite soigneusement de s'interroger sur leurs causes structurelles. On connaît, en revanche, le prénom du petit Fayed, 10 ans, qui se trouvait « au mauvais endroit, au mauvais moment », dans une cité de Nîmes, en proie aux règlements de comptes entre trafiquants, et qui a pris une balle perdue alors qu'il rentrait du restaurant avec ses parents. Tous deux seront oubliés et on rapporte même - comble de mépris de la Justice - que le trafic a repris dès le lendemain au pied de l'immeuble du garçon.

Oui, ils seront oubliés. Le train à grande vitesse des actualités les balaiera, comme des brins d'herbe sur une voie ferrée. Ils n'intéressent personne. Les raisons de ce silence, toutefois, diffèrent d'un cas à l'autre. Fayed, quoique son prénom ne figure pas dans le calendrier romain, n'a pas été victime de racisme et n'a pas été abattu par la police : ce n'est donc pas un « drame » et aucun Omar Sy, aucun Kylian M'Bappé ne tweetera sa consternation pour ce « petit ange » qui, à la différence du célèbre Nahel, n'avait en effet commis aucun crime, sauf celui d'habiter dans une des petites enclaves de tiers-monde fichées sur le sol de France.

La jeune femme de Cherbourg, dont le corps meurtri ne se remettra jamais, pour peu qu'elle survive, de sa rencontre avec ce « jeune », n'est pas étrangère et n'a pas été violée par un Français de souche, ce n'est donc pas une de ces « violences fetzofemmes » dont les associations féministes se font volontiers l'écho quand l'agresseur est un mâle blanc. Il y a les bons et les mauvais faits divers. Les petits anges, ce sont ceux qui sont abattus par la police en fuyant un contrôle routier, sans permis, dans une voiture de provenance douteuse. Ce ne sont pas les femmes innocentes, violées chez elles, ni les garçons de dix ans tués par balle. Il faudra s'y faire, car ce n'est pas près de changer.

Corollaire de ce silence, la paix des cités perdues est proprement aberrante. Stupéfiante, dirions-nous, si la crainte d'un mauvais jeu de mots ne nous retenait pas. Pour le petit Fayed, aucune voiture ne brûle, car cela reste une histoire interne. Pour la victime d'Oumar Ndiaye, ce barbare de dix-huit ans au cerveau calciné par le mal, c'est encore pire. Le corps des femmes n'a plus la même valeur qu'autrefois : la faute à la pornographie, peut-être ; la faute de certains issus de certaines populations qui n'ont jamais appris à respecter les femmes et qui importent leur comportement dans un pays qui ne se respecte plus lui-même, plus sûrement encore.

Pour les innocents, les vrais, il n'y a pas un bruit. Pas une étincelle de mortier. Pas un coup de Klaxon™ ni un coup de pied dans un Abribus™. Pas une voiture qui flambe. Pas un magasin pillé. Pas une pharmacie incendiée. Rien. Ça ne compte pas. D'ailleurs, imitant les racailles, la classe politique sélectionne soigneusement ses morts. Castaner trouvait normal de s'indigner de la mort de George Floyd. Macron a eu un mot pour Nahel et sa famille. Pour les Lola, les Axelle, pour Enzo, tué par deux « jeunes » pour un regard, pour cet homme massacré pendant les fêtes de Bayonne par trois « jeunes », pour ce retraité massacré en bas de chez lui par trois « jeunes », pour la femme de Cherbourg violée par un « jeune » et pour Fayed abattu par des « jeunes »... il ne dira rien. Le Jeunistan dicte ses lois.

C'est désormais à nous de nous indigner. Personne d'autre ne le fera. Il n'y a dans le bingo des éléments de langage de Darmanin, que Sarkozy voudrait bien voir à l'Élysée en 2027, que quelques lignes : « Avec la plus grande fermeté », « Je me rends sur place », « Ce crime ne restera pas impuni », « La République sera forte » et, plus récemment (il faut bien se renouveler), « J'envoie la CRS 8 ». Et puis, très vite, on passe à autre chose. On sait bien qui viole, qui vend de la drogue, qui poignarde pour un regard, qui viole en passant par les fenêtres. « Toujours les mêmes profils », disent les policiers. « Ne me demandez pas son profil », disent les victimes de gauche. « Encore un », disent les victimes de droite. Les élections européennes approchent. Plus loin, l'élection présidentielle. Ne pardonnons pas. N'oublions rien. La France bien élevée ne brûle rien, mais son cœur se consume dans l'impuissance d'une rage lente. Après-demain, il sera trop tard.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Tant qu’on continuera à acheter la paix social en victimisant les barbares et en oubliant les victimes, la barbarisation de la France continuera avec la complicité de nos élus super privilégiés et super protégés, eux. Je ne comprends pas d’ailleurs que ces gens là ne soient pas considérés comme des traitres à la nation. Dans tous les cas, ils n’assurent absolument pas les missions qui leurs sont confiées : quelles sanctions ? Aucune, il y a de mauvais criminels et des bons criminels, il y a de mauvaises victimes et de bonnes victimes (alias les petits anges …), il y a de mauvais travailleurs qui, dans le secteur privé, sont sanctionnés : et au niveau de l’Etat, des décideurs, des ‘hauts » fonctionnaires ? Impunité totale ?

  2. « Les élections européennes approchent. Plus loin, l’élection présidentielle.  »

    Cool, les idiots utiles vont pouvoir revoter socialiste, comme depuis 40 ans
    En plus en matière de socialisme, on a vraiment le choix en france : le socialisme, le socialisme vert, le socialisme de droite, le national socialisme, le socialisme rouge etc.. etc..

  3. Ouf une décision très importante et efficace de Darmanin qui présidera une réunion de sécurité sous, sans doute, le conseil de McKinsey un peux onéreux mais tellement efficace comme déjà vue.

  4. Si on veut que quelque chose change il faut se bouger et aller voter. Ni Darmanin ni Philippe ne feront ce qu’il faut pour la France

  5. « imitant les racailles, la classe politique sélectionne soigneusement ses morts ». Conclusion ? Qui sont les racailles ?

  6. Le meurtre de cet enfant est le symbole de ce que subissent les gens des quartiers . Et les consommateurs vont continuer à acheter encourager le traffic qui a genèré cette situation , et Sarkozy est déjà en campagne pour Darmanin qui se couche devant ces voyous et les français vont continuer à s’abstenir de voter et favoriser l’élection d’un Darmanin .

  7. M. Macron avait promis 15.000 places de prison supplémentaires pour son premier quinquennat. En 2021, il y en avait en vérité 2000 de livrées, selon France Info (le grand média d’opposition). Que voulez-vous, dans la vie on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut. Résultat, les criminels qui devaient occuper ces places se retrouvent dehors au milieu de la population avec les conséquences que nous connaissons. Il semble que M. Macron ait changé d’avis entre temps, peut-être sous l’influence de son Garde des Sceaux. Espérons qu’après avoir manqué de place dans les prisons, dans les tribunaux et dans les hôpitaux, on ne manque pas aussi de place dans les cimetières. Si ça continue on finira par enterrer à la va-vite les victimes des règlements de compte, faute de place dans les morgues, comme au bon vieux temps du Covid.

  8. Un peuple qui se résigne et accorde sa confiance à celui qui le méprise de peur que les propos tenus sur son concurrent par ceux qu’il est convenu de nommer « élites de la bien-pensance » mérite t’il de la compassion, du respect? Ma réponse est non. Halte aux jérémiades. Aux prochaines élections, si vous voulez que cette descente aux enfers cesse, alors ne donnez pas une seule voix à ce qui vous trahissent depuis plus de quarante années et vous retrouverez alors la grandeur de l’homme libre.

  9. Nous ne les oublions pas, toutes ces personnes mortes ou mutilées dans le silence gouvernemental et médiatique. L’absence d’émeutes, de voitures brûlées et de commerces dévalisés ne signifie pas une indifférence du peuple français qui, dans son immense majorité est ulcérée de ce qui se passe , mais sa dignité et sa profonde douleur. Il faudra bien que cela se manifester dans les urnes . Et cela dès les élections européennes . C’est mon souhait le plus cher . C’est ce qui pourra , un peu, faire réparation à toutes ces vies brisées . Sans violence, sans sauvagerie, c’est ainsi que nous pourrons dire «  Stop, ça suffit ! »

  10. Il n’y a rien à attendre d’une caste ( les médias ) qui parle déjà des élections présidentielles de 2027, des JO qui seraient envisagés en juillet 2024 et qui nient systématiquement « l’apport prédominent » des exactions et des massacres perpétrés en FRANCE depuis bien longtemps ! …

    Partout en FRANCE, « Orange mécanique » + « Mad Max » sont monnaie courante et en même temps, le « Président-des-cercueils » vient encore et toujours vomir son fiel ! … Une seule solution: sa destitution de toute urgence pour commencer à stopper cette putréfaction de la FRANCE qu’il continue à planifier méthodiquement depuis qu’il est dans la sphère politique ! …

  11. « après demain il sera trop tard »… vous semblez bien optimiste.
    réélu à 58% : il est trop tard.

  12. Vous oubliez « bilboquet » hollande avec sa visite à théo.

    Tant que les français ne se réveillerons pas !

  13. Les vrais anges , les victimes françaises meurent dans le silence total des médias , des élus et des stars de foot ou ciné . Le deuil des familles se fait dans la dignité , les mères ne font pas de show sous les caméras et les amis et familles ne cassent rien , c’est pourquoi ce gouvernement s’en fout . Leur priorité c’est le « pas de vague » acheter la paix sociale pour ne pas affronter ces racailles et régler ces problèmes d’insécurité . La lâcheté et la soumission de ces élus n’est plus à prouver .

    • Pour être un ange, faut être issu de la diversité mais cela ne suffit pas : si le petit Fayed avait été tué lors d’un refus d’obtempérer, là on avait un ange. Faut croire que certains ont plus le droit de tuer que la police

  14. Allons allons, ce matin un adolescent tué à Nîmes, sous le nez de la CRS8? mais ça va faire tache dans le parcours « présidentiel » de Darmanin contre Bruno le Maire, ce dernier nous jouant sans rire (il est fort, moi je poufferais) « les baisses d’impôts vont continuer ». Pour Nîmes, c’est retour à la réalité. Bienvenue en Macronie.

    • Il est vrai qu’il y en a toujours pour « plomber » l’ambiance ! Certains « jeunes » sont vraiment incorrigibles …

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