Chez nous aussi, il y a des rois… et ils vont bien, merci pour eux !

Nous avons quitté le chatoiement baroque pour la grisaille administrative. Pourtant, tout en France est monarchique
roi, jean de France, Louis de Bourbon duc d'Anjou

Nous apprenons que le roi Charles III est atteint d’une « forme de cancer ». Le ton du communiqué est tout britannique ; avec un peu d’imagination, on pourrait presque entendre la voix d’un porte-parole à l’accent cut-glass parler de « some sort of cancer » sur le perron de Buckingham. L’annonce de cette maladie, en vérité, nous renvoie bien moins à la finitude de l’existence (ce triste cliché) qu’à la permanence de l’idée monarchique, dont l’incarnation ne cesse jamais (« le roi est mort, vive le roi »). Pour entourer le vieux roi, ils sont venus, ils sont tous là, il y a même Harry, le fils maudit, revenu tout exprès du Wokistan californien avec son actrice scandaleuse. Dans le rôle de l’altesse qui défraie la chronique, il succède d’ailleurs à la princesse Margaret, qui succédait elle-même au duc de Windsor. Là non plus, pas de vacance du pouvoir.

Chez nous, en France, on n’a pas cette tendresse apolitique. On ne dit plus « en France », d’ailleurs, mais « en république », de plus en plus souvent, comme si le mot France, qui contient deux mille ans d’Histoire, était un peu moins en phase avec la pensée dominante pour qui notre Histoire commence en 1789 - date de fin de l’obscurantisme, comme chacun sait. Chez nous, des ministricules médiocres chassent leurs copies conformes tous les six mois. Nous avons quitté le chatoiement baroque pour la grisaille administrative. Pourtant, tout en France est monarchique : notre goût pour le faste et le régalien ; nos attentes envers l’exécutif, visibles dans la Constitution de la Ve République ; notre chauvinisme envers nos petites patries régionales, loin de la centralisation - autant de choses que les petits gestionnaires interchangeables de la Macronie n’ont pas encore réussi à faire disparaître.

Nous aussi avons un roi, même deux...

Et puis, nous aussi, nous avons un roi. Pour être précis, nous en avons même deux, puisqu’il y a deux prétendants au trône de France : le duc d’Anjou, issu de la branche espagnole des Bourbons, pour le parti légitimiste ; le comte de Paris, issu de la descendance de Louis-Philippe, pour le parti orléaniste. Eh oui, avant d’être des incarnations de la droite selon René Rémond, légitimistes et orléanistes ont été des camps politiques irréconciliables. Le sont-ils encore ? Il semble que les choses aillent vers un réchauffement des relations entre le prince Louis et le prince Jean.

On a ainsi vu les deux prétendants assister à la traditionnelle cérémonie d’hommage à Louis XVI, le 21 janvier. Ils n’ont pas posé côte à côte sur la photo, tout de même, mais enfin, c’est déjà bon signe. Par ailleurs, le comte et la comtesse de Paris ont eu, le 31 décembre 2023, un sixième enfant prénommé Alphonse – un prénom dynastique chez les Bourbons d’Espagne, prénom que portait le père de l’actuel duc d’Anjou. Il est permis, si l’on a le cœur royaliste et une certaine espérance, d’y voir un message d’apaisement, au milieu de cette querelle dynastique tombée dans l’oubli.

« Soyez la République, pauvres bonhommes de paille/Avant que la musique ne reprenne à Versailles », chantait Didier Barbelivien dans Vive le roi, en 1989. On n’a pas mieux à dire à ces ministres dont on nous annonce, dans une totale indifférence, le prochain remaniement. Loin des moqueries lourdes de ceux qui ne voient, dans l’idée monarchique, que passéisme et fanfreluches, on ferait bien de se demander ce qu’il y a de plus ridicule dans le fait d’avoir un roi, quand on voit à quoi ressemble la république sous laquelle nous vivons. Et, si beaucoup - dont l’auteur de ces lignes - ont leur petite idée sur l’héritier du trône de France, concluons en souhaitant, sans esprit de chapelle, que Dieu protège nos prétendants !

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Moi aussi, je suis résolument royaliste (tendance légitimiste) et je suis consterné de la perte de la grandeur de notre pays depuis la sanguinaire naissance de la première république jusqu’aux glauques remugles de notre cinquième wokisante et pitoyable. Toutefois, l’instablilité ministérielle, que M. Florac brocarde, existait déjà sous l’Ancien Régime et, par exemple, de 1754 à 1759, on a compté 7 contrôleurs généraux des Finances (Machault d’Arnouveile, Morau de Séchelles, Peyrenc de Moras, Boullongne, Silhouette, Bertin.
    Mais enfin, le plus critique opposant n’aurait jamais imaginé une telle décadence.

  2. Rien qu’à voir le monsieur en redingote avec des médailles accrochées au revers et madame tout de Vuitton vêtue, tout ça en visite en Suède, on se dit qu’effectivement la république est royale, hélas pour nous et nos finances !!!

  3. Ouf !! Je viens de lire tous les commentaires et suis très étonnée, comment des gens qui sont de purs royalistes apparemment peuvent ils enscencer MLP ? Mystère !!

  4. En France on a quand-même le chic de s’embourber et d’avoir deux familles royales. Pour un pays qui ne jure que par la République c’est ubuesque. Notre pays risque de devenir le premier pays à soumettre son roi aux votes du peuple. Choisir entre Louis de Bourbon et Jean d’Orléans celui qui incarne la France. Pour ma part le camp orléaniste est celui qui a trahi le camp bourbonnais à la Révolution, donc si demain on devait choisir qui serait notre meilleur roi, je n’ai pas pour habitude d’apprécier la trahison…

  5. Personnellement, je vois un roi hyper-privilégié à l’Elysée. On devrait davantage informer les Français spoliés : quel est le coût de l’Elysée, l’entretien du président et de sa cour pléthorique, par contribuable français ? Quel est le coût réel, après paiement de l’impôt, de la famille royale par contribuable anglais. Bon, les Anglais ne se vantent pas à chaque occasion d’avoir fait la révolution et d’avoir aboli les privilèges …

  6. La République Française actuelle-celle de Macron est le résultat d’une mutation génétique de la Véme République issue de la constitution de 1958, alors que le pays traversait un processus de « décolonisation » depuis 1946, la constitution alors régalienne pour faits de guerre s’est transformée en monarchie absolue dans un pays qui a perdu son identité aussi bien que son économie !

  7. Pour moi, la famille d’Orleans, après avoir trahi Louis VXI à l’époque ne saurait pouvoir être mon Roi…le seul descendant en ligne directe de Louis VXI étant Louis de Bourbon Parme…le seul vrai futur Roi de France

  8. Je suis viscéralement Royaliste, je me suis réjouie dernièrement lors de la naissance de son Altesse Royale le Prince Aphonse , sixième enfant de Monseigneur le comte de Paris et de madame la Comtesse son épouse . Chez moi c’est « domine salvum fac regem » Tous les ans le 21 Janvier j’assiste à la messe de requiem à la mémoire du Roi Louis XVI. C’est la monarchie et l’église catholique qui ont construit la France, n’en déplaise aux républicains patentés, qui eux,s’entêtent à la faire disparaitre un peu plus chaque jour que Dieu fait. Vive le Roi.

  9. La France ou seulement les médias Parisiens bien pourris ? qui d’ailleurs ne représentent plus personne raison pour laquelle ils ne vivent que sous perfusion d’argent public

  10. Nos « Rois républicain » n’ont pas compris qu’ils ne pourraient jamais se substituer au Roi qui a vocation à transmettre à son successeur un pays prospère. Nos représentants n’ont que faire du peuple qu’il dirige et les exemples ne manquent pas.

  11. Ceux qui sont au pouvoir ne sont pas des rois mais nous coute beaucoup plus chers et se comportent comme tels , non pire , sans oublier tous les ex que l’on entretient toujours . Voyez ce que fait la famille royale d’Angleterre qui ne vit pas au crochet du peuple à 100% , ils ont des revenus qui leurs sont propres , des exploitations , des domaines privés …non pas des assistés à 100% .

    • Renseignez vous un peu mieux sur le coût de la monarchie anglaise par rapport à son peuple!! Auriez vous une mauvaise source de renseignement ?

      • Les sources varient avec les opinions politiques , il ne faut pas oublier le côté touristique et ce que rapporte la monarchie.. la république a conscience de ses lacunes et sa propagande a encore besoin de se justifier pour continuer à exister.

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